Christophe Véral, président de la FVPC : « Lorsque l’on travaille ensemble, les choses avancent »

23 février 2011

La Rédaction

Président de la structure ombrelle des deux syndicats viticoles cognaçais SGV et SVBC, Christophe Véral défend l’idée d’une liste unique 34/34 pour les élections à l’ADG Cognac. Alors que des échéances importantes s’annoncent, il craint que les divisions laissent des traces.

 

 

veral.jpg« Le Paysan Vigneron » – Président de la FVPC, vous êtes aussi membre du SVBC. Pourquoi vouloir faire liste commune avec le SGV ?

Christophe Véral – Ce que je souhaiterai, c’est que la viticulture charentaise soit unie et, en disant cela, je ne suis pas en train de faire un rêve de gosse. Aujourd’hui, qu’est-ce qui différencie les deux syndicats ? Pas grand-chose. Nous sommes tous pour la protection de l’appellation, pour la protection du vignoble et pour le revenu du viticulteur. C’est notre combat de tous les jours. Donc je trouve un peu bête de perdre notre temps à partir en élections, pour savoir qui va l’emporter. En tant que viticulteur, quand je siège au Bureau national, je représente le Cognac. Le reste m’importe peu. C’est pour cela que je suis partisan d’une liste qui rassemble les viticulteurs. Je sais bien que dans chacune des formations il y a des ego plus démesurés que d’autres. Il faut savoir mettre son mouchoir dans sa poche. La région a besoin d’avoir une viticulture unie, une viticulture qui tire dans le même sens.

« L.P.V. » – Pourquoi ?

C.V. – Des échéances très importantes approchent : la lutte contre la dérégulation du potentiel de production, les problèmes environnementaux, les maladies du bois… Nous avons un rendement Cognac à mettre en place, la restructuration du BNIC s’amorce sous l’impulsion de sa nouvelle directrice. Malheureusement, si nous partons en ordre dispersé aux élections, je crains qu’il n’en reste des traces. De toute façon, nous mettrons un sacré bout de temps à nous remettre au travail.

« L.P.V. » – N’est-il pas normal de se frotter aux urnes ? Des élections à l’ADG découlera aussi la représentation à l’assemblée plénière du BNIC.

C.V. – Dans le contexte actuel, je trouve ce schéma électoral un peu anachronique. Au BNIC, les deux syndicats viticoles travaillent déjà ensemble en commissions : commission du budget, commission communication, commission de la viticulture… Faut-il vraiment faire comme si cette dynamique n’existait pas ? Dans l’affaire, j’estime que nous avons plus à perdre qu’à gagner. Par ailleurs, quand il s’agit de prendre une décision, toute la famille viticole se retrouve sous l’ombrelle de la FVPC. Après les élections, il n’y aura pas de changement. Les décisions continueront toujours de se prendre aux deux tiers des voix, un mode de scrutin voulu justement pour que les deux formations s’entendent. Qu’un syndicat sorte majoritaire des urnes, de toute façon il devra dialoguer et trouver des compromis avec l’autre. C’est pourquoi, avant les élections, j’espère bien arriver à faire passer le message d’une liste unique à 34/34 plutôt que deux listes séparées ou même une liste unique mais ouverte, comme le préconise le SGV.

« L.P.V. » – Au sujet des droits de plantation, les deux syndicats viticoles se retrouvent-ils exactement sur la même longueur d’onde ?

C.V. – La position qu’a exprimé le président de l’interprofession (voir page 6) reflète la position unanime de la viticulture et du négoce. C’est celle du comité permanent du BNIC et de la Fédération des viticulteurs producteurs de Cognac (FVPC) que je préside. Nous poussons tous dans le même sens. Lors de leurs récentes visites dans la région, Jérôme Despey, président du Conseil spécialisé vin de FranceAgriMer ainsi que Pascal Bobillier-Monnot, directeur de la CNAOC, se sont dit marqués du fait qu’ici, l’économie viticole guide la réflexion sur les droits de plantation. L’interprofession de Cognac fut la première à se positionner sur le sujet. Négoce comme viticulture sont d’accord pour dire que les droits de plantation vont s’arrêter. Il faut donc se montrer imaginatifs pour trouver de nouvelles solutions. Le sujet est trop grave pour se contenter d’avoir une politique jusqu’au-boutiste. Il faut anticiper les choses et trouver un nouveau système pour, qu’à l’avenir, nous puissions encore bénéficier d’une régulation. Les interprofessions peuvent prendre la main, un quota d’exploitation peut se mettre en place. Le vignoble doit s’adapter, avant que ne tombe le coup de glaive.

« L.P.V. » – Est-ce que d’autres sujets vous interpellent ?

C.V. – J’entends dire tout et n’importe quoi au sujet de la réserve climatique. Que l’on va pouvoir s’en servir de telle ou telle façon ou encore qu’elle poserait des problèmes qualitatifs. La réserve climatique répond à un cadre duquel on ne dérogera pas. Par ailleurs, la Station viticole du BNIC mène actuellement des expérimentations sur la qualité. Le problème de la réserve climatique, c’est qu’elle est stockée sous inox et qu’il faut que les eaux-de-vie soient irréprochables au départ. Des commentaires fusent aussi sur le rendement Cognac. Pour l’instant, rien n’est décidé. Arrêtons de colporter des rumeurs, qui ne font que déstabiliser la région. Les représentants de la viticulture travaillent au sein du BNIC. Faisons confiance à ces personnes. Je voudrais aussi revenir sur l’affaire du Rémy V. Un groupe de travail a été constitué à l’interprofession. On ne peut pas laisser impunément usurper l’identité du Cognac. La viticulture a beaucoup à perdre sur un tel dossier. N’oublions pas que l’AOC Cognac appartient à la viticulture. Nous avons à la défendre.

Plus généralement, je m’aperçois d’une chose : quand la viticulture est unie, les choses avancent. La réserve climatique, la réserve de gestion étaient présumées impossible à décrocher. Et pourtant nous les avons obtenues. Notre avenir réside dans l’unité.

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