Choisir le produit le moins dangeureux possible

7 juin 2011

Il y a toujours une part d’angélisme à prôner le principe de précaution. Sans doute n’est-il pas si facile d’arbitrer entre efficacité et toxicité des produits, surtout quand les risques encourus ne sont pas quantifiables dans l’instant. L’exercice de mise en garde reste donc une litanie de poncifs… d’où surnage une part de vérité.

 

 

Les techniciens préventions le disent tous : « Le premier axe de la prévention consiste à choisir le produit le moins dangereux possible. » Mais faut-il encore que les substituts existent et qu’ils présentent des niveaux d’efficacité acceptables. Ainsi, parfois, l’exercice trouve assez vite ses limites. Ceci dit, rien n’empêche d’être vigilant, notamment vis-à-vis des produits classés CMR (cancérigènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction), les R 40, R 45, R 49 (cancérigènes), les R 46, R 68 (mutagènes), les R 60, R 61, R 62, R 63 (toxiques pour la reproduction). En viticulture, malheureusement, les produits cancérigènes ne sont pas l’exception. Quand l’impasse n’est pas possible, on évitera, à tout faire se peut, les produits classés T (toxiques) ou T + (très toxiques) qui se raréfient d’ailleurs. Toutes les informations figurent sur l’étiquette. Mieux vaut ne pas se contenter de lire la dose.

la liste verte du bnic

La Station viticole du BNIC édite régulièrement une « liste verte des produits phytosanitaires pour le vignoble destiné au Cognac » (www.cognac.fr – dernière mise en ligne en mai 2011). La dénomination « liste verte » ne doit pas prêter à confusion. Cela ne veut pas dire qu’il s’agisse de produits inoffensifs pour l’applicateur. Non, la liste ne cible que le consommateur. Elle assure que les quelque 200 produits référencés, dans les différentes familles (fongicides, insecticides, acaricides) ne présentent aucun risque de résidus ou de faux goûts pour celui qui consommera le Cognac. « C’est déjà un sacré boulot » souligne Gérald Ferrari, responsable de l’expérimentation viticole et œnologique à la Station viticole du BNIC. « Et puis, dit-il, les produits homologués ont déjà passé le test des études toxicologiques. » Cependant, l’ingénieur ne le nie pas : l’aspect « protection de l’applicateur » interpelle l’organe technique du BNIC. « Des réflexions existent mais elles n’ont pas encore abouti. »

Si la tendance actuelle va à l’homologation de produits plus respectueux de l’environnement et de l’homme, l’agrandissement des exploitations se traduit par une exposition plus grande, en terme de fréquence et de durée. D’où la nécessité de ne pas lever la garde.

Bernard Georgeon, entrepreneur de travaux viticoles : « Des salariés de plus en plus conscients des risques »

Sécurité et responsabilité vis-à-vis du personnel se conjuguent au présent chez Bernard Georgeon. L’entreprise de travaux viticoles emploie six salariés. Pour ses clients, elle assure la couverture phytosanitaire d’environ 150 ha de vignes.

georgeon.jpg« Le Paysan Vigneron » – Comment abordez-vous la question de la protection de vos salariés ?

Bernard Georgeon – J’essaie de répondre au mieux à la réglementation. Au niveau des traitements phytosanitaires, ça se décline par une série de mesures. L’entreprise dispose par exemple d’un local sanitaire équipé de vestiaires (avec une armoire pour les vêtements phyto), de douches et d’une salle pouvant servir de réfectoire, avec un coin kitchenette. Cet investissement a été réalisé il y a sept ans, quand je suis rentré dans la qualification Agriculture raisonnée. A l’époque, j’ai bénéficié du premier CTE pour la mise aux normes.

« L.P.V. » – Et en terme d’équipement individuel de protection ?

B.G. – Les salariés manipulant les produits phytosanitaires disposent bien sûr de bottes, combinaisons, gants, masques. Les cabines climatisées des tracteurs sont équipées de filtres à charbon actif, changées tous les ans. Sur la machine à vendanger, qui réalise aussi quelques traitements, le taux de rotation est un peu plus long car la pollution est moindre, compte tenu de la hauteur. Sur les tracteurs, les cartouches restent à demeure durant la campagne de traitement car les engins ne font que ça.

« L.P.V. » – Est-ce que les salariés sont conscients des risques et consentent à se protéger ?

B.G. – Je les vois très motivés pour se protéger. Je dirais même de plus en plus. Quand les jets sont bouchés, ils prennent des gants. C’est devenu un réflexe que de manipuler les produits avec des gants. La seule réserve, c’est la douche. C’est un peu difficile de les amener à se doucher. Ils ne voient pas trop l’intérêt, d’autant qu’ils travaillent avec du bon matériel. Mais c’est une protection supplémentaire. Je vais refaire une information sur le sujet.

« L.P.V. » – En ce qui concerne la préparation de la bouillie, comment cela se passe-t-il ?

B.G. – Chaque client a sa fiche de traitement. Sur la palette, je prépare la quantité de produit. Sur la fiche, apparaît la dose ha, la quantité d’eau à utiliser, la quantité de produit à diluer. A partir de ces informations, le salarié prépare la bouillie. Les produits sont préparés à hauteur d’homme, grâce à un vieux tank à lait recyclé, équipé d’une pompe, d’un jeu de vannes et d’une télécommande, pour remplir le pulvérisateur sans débordement. L’eau provient d’une cuve tampon, elle-même alimentée par une réserve d’eau de pluie, stockée dans une cuve inox.

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