Charentes Alliance construit son avenir

3 mars 2011

La coopérative Charentes Alliance vient de vivre un premier exercice conforme à ses objectifs et la fusion entre la CACC et Syntéane est donc « une affaire » réussie. L’une des raisons principales de ce succès réside dans la démarche de concertation au cours de la construction du projet. Pendant plusieurs années, les hommes ont appris à travailler ensemble et progressivement les deux conseils d’administration, les agriculteurs et les salariés ont fait de cette idée leur projet. Malgré un contexte de crise économique, Charentes Alliance a franchi une étape clé de sa construction, ce qui confirme la solidité de ses structures. Les résultats économiques et financiers encourageants de l’exercice 2009-2010 viennent conforter la montée en puissance de ce nouveau pôle coopératif qui affiche ses ambitions avec la présentation de son projet d’entreprise.

 

 

grenot.jpgLa toute jeune coopérative Charentes Alliance a tenu au mois de décembre sa première assemblée générale à l’issue d’un exercice 2009-2010 impactée par une mauvaise conjoncture du marché des céréales et des oléagineux. L’entreprise, dont le siège est installé à Cognac, est désormais un acteur de poids dans l’univers de la distribution des approvisionnements et de la collecte des céréales. Fruit de la fusion de Syntéane en Charente-Maritime et de la CACC en Charente, l’activité de l’entreprise s’effectue sur un vaste territoire allant de l’Aunis aux confins du Périgord, en englobant toute la zone viticole de l’aire de production du Cognac. Les métiers de Charentes Alliance reposent sur trois grands secteurs d’activités agricoles : l’élevage, les céréales et les oléagineux, et la vigne, avec un certain nombre de filiales assurant la transformation et la commercialisation de certaines productions. A côté de cette branche purement agricole, une autre filiale gère un réseau de plusieurs magasins libres-services Gamm Vert répartis dans les deux départements.

Un poids lourd de la filière dans le Poitou-Charentes

Le groupe Charentes Alliance est devenu « un poids lourd » de la filière dans la région Poitou-Charentes avec plus de 500 salariés et un chiffre d’affaires de 270 ME. 95 % de l’activité de la coopérative sont réalisés avec 4 000 agriculteurs, avec à la fois une forte implication dans le secteur céréalier et au niveau de la viticulture. La collecte de céréales varie entre 720 000 et 820 000 tonnes selon les années (en fonction des rendements) et 1 000 adhérents représentent 50 % des apports de céréales. La récolte 2009 a été bonne avec plus de 810 000 t mais celle de 2010 sera plus modeste avec seulement 720 000 t, un niveau assez proche de celles de 2006 et 2007. Les productions de céréales contractuelles dépassent 30 % et la volonté de l’entreprise est d’augmenter ce type d’engagement afin de pouvoir aborder la commercialisation dans de meilleures conditions. Une équipe de plusieurs personnes assure la commercialisation des céréales qui est devenue « un art » difficile compte tenu de la forte volatilité des prix. L’importance des enjeux financiers a rendu nécessaire la mise en place de structures plus professionnelles pour suivre quotidiennement l’évolution des marchés. Les approvisionnements pèsent lourds dans le fonctionnement de l’entreprise en raison de la forte implication dans le vignoble de Cognac. Les appros vignes représentent à eux seuls 50 % du chiffre d’affaires de cette activité. La forte concentration des fournisseurs de produits phytosanitaires et d’engrais rend également les approches d’achats complexes et pour profiter des opportunités, il convient d’avoir une dimension économique suffisante et des infrastructures de stockage (notamment pour stocker les engrais). Les agrofournitures sont achetées en partenariat avec plusieurs autres coopératives du Poitou-Charentes dans le cadre de l’union 3A. La stratégie de commercialisation choisie par la coopérative repose aussi sur la mise à disposition des adhérents d’outils d’aide à la décision pour optimiser les apports de fumure et les couvertures phytosanitaires. Un service technique constitué d’agronomes et de spécialistes de la protection des cultures est chargé de réaliser des expérimentations et de mettre en place des réseaux d’observations des différentes cultures sur tout le territoire. La finalité de ce travail est de fournir aux équipes de terrain des préconisations adaptées à chaque bassin de production. De nouvelles pistes de réflexions sont à l’étude pour proposer des prestations de conseils et de nouvelles prestations de services liées aux évolutions environnementales. Un nouveau secteur d’activité conseils et prestations de services pourrait d’ici quelques années être proposé aux adhérents. La volonté du conseil d’administration est de miser sur le développement d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement et donc moins consommatrice d’intrants. Même si Charentes Alliance est une toute jeune coopérative, elle a su faire preuve de maturité au niveau de son organisation. Cette réalité a surpris quelques observateurs régionaux qui doutaient de la faisabilité d’un tel projet.

Gouverner c’est anticiper est la raison d’être de Charentes Alliance

Voir deux coopératives fusionner alors que leurs situations financières respectives sont très saines est quelque chose de rare dans l’univers coopératif. Les deux conseils d’administration en ont parlé sans réellement y songer au début des années 2000 et puis l’idée a fait son chemin grâce au départ à quelques actions communes (d’achats d’approvisionnement, de commercialisation des céréales). Les administrateurs et les équipes de l’encadrement se sont progressivement parlés, appréciés et ont appris à travailler ensemble de façon ponctuelle. Aller plus loin pour construire une structure coopérative unique sur deux départements était-il réaliste et porteur d’avenir ? Lors de la présentation des résultats du premier exercice de la coopérative Charentes Alliance, la réponse de Bruno Foucher, le président, est sans équivoque : « Gouverner, c’est anticiper et notre secteur d’activité a déjà connu de profondes mutations qui vont s’amplifier dans les décennies à venir. Notre coopérative et les adhérents ne doivent pas subir les conséquences d’un contexte agricole qui devient de plus en plus fluctuant. Des marges en diminution sur la commercialisation des phytos, des écarts de prix des céréales de 100 E/t au cours d’une campagne, des séquences de flambée et de chute des cours des engrais imprévisibles, un contexte climatique en évolution, un encadrement de plus en plus restrictif de l’irrigation, les conséquences proches d’Ecophyto, un contexte général de réduction d’utilisation des intrants… vont encore modifier fondamentalement le fonctionnement des coopératives. Il va falloir adapter les conseils et les offres de services proposées aux agriculteurs. C’est pour cela que nos entreprises doivent acquérir une dimension économique suffisante pour avoir les moyens de réfléchir et de construire des démarches adaptées à cet environnement de marché instable. La fusion de nos deux coopératives avait été bien anticipée au niveau des équipes et heureusement car c’était un projet ambitieux que nous sommes en passe de réussir. Le bon déroulement de l’exercice 2009-2010 atteste de l’aboutissement de ce grand projet. Malgré un contexte de baisse des prix très important des céréales, le groupe Charentes Alliance dégage un résultat net de 5,6 ME. Au niveau des hommes, la fusion s’est déroulée sans aucune conséquence au niveau des effectifs et l’organisation mise en place a donné satisfaction. »

Une bonne performance économique obtenue dans un contexte difficile

La toute jeune coopérative Charentes Alliance a vécu un exercice 2009-2010 conforme à ses objectifs et Thierry Lafaye, le directeur, ne cachait pas sa satisfaction lors de la présentation des résultats car le contexte économique n’a pas été facile. Le fort recul des prix des céréales a eu une incidence sur les revenus et la trésorerie des exploitations agricoles, et l’activité de la coopérative s’en est ressentie. Le résultat net de l’entreprise s’élève à 1,9 % du chiffre d’affaires après la distribution de 11,7 ME de compléments de prix, de primes qualitatives et d’intéressement et de participation au personnel (de 0,6 ME). La coopérative a décidé lors de l’assemblée générale de conserver plus de 3 ME et les capitaux propres atteignent le niveau de 80 ME. T. Lafaye estime que la performance est assez remarquable car les fruits de la rationalisation de l’organisation se feront pleinement sentir lors du prochain exercice. Les productions végétales ont profité d’une hausse de la récolte 2009 liée à de bons rendements en orge, en tournesol et en maïs. Par contre la commercialisation des céréales et des oléagineux s’est déroulée dans un contexte baissier toute l’année. Cela a pesé sur le chiffre d’affaires des productions végétales qui a diminué de 29 ME pour atteindre 134 ME. Au niveau des agrofournitures, l’exercice a été marqué par la baisse du prix des engrais et une pression de parasitisme faible, ce qui a limité les utilisations d’intrants. La baisse d’activité au niveau des agrofournitures est supérieure à 20 %. L’activité viticole a progressé de 3 % (8,3 ME) en raison du développement des ventes de vins de pays et de vins de table. Les ratios financiers de Charentes Alliance sont bons avec notamment un fonds de roulement de 24 %, un endettement total de 36,2 %, une indépendance financière de 80 % et une valeur des stocks en recul de 4 ME (malgré la reconstitution de stock d’eaux-de-vie pour 1,3 ME).

Un projet d’entreprise fondé sur la proximité avec les adhérents et l’environnement

L’exercice de l’an 1 de Charentes Alliance a été riche en évolutions pour la coopérative, son personnel et ses adhérents. De nombreux chantiers ont été ouverts dont une partie a concerné des démarches d’ajustement de l’organisation interne, suite à la fusion. L’harmonisation sociale de l’ensemble du personnel de la coopérative et des filiales, le redéploiement de terrain sur l’ensemble du territoire ont été deux dossiers importants pour à la fois préserver la cohésion des équipes et leur implication auprès des adhérents. Un nouveau système d’information interne unique a été développé et depuis fin décembre le site extranet permet aux adhérents de pouvoir accéder en ligne (avec un code d’accès personnel) à toutes les informations de services (techniques, marchés et réglementaires) et aux données propres de chaque exploitation (les comptes, les factures, les ventes…). Le conseil d’administration et l’équipe dirigeante ont aussi décidé de mettre en place un projet d’entreprise qui définit la stratégie de développement de la coopérative pour les prochaines années. Ce travail a débouché sur la définition de trois priorités : l’amélioration de la compétitivité, un accroissement des parts de marché et un retour économique optimisé au profit des adhérents. Plus concrètement, la coopérative va continuer de rationaliser son fonctionnement au niveau de la distribution des approvisionnements et de la collecte des céréales qui s’effectue actuellement sur 120 sites. La coopérative dispose de 70 sites d’approvisionnement et de collecte auxquels viennent s’ajouter 50 points de collecte saisonniers. L’activité sera recentrée sur un nombre moins important d’entités pilotes dotées d’infrastructures performantes (aux normes), mais leur localisation sera parfaitement répartie dans le territoire afin de ne pas pénaliser les démarches de service auprès des adhérents. Les livraisons directes des intrants à la ferme vont continuer à se développer et de nombreuses initiatives seront prises avec les équipes de terrain pour renforcer la proximité avec les adhérents. Le renforcement du dialogue avec les adhérents reste une priorité qui est relayée par les équipes de terrain. Cela repose en grande partie sur le travail quotidien des 35 technico-commerciaux dont l’une des missions est d’être à l’écoute des attentes agriculteurs. La stratégie commerciale évoluera également en tenant compte des attentes environnementales qui vont induire de profonds changements dans les approches de conseils. La mise en œuvre d’actions plus ciblées auprès par exemple des jeunes agriculteurs et des propriétés de surfaces importantes va devenir plus systématique. Tout cela va induire une évolution incontournable de la gestion des approvisionnements dans les années à venir. Les débats actuels autour de l’irrigation en Charente et Charente-Maritime préoccupent beaucoup les responsables de Charentes Alliance car la collecte de maïs est importante. B. Foucher considère qu’il faut sauver l’irrigation qui est la raison d’être de beaucoup de propriétés céréalières. La coopérative soutient fortement les démarches de la FRCA pour favoriser les études d’implantation des réserves d’eau dans le Poitou-Charentes.

De bonnes perspectives au niveau de l’activité viticole

L’activité viticole a bénéficié de l’excellent contexte du millésime 2009 qui a permis d’élaborer des qualités de vins, pineaux et eaux-de-vie très intéressantes. Les vendangeoirs de Saint-Sulpice-de-Royan, d’Archiac et de Siecq permettent de traiter la production de 1 286 ha de vignes. L’engagement historique de la coopérative dans des démarches de diversification a permis d’élaborer 44 000 hl de vins de cépages et 8 400 hl de pineau des Charentes. Les aménagements technologiques importants réalisés au niveau des infrastructures de vinification permettent d’élaborer une large gamme de vins blanc, rosé et rouge dont une grande partie est commercialisée en bouteilles. Les rendements plus élevés des Ugni blancs ont permis de distiller l’équivalent de 40 000 hl d’AP afin de reconstituer un stock nécessaire à la demande croissante de vieilles qualités. La commercialisation de l’ensemble des productions est assurée par Unicognac dont l’exercice 2009-2010 a été marqué par l’impact de la crise financière (une baisse du chiffre d’affaires de 7,5 %). Les ventes de Cognac ont baissé sur le principal marché d’exportation aux Etats-Unis qui représente un débouché important. Néanmoins, le redémarrage de l’activité à partir du deuxième trimestre 2010 s’est poursuivi régulièrement grâce à un rebond du marché américain et au développement des ventes en Chine. Actuellement, plus de 85 % des ventes totales de Cognac s’effectuent à l’exportation. Le pineau des Charentes a vu aussi ses ventes baisser mais dans des proportions moindres à celles du Cognac. Unicognac est un acteur important car l’ensemble du débouché pineau représente 10 % de parts de marché au plan régional. Les ventes de vins de pays proches de 40 000 hl ont connu un net développement au cours de cet exercice. La France et tout particulièrement la région Poitou-Charentes constituent un débouché majeur pour les vins de pays. Les perspectives commerciales sur l’exercice 2010-2011 sont pour l’instant bonnes en raison du développement des ventes de Cognac à l’exportation.

Le Pop-corn « se porte bien »

La production de maïs pop-corn est une filière de production désormais pérennisée. Au cours de l’année 2009, les 200 producteurs avaient mis en culture 2 500 ha et les rendements ont été proches de 6 t/ha. L’avantage de cette production est qu’elle nécessite moins de besoins en eau qu’un maïs traditionnel. Depuis son origine, l’activité a été développée dans l’objectif de capter de la plus-value en investissant dans une unité de production de pop-corn à Saint-Genis-de-Saintonge. Sphère Production a connu au cours de l’exercice 2009-2010 une nette amélioration de sa rentabilité en faisant preuve de réactivité face aux demandes des marchés. Positionnée sur une niche commerciale, l’entreprise, qui travaille uniquement avec des variétés de maïs non-OGM, a deux activités distinctes : la commercialisation de maïs prêt à poper et la production de pop-corn sucrés et salés. Ce dernier secteur représente 20 à 25 % des volumes mais génère une plus-value importante. Les principaux débouchés sont la grande distribution et les grossistes en confiserie en France (qui alimentent les cinémas). Le débouché de maïs prêt à poper concerne exclusivement l’exportation en Europe où la concurrence des productions américaines est vive. La mise en œuvre d’une politique de conquête de marché reposant sur une démarche d’assurance qualité et de traçabilité des productions porte ses fruits et Sphère Production dégage des marges bénéficiaires. Au niveau des producteurs, les marges dégagées par le maïs pop-corn ont été en moyenne de 250 E HT/ha au cours des dix dernières années.

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