Certification environnementale, entre image et réalités

27 novembre 2019

L’interprofession du Cognac poursuit sa mue

 

Tous les services du territoire s’investissent sur le sujet très actuel de l’environnement. Les Chambres d’agriculture de Charente et Charente-Maritime, la région Nouvelle-Aquitaine, le BNIC, ont, de manière complémentaire, mis en place des certifications, des politiques et autres pratiques autour des pratiques agricoles. Alors que la pression sociétale, pour partie déconnectée du monde producteur rural, s’intensifie parfois à l’international, les enracinés se trouvent entre la nécessité de vivre décemment de leurs métiers tout en gardant leur intégrité physique et celles de leurs voisins et consommateurs.

L’activité humaine est par essence polluante, ou, a minima, structurante de son environnement – comme peuvent l’être la construction du nid pour les oiseaux, les terriers pour nombre d’autres animaux, ou les barrages, digues et huttes des castors.

Le désamour du monde rural et agricole vient également d’une déconnexion d’une partie de la population et des élites de cette large partie du territoire. Jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, 50% de la population française vivait dans les campagnes ; chaque famille tissait un lien plus ou moins fort, plus ou moins réel, plus ou moins empreint de connaissances. Tombés à 2% de l’activité professionnel, les agriculteurs sont désormais plus isolés, incompris voire raillés par un pan de leurs contemporains.

 

Lors d’un entretien CNews 29 avril 2019 dernier1, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume déclara son trouble quant aux méfaits subis par certains agriculteurs, qu’ils soient verbaux (« agriculteur-pollueur »), matériels voire physiques.

 

« Ça m’inquiète vraiment beaucoup. Pour la réconciliation urbain-rural, nous ne pouvons continuer comme cela. Des gens viennent habiter en zone rurale où il y a des agriculteurs qui traitent. En bio, il y a aussi des traitements, avec des produits différents.

Dans le département de la Drôme a été installé (vendredi 27 avril 2019) un observatoire contre l’agribashing. (N.D.L.R. : « Agribashing », « acharnement, dénigrement, actes ou agressions anti-agricoles », par le verbe ou par l’acte.) Il faut vraiment bien s’expliquer. Nous mettons en place des chartes de zone de non traitement, ZNT, au bord d‘un ehpad, d’une maison de retraite, d’une école, etc., sur place, avec le maire, les agriculteurs, les associations, des chartes pour ne pas traiter. Déjà en cas de vent (fort), il est interdit de traiter. Il y a des mesures qui sont prises. La transition agro-écologique est irréversible. »

 

DÉCIDEURS ET APPLICATEURS

 

Ainsi, les départements des deux Charentes, la région Nouvelle-Aquitaine, le BNIC travaillent ensemble à l’élaboration de certifications et conseils pour les agriculteurs et viticulteurs du territoire. Même les grandes maisons, dont l’image est primordiale, investissent dans cette voie, et y poussent leurs collaborateurs et livreurs de vin et d’eaux-de-vie, par des formations, des aides économiques, primes à l’achat et remises de diplômes lors des assemblées générales des différentes Sica.

Lors de l’assemblée générale de la Sica Bagnolet, affilié à Hennessy, le 24 avril dernier, le PDG Bernard Peillon (bientôt remplacé « avant l’été 2020 » par Laurent Boillot) déclara que sa marque travaillait avec attention sur l’ « alternative à l’énergie fossile, l’emprunte carbone, qualité de l’eau, qualité de l’air, santé des hommes et des femmes directement liés dans notre bassin géographique et de nos consommateurs. Hennessy fut en 1998la première société au monde ISO 14001 dans le monde des vins et spiritueux. Nous nous engageons, dans les trois ans qui viennent, à ne plus utiliser d’herbicides dans nos vignobles. Idéalement, dans les 10 années, ce sera l’ensemble du bassin de nos partenaires qui doit respecter ce genre d’initiative. Nous faisons partie des grands plaisirs de la planète mais nous ne sommes pas indispensables. »

Les grandes maisons et l’interprofession ont pris l’habitude, depuis quelques années, de récompenser par des prix honorifiques, des aides financières aux mises aux normes (diagnostic, recyclage des vinasses, création d’« équipes dédiées à la viticulture durable », etc.) voire de légères hausses de prix sur les achats d’eaux-de-vie en cas de certification avérée.

Jean-Bernard de Larquier, président de la Sica Cognac (associée à Marnier-Lapostolle) avait pointé, lors de l’assemblée générale le 22 février dernier, l’importance de l’ « auto-diagnostic avec les Chambres d’agroculture. Dans un délai de 5 ans. 95% des sociétaires ont suivi cette formation et sont entrés dans la démarche. La sensibilité du développement durable est une formidable dynamique qui se met en place allant jusqu’à la certification HVE. »

Ainsi que de nombreux vignerons sont en vitiviniculture biologique, voire biodynamique pour certaines, sans certification administrative et commerciale, nombre de domaines font œuvre d’un même bon sens quant au rapport à leur environnement.

 

« DONNER LES MOYENS AUX AGRICULTEURS »

 

Comme l’expliquait un viticulteur de Charente-Maritime, « les agriculteurs sont les premiers exposés aux produits qu’ils utilisent. » Dans les Fins Bois, un autre remarquait qu’avec « les hectares supplémentaires tous les ans, avec des contraintes environnementales (annonces des grandes maisons), même 12,5 hlAP/ha seront difficiles à obtenir, donc à combien d’hectares sera-t-on obligé de planter ? À l’avenir, nous travaillerons plus pour gagner autant voire moins. Si nous demandons à tout le monde de moins traiter, moins désherber, pour gagner autant, tout le monde est content. Nous sommes les premiers à prendre les produits. Mais il faut donner les moyens aux viticulteurs. »

Ainsi, les exploitations seront sujettes à de nouveaux investissements, difficiles rentables ceux-là, à moins d’une revalorisation des achats des jus et différentes eau-de-vie (jeunes comme rassises) – ce qui ne semble pas le cas pour les prochains mois. Les millésimes difficiles se succédant, l’équation s’avère difficile pour nombre de sociétaires, petits comme gros, surtout si cela se traduit par de l’endettement supplémentaire et, pour certaines, une absence de distillation, synonyme de davantage de valeur ajoutée à leurs produits.

Tous ne pourront supporter un virage aussi serré, et la tendance de baisse du nombre d’exploitations et l’agrandissement d’autres (moins d’artisanat et plus de micro-industrie) risque de s’accroître encore, ainsi va la standardisation des produits et la crainte, répétée ici et là, pour plusieurs maisons de campagne de disparaître dans une lente agonie silencieuse.

Lors du même entretien sur CNews, le ministre de l’agriculture déclara que lui et ses équipes « essayons d’accélérer, mais si nous supprimons demain tous les produits phytopharmaceutiques, tout un pan de l’agriculture s’arrêtera, des milliers de chômeurs. Nous pouvons aller plus vite mais nous ne pouvons l’interdire du jour au lendemain, car nous mettrons à mal notre agriculture et, surtout, nous mangerions des produits importés traités à base de glyphosate, de diméthoate [N.D.LR. : Produit phytosanitaire interdit en France depuis 20162] ou de produits phytosanitaires. Notre problème est là. Nous devons faire muter notre système agricole mais arriver à faire en sorte que parallèlement nous ne mangions pas des aliments traités avec des produits nocifs. »

 

 

1. https://www.youtube.com/watch?v=6H4lwLFRI_4

2. https://www.ouest-france.fr/environnement/la-justice-confirme-l-interdiction-du-dimethoate-insecticide-controverse-5538377

 

Les différents contacts

Chambre Agriculture Charente

– Laurent Duquesne, certification Cognac, 05.45.36.34.03 ; laurent.duquesne@charente.chambagri.fr

– Jacques-Yves Guerlesquin, autres cultures, 05.45.24.49.16,

jacques-yves.guerlesquin@charente.chambagri.fr

 

Chambre Agriculture Charente-Maritime

Thibault Granger, 05.46.50.45.00, thibault.granger@charente-maritime.chambagri.fr ;

 

Chambre Agriculture Nouvelle-Aquitaine, AREA

Laure Larrieu, 05.57.85.40.48, laure.larrieu@na.chambagri.fr

 

BNIC

Service Viticulture durable, Angélique Quéraud, animatrice de la certification environnementale Cognac & HVE 05.45.35.60.90, vitidurable@bnic.fr

 

 

Réunions d’information Certification Environnementale Cognac du BNIC

 

Les Chambres d’Agriculture des deux Charentes, en partenariat avec le BNIC, organisent des réunions d’information sur la Certification Environnementale Cognac, CEC. Les viticulteurs pourront situer leur exploitation vis-à-vis de la démarche et identifier les actions à mettre en place.

Les réunions d’information sont prévues du lundi 21 octobre au Jeudi 31 octobre 2019 :

21 octobre 14h30 à Angoulême  Chambre d’agriculture

22 octobre 10h00 à Sonneville  Salle des fêtes

22 octobre 14h30 à HIersac  Salle socio-culturelle

23 octobre 10h00 à Bellevigne Salle des fêtes Malaville

23 octobre 14h30 14h30 Châteaubernard Salle des fêtes Pierrières

24 octobre 10h00 à Segonzac Salle des distilleries

24 octobre 14h30 à Barbezieux Salle des Spectacles

29 octobre 9h30 à Jonzac Chambre d’agriculture

31 octobre 9h30 à Saintes  Chambre d’agriculture

31 octobre 14h00 à Saint-Jean-d’Angély Chambre d’agriculture

 

Contact : 05 45 24 49 50

Inscription possible : productions@charente-maritime.chambagri.fr

 

Dates de formations par le BNIC

Charente :

Mercredi 6 novembre à Bourg-Charente (Château Marnier-Lapostolle)

Jeudi 7 novembre à Segonzac (Chambre d’Agriculture)

Vendredi 8 novembre à Cognac (Maison Hennessy)

Vendredi 15 novembre à Cognac (Maison Hennessy)

Vendredi 6 décembre à Cognac (Maison Hennessy)

Vendredi 13 décembre à Cognac (Maison Hennessy)

Inscrivez-vous en ligne auprès de Carole Pouly-Gauthier 

carole.gauthier@charente.chambagri.fr ou au 05 45 24 49 50

 

Charente-Maritime :

Jeudi 14 novembre à Saintes (Chambre d’Agriculture)

Mercredi 18 décembre à Jonzac (Chambre d’Agriculture)

Inscrivez-vous en ligne auprès d’Anne-Sophie Mimault

anne-sophie.mimault@charente-maritime.chambagri.fr ou 05 46 94 89 61

 

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