Béton cellulaire : l’artisan et le matériau

26 juillet 2010

Le béton cellulaire – siporex de son nom commercial – requiert une mise en œuvre minutieuse, par des artisans formés au matériau. Sinon, il s’agit d’un excellent isolant thermique, connu depuis longtemps pour ses qualités de résistance au feu.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le béton cellulaire n’est pas né de la dernière pluie. Sa naissance remonte à l’orée du 20e siècle, au début des années 1900. Il s’agit d’un matériau composite, issu d’un mélange de sable, de ciment, de chaux, avec un poil de poudre d’aluminium et de gypse (moins de 1 % chacun). Il pèse trois fois moins que le traditionnel parpaing et se travaille, aux dires de ceux qui l’emploient, « comme du sucre ». En Charente, Jean-Jacques Dumas, de Linars, près d’Angoulême, fait partie de ses artisans maçons qui ont acquis un savoir-faire en matière de béton cellulaire. Son entreprise, par ailleurs investie dans la construction de maisons neuves classiques et dans les chantiers de rénovation, a spécialisé une équipe d’ouvriers dans le travail du béton cellulaire. Le béton cellulaire, elle l’employait déjà depuis plusieurs années mais plutôt pour des distilleries et des chais de vieillissement ou pour équiper le dos des cheminées ; mais pas pour les maisons. C’est Eric Nebout et sa conception d’une maison passive qui ont vraiment révélé à l’entreprise de maçonnerie les vertus isolantes du béton cellulaire. Dans le carnet de commande de J.-J. Dumas, figurent deux ou trois projets de maisons passives et quelques maisons BBC (bâtiment basse consommation).

Le siporex (ou béton cellulaire) se présente plutôt sous de grands formats (50 cm de haut, 62 cm de large), avec des épaisseurs variant de 5 à 30 cm. Dans un chai, on retiendra une épaisseur de 20 cm alors qu’une maison passive exigera le maximum d’épaisseur, soit 30 cm. Il s’agit d’un matériau facile à travailler. On utilise une scie manuelle à lame ou à dents ou une tronçonneuse thermique. Le matériau, très fragile, réclame un luxe de précautions en terme de stockage et de palettisation. Surtout, il exige qu’une grande attention soit portée aux armatures. Car, si le béton cellulaire est tout à fait porteur – il peut supporter un plancher ourdi, une charpente – il oblige quand même à rapprocher les armatures : poteaux raidisseurs, ceintures. D’ailleurs, dans leurs stages de formation, c’est sur ce point précis que les fournisseurs insistent le plus.

Pour lier les panneaux entre eux, on ne se sert pas de ciment mais d’une colle spéciale, fournie en même temps que les panneaux. En matière d’isolation, le béton cellulaire seul peut suffire, surtout lorsqu’il est de bonne épaisseur (30 cm). Mais ce qui est vrai pour une maison « normale » ou même BBC ne l’est pas pour une maison passive, conçue comme un véritable « cocon ». Dans ce cas-là, la double peau sera indispensable. L’isolation se fera par l’extérieur. En règle générale, on utilisera du Multipores, un matériau appartenant lui aussi à la famille du béton cellulaire et donc parfaitement « immuno-compatible » avec le siporex mais plus léger et moins épais (12 cm). Cette « double peau » sera collée à la paroi de béton cellulaire à l’aide d’une colle spéciale, différente de celle servant aux jointoiements.

Par rapport à d’autres constructions, la maison passive exige un travail très précis au niveau de l’étanchéité. Inutile de dire que les jointoiements devront être parfaits. « Nos compagnons réalisent un travail très minutieux » confirme Jean-Jacques Dumas. Ils sont également plus tributaires du temps. Le béton cellulaire n’apprécie pas les petites gelées ni la pluie, qui rend difficile le délayage et la pose de la colle.

Avec sa femme Sylvie, orientée vers la plomberie, chauffage, sanitaire, l’artisan de Linars emploie 16 salariés. Il intervient sur tout le territoire de la Charente, en mordant même un peu sur les autres départements. Le chef d’entreprise a bien compris l’intérêt de diversifier les savoir-faire. Il note une demande croissante pour des maisons bien isolées, économes en énergie. « Ce sont moins de calories dépensées l’hiver et des maisons plus fraîches l’été. » Ceci dit, la « butée » reste le prix. Entre un parpaing classique et le béton cellulaire, l’écart de tarif doit approcher les 300 %. Au final, une maison peut revenir jusqu’à deux fois plus cher. Un investissement qui s’amortit sans doute mais qui n’est pas à la portée de tous.

Bâtiment Basse Consommation (BBC) Un Habitat Frugal
Le label BBC (bâtiment basse consommation) effinergie répond à des normes précises. Sous certaines conditions, il peut être aidé.
Pour répondre aux critères du label BBC (bâtiment basse consommation) effinergie, la maison ne doit consommer pas plus de 50 kWh/m2/an. Une maison « normale » consomme plus près de 90-100 kWh/m2/an et une maison non isolée atteindra allégrement les 250-300 kWh/m2/an. Pourquoi viser le label BBC ? D’abord et avant tout par conviction personnelle. Une frange de population, encore minoritaire mais qui grossit, fait de son habitat le principal témoignage de son engagement en faveur de la planète. Par sens de l’économie ensuite. Réduire sa facture de chauffage peut fait partie des motivations. Surtout que l’on ne maîtrise pas le prix d’une matière fossile comme le pétrole, base ou référence d’à peu près toutes les sources d’énergie. Se libérer partiellement ou totalement d’une matière « finie » peut donc constituer une stratégie. Loin derrière sans doute, viennent les raisons « d’opportunité », aides, déductions fiscales. Surtout qu’elles ne sont ni légion ni vraiment conséquentes. Aux 500 premiers logements neufs BBC, la région Poitou-Charentes consent une aide forfaitaire de 8 000 € mais, est-il précisé, « au profit de ménages aux revenus modestes ». Les 2 000 autres logements BBC aidés le seront dans le cadre collectif de logements sociaux. En rappel de ses motivations, la Région précise que ces soutiens financiers « permettent d’anticiper sur l’échéance nationale de janvier 2013 où tous les logements neufs devront consommer moins de 50 kWh/m2. » Le label BBC permet également de bénéficier de crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt et d’une éventuelle exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties, totale ou partielle. Mais encore faut-il que les collectivités locales aient voté cette exonération.
un faisceau d’éléments
Une maison BBC ne se décrète pas. Ce n’est pas non plus une création maraboutique. Elle se nourrit d’un faisceau d’éléments, tous plus concrets les uns que les autres : conception architecturale (choisir un bâtiment plutôt compact ; bien penser les espaces intérieurs), orientation (plein sud ça va de soi), baies vitrées (obligatoires côté sud), isolation (parfaite), ventilation (efficace), énergie solaire (souhaitable), tout en n’oubliant pas la maintenance. Ce sont ces pièces du puzzle qui, mises bout à bout, déboucheront sur une maison BBC. Quel lien existe entre le label BBC effinergie et le label maison passive ? Les deux peuvent se recouper mais pas forcément. Pour répondre aux critères de la maison passive, il ne faut pas consommer plus de 15 kWh/m2/an. Mais cette performance ne vise que le chauffage. La maison BBC a un niveau d’exigence moindre (50 kWh/m2/an). Cependant, ce niveau de consommation embrasse tous les usages ou presque (chauffage, eau chaude sanitaire, auxiliaire de ventilation et de chauffage, éclairage, climatisation).
Sources : Centre régional des énergies renouvelables – www.crer.info.fr
Réussir un projet de bâtiment basse consommation effinergie – Guide d’utilisation à destination des professionnels des bâtiments.

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