Blues passion : ascenseur pour le cosmos

5 août 2009

La Rédaction

Le blues fait partie de ces musiques qui vous collent un frisson dans le dos. Et quand le ciel est étoilé et belle la soirée, alors vous partez en lévitation. Une expérience à tenter, à Cognac, du 21 au 26 juillet. Cognac Blues Passions y vivra sa 16e édition.

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Une empreinte de pied dans laquelle se dessine la carte du ciel… une belle idée pour incarner ce festival qui grandit mais qui ne veut surtout pas devenir pesant. Les pieds sur terre et la tête dans les nuages, le mix idéal, celui qui vous ouvre le champ des possibles. Une chimère à laquelle Michel Rolland, le directeur du festival, a décidé de ne pas renoncer. Et on lui en sait gré. Année après année, le festival tente, modifie, expérimente, renonce, rebondit. Comme un couturier qui crée sa robe sur le mannequin cabine, avec trois épingles, une craie et une paire de ciseau. Au final, cela donne un événement ajusté, toujours différent, toujours personnel, toujours créatif. Cette année, exit la grande scène gratuite du centre-ville, place François 1er. Tenté l’an dernier, l’essai n’a pas vraiment tenu ses promesses. Sans doute le costume était-il trop raide et corseté. Il manquait de fantaisie. Pour sa 16e édition, le festival souhaite créer un road moovie musical dans la cité des eaux-de-vie, avec des bars en bleu comme autant de signaux. La musique à tous les coins de rue, pour retrouver cette chaleur et cette convivialité, crème Chantilly sur une coupe de fraise. Une quinzaine d’établissements sont embarqués dans l’aventure, pour deux concerts par jour. En fin de semaine, un brass band fera comme le joueur de flûte de Hamelin. Il entraînera sa bande festive dans des déambulations sonores, au départ de la place François 1er. Parmi les innovations 2009, citons « un jour de plus au compteur ». Les deux concerts inauguraux auront lieu à Jarnac le mardi 21 juillet à 20 h 45 et 22 h 30, avec Ryan Shaw et James Hunter à l’affiche. Le premier, en exclusivité européenne, est présenté comme un jeune prodige des « states » tandis que le second, lui aussi en exclusivité européenne pour l’été, s’inscrit dans la grande famille « Soul Pop ». La programmation des quatre jours suivants sera à l’avenant, programmation éclectique entre « vrai blues » et petits cousins du blues, groupes connus et moins connus, légendes du « Work song » (chant du travail) et étoiles montantes, artistes confirmés, artistes en devenir, en exclusivité européenne ou en tournée…

bb king, quinze ans après

Si la musique afro-américaine reste le credo du festival, le lien peut se faire ténu entre un Charlie Winston, programmé le mercredi 22 juillet sur la grande scène du Blues Paradise (son tube Like a Hobo est sur tous les charts), une Duffy, belle plante galloise à la plastique d’une Grace Jones piroxidée (très belle voix sucrée et profonde) et un B.B. King, sacré roi du blues, musicien de génie, contemporain de Buddy Guy (Oh Buddy !) et de John Lee Hooker. Il sera sur scène le jeudi 23 juillet. Né en 1925 dans un petit village cotonnier du Mississipi, le jeune B.B. King part à Memphis comme employé dans l’usine où travaille son cousin bluesman Bukka White. Il y fait sa première apparition sur scène en 1949. Showman patenté, il enchaînera les concerts – entre 200 et 300 par an – tout au long de sa carrière. Encore aujourd’hui, de nombreuses dates s’alignent sur son site. Toutefois, il y a fort à parier qu’à 83 ans l’artiste fasse sa dernière apparition en Europe. « La venue de B.B. King représente une aubaine pour nous » confirme Michel Rolland.
« B.B. King signe quatre dates en France, trois à Paris-Bercy et une à Cognac. Il était déjà présent sur le festival il y a quinze ans. C’est un beau symbole. » Le même soir, au Blues des Anges (salle des Abattoirs), à 1 heure du matin, se produira un bluesman haut en couleur, Fillmore Slim, qui « slam » avec son fils. Preuve de la ductilité du blues, capable d’absorber la culture street (la culture de la rue), sans se perdre. Un super moment en perspective. Fillmore Slim sera aussi présent sur la scène de l’Eden Blues le lendemain à 19 h 15. Mention spéciale également pour Raphaël Saadiq, bel artiste au look étudiant, lunettes cerclées de « cérébral » mais à la musique qui « déménage ». Auteur, interprète, producteur, Raphaël Saadiq représente une sorte de pont entre les anciens et les nouveaux. On le cite comme celui qui monte, qui monte… Dans un tout autre style, The Soul of John Black propose un voyage émouvant dans les entrailles de la soul. C’est le coup de cœur 2009 du festival.

L’an dernier, Cognac Blues Passions avait franchi le cap des 20 000 entrées payantes (le double de 2004). Il espère bien récidiver cette année avec un festival manifestement plus recentrer sur la « ligne bleue ». En cinq jours se dérouleront 110 concerts dont 80 gratuits. Car le festival ne se départit pas de sa ligne de conduite : accorder autant d’importance et de soin aux concerts gratuits qu’aux concerts payants. Un concept généreux, qui fonctionne. Les « Tonic Day » du matin font le plein, même chose pour les concerts de l’après-midi, pris d’assaut par 200 ou 300 festivaliers. Un vieux blues des familles sous les grands arbres du jardin public de Cognac, un brin d’herbe coincé entre les dents, ça vaut le détour. Seul petit problème : ces instants de grâce s’accomplissent… aux heures ouvrables. Pauvres salariés, pauvres viticulteurs pas loin de friser la double peine dans leurs bureaux ou dans leurs vignes. Joël Joanny, président du festival, a évoqué l’ambition du festival d’être « de plus en plus accessible au plus grand nombre ». « La popularité n’est pas un gros mot » a-t-il affirmé. Une popularité conditionnée en permanence par la fragile alchimie entre le prix du billet, la programmation et la jauge (entre 6 000 et 7 000 festivaliers pour la grande scène).

A hauteur d’1,5 million d’€, le budget 2009 a été conçu sur les mêmes bases que celui de 2008. L’an passé, la billetterie s’est élevée à 750 000 €. Elle a couvert la moitié du budget, l’autre moitié étant assuré par les partenaires institutionnels ou privés. Parmi ceux-ci, les partenaires premium – Hennessy, Martell, Rémy Martin, BNIC – qui demeurent sans changement. La maison Camus a souhaité marquer une pause cette année. Elle mettait à disposition du festival un des plus jolis endroits du festival, le Carré du blues by Camus.

« Il est interdit d’interdire. » Ce slogan, le festival se l’appropriait volontiers. C’est ainsi que Cognac Blues Passions, quand il se projette dans l’avenir, n’exclut pas de regarder du côté des grands noms, capables de rassembler 25 000 personnes. « On ne fera pas la chasse au nom pour le nom mais si l’opportunité se présente, on ne se l’interdira pas. » A titre d’exemple, Michel Rolland cite des artistes de l’envergure de Tina Turner, Bruce Springteen. Dans le futur du Cognac Blues Passions, le parc des sports (le terrain de rugby) pourrait devenir un nouveau lieu dédié à la musique. Un regain de jeunesse pour ce parc qui, dans les années 80, a accueilli quelques retentissantes manifestations viticoles. Une tout autre musique.

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