La société investit dans l’outil de production

13 mars 2009

Après avoir brûlé toutes les étapes et cultivé l’impertinence, cette jeune société entrerait-elle dans une phase de normalisation ? Sa croissance l’y conduit et son cycle de développement aussi. A un moment donné, les affaires commandent de renvoyer une image plus lisse et plus consensuelle de l’entreprise. La voie vers la respectabilité ?

a_gabriel.jpgJean-Dominique Andreu et Alexandre Gabriel étaient tous les deux présents lors de l’inauguration de leur nouvelle installation de cuverie inox à Bonbonnet (commune d’Ars), une inauguration à laquelle ils avaient manifestement souhaité accorder un certain lustre et une certaine visibilité. Jusqu’à présent, ces deux garçons sortis de la même école de commerce, l’un né à Paris, l’autre Bourguignon d’origine, se montraient forts discrets dans la région, estimant sans doute que leur place était davantage sur les marchés qu’à Cognac. Bien vu : en 15 ans (leur société fut créée le 28 août 1989) ils ont monté une entreprise qui pèse aujourd’hui 15 millions d’€ et prévoit de dépasser les 20 millions d’€ sur l’exercice 2004-2005, au rythme d’une croissance de 30 % par an. La performance est avant tout commerciale, chacun s’accordant à reconnaître aux deux compères une extraordinaire pugnacité à vendre. Mais on ne vend pas du vent ni du rêve et il a bien fallu que l’appareil de production se mette au diapason, d’autant que la société se positionnait sur le créneau de l’authenticité et des produits haut de gamme. « Dès le départ, l’âme même de la société était le Cognac, c’est pourquoi nous nous sommes installés ici. » Après des débuts spartiates dans un tout petit hangar, ce fut assez vite le rachat du château de Bonbonnet à la société Martell, la mise en place de relations suivies avec plusieurs propriétés viticoles du Cognaçais, le recours à des sous-traitants liés par contrat d’exclusivité à la société pour tout l’aspect embouteillage. Avec la mise en place d’une nouvelle capacité de cuverie de 5 000 hl vol., représentant un investissement de 800 000 €, l’entreprise franchit un nouveau stade, comme si elle voulait « poser ses valises » et s’ancrer davantage dans le domaine d’activité qu’elle s’est choisi. Posant pour la photo dans leur nouveau chai, J.-D. Andreu et A. Gabriel ressemblaient un peu à ces gamins ravis mais peinant à croire que leur jouet leur appartient. Cet équipement de stockage et de traitement des spiritueux arrive en même temps que l’acquisition d’un nouveau matériel de passage au froid et la réalisation d’un investissement de 300 000 € sur la chaîne d’embouteillage par le prestataire de service. Avec son volant supplémentaire de cuverie, l’entreprise se dote d’une capacité de travail permettant de traiter 8 000 hl AP de Cognac et 8 000 hl AP de spiritueux divers. Alors qu’il aurait normalement fallu six mois pour réaliser le chantier, les travaux ont finalement abouti en deux mois et demi. Décidément, on ne refera pas les Gabriel et Andreu. Pressés ils sont, pressés ils restent. « Nous essayons de nous entourer de gens qui, dans leur domaine, sont les meilleurs, ceci dit sans prétention » énoncent-ils tranquillement. « Nous apprécions la dimension humaine des choses, elle nous semble adaptée à nos marchés, que l’on peut qualifier de niches. Notre approche est un peu artisanale. » La société a recruté durant les douze derniers mois neuf collaborateurs supplémentaires en Charentes dont cinq cadres, logisticien, expert-comptable, œnologue-maître de chai… Elle envisage de passer à la norme Iso 22 000 durant le 1er semestre 2005. Patrick Guidicelli, directeur du site de Bonbonnet, a remercié les entreprises qui avaient permis de tenir les délais et de relever le challenge. Un autre investissement est prévu, portant sur la construction d’un bâtiment de 3 000 m2, dédié au stockage des matières sèches.

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