Sus a La Passion Et A l’Emotion

10 février 2009

 

Lors de l’assemblée plénière du 8 février dernier, les deux familles de l’interprofession ont voté à l’unanimité un mécanisme d’aide à la décision pour la fixation annuelle de la QNV. Ce mécanisme, dit « arithmétique », devrait aider à dépassionaliser le débat. Cette décision va faire l’objet d’un accord étendu par les ministères de tutelle.

Manifestement, Jean-Pierre Lacarrière, président de l’interprofession, tenait beaucoup à cet accord. « De par mon expérience, assez longue maintenant, au sein de l’interprofession, j’ai pu constater que les discussions autour de la QNV étaient toujours extrêmement complexes. A des valeurs techniques et arithmétiques se mêlaient des réactions plus émotionnelles et sans doute des arrière-pensées politiques (au sens syndical du terme) qu’il semblait bon d’évacuer. »

La décision prise par l’interprofession après deux mois de travail d’un groupe ad hoc repose sur un mécanisme « d’aide à la décision », afin que la QNV soit calculée « à partir de critères objectifs et indiscutables » (voir l’avant-propos du nouveau document « Etat et perspective du Cognac » édité par le BNIC). Le président de l’interprofession indique que cette mécanique vise à prendre en compte à la fois les besoins actuels du négoce et leurs évolutions et ce, aussi bien pour le Cognac que pour les vins. En fonction de deux paramètres principaux – projections de marchés et surfaces – une QNV sera déterminée à partir de chiffres arrêtés au 31 mars (fin de la distillation). J.-P. Lacarrière précise que l’interprofession s’est engagée à produire cette QNV au plus tard le 15 juin. Mais comme à cette date les vendanges restent encore à faire – et qu’il s’agit tout de même d’un élément déterminant – l’application d’un coefficient d’ajustement minimum est prévue au 15 septembre. Le président de l’interprofession précise que cette détermination de la QNV se basera sur les chiffres du BNIC, à partir de calculs non pas compliqués mais  fouillés » : sorties, besoins, production de l’année précédente… avec un delta d’ajustement pour éventuellement corriger le trop ou le pas assez produit. « Tout ceci ne représente pas une grande révolution mais un mécanisme d’aide à la décision entre viticulteurs et négociants. » Jean-Pierre Lacarrière reconnaît bien volontiers que ce n’est pas l’ordinateur qui prendra la décision. « Toutefois, dit-il, il existe des paramètres intangibles comme les sorties, la production, les stocks. Quel que soit le régime – détermination de la QNV ou calcul du rendement ou régime INAO – il est bon qu’un système permette de coucher noir sur blanc ces réalités. » Et de préciser qu’en dehors de cette évaluation chiffrée, rien ne changera rien. « Les prix ne sont pas du tout inclus dans ce calcul. » Ce mécanisme – qui permet de définir des QNV individuelles dont la somme est égale à la QNV régionale – est bien entendu conforme au règlement communautaire. A la question sur d’éventuelles « arrière-pensées », Jean-Pierre Lacarrière répond qu’il n’en a pas ou alors qu’elles sont bien cachées. « La seule arrière-pensée que nous ayons eue a consisté à trouver un système qui permette de définir rapidement et sans état d’âme comment couvrir les besoins. »

vignes.jpgCôté viticulture

Que pense-t-on de ce système côté viticulture ? « C’est une base de travail intéressante qui permettra sans doute de gommer un peu la passion des échanges entre les deux parties », concède un syndicaliste viticole. Ce dernier émet cependant quelques réserves. « Le négoce a l’impression qu’il s’agit de « l’accord du siècle ». Effectivement, c’est une avancée dans la mesure où le commerce nous donne des perspectives de marchés. Il s’engage sur des chiffres, ce qu’il s’était toujours refusé à faire auparavant. Par contre, ce qui n’est pas normal dans ce calcul, c’est que le paramètre donné n’apparaît pas. Or, il s’agit d’un paramètre comme les autres, qui doit être pris en compte. On peut toujours augmenter le rendement, si les prix dégringolent » ! Le syndicaliste viticole reste persuadé qu’à côté de « l’arithmétique », la discussion aura toujours lieu ou alors, « on n’aura plus besoin de l’interprofession ». De même, il ne voit pas que ce système « oblige d’être d’accord à la fin de la discussion ». Mais il reconnaît volontiers qu’il faudra des arguments autres que philosophiques ou de stratégie pure pour contrer les éléments arithmétiques. « Mais ça, dit-il, ce n’est pas une nouveauté. » Pour lui, l’outil d’aide à la décision sera d’autant plus intéressant dans un système d’affectation. « En système d’affectation, le paramètre surface sera bien plus fiable. Dans le système de la QNV, si nous tombons assez facilement d’accord sur les besoins, nous le sommes rarement sur les moyens d’y parvenir. Là où l’un pense qu’il faut 60 000 ha pour y parvenir, l’autre y met 65 000 ha. » Le représentant syndical souligne aussi la limite de la réversibilité. « On nous dit qu’il sera toujours possible de corriger la production d’une année sur l’autre, en plus ou en moins. Mais si on se trompe tous les ans et que l’on distille trop tous les ans, le risque sera patent. »

 

 

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