2011, année des records

1 mars 2012

Pour les Vins & Spiritueux, 2011 aura été l’année des records. Tandis que les ventes de Cognac franchissaient la barre des 2 milliards d’€ en octobre dernier, la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) vient d’annoncer le 14 février que le chiffre d’affaires export du secteur des V & S avait franchi pour la première fois le seuil des dix milliards d’€. Un résultat historique, jamais atteint ! Avec une contribution de 8,6 milliards d’€ à la balance commerciale française, les V & S dépassent pour la seconde année consécutive le créneau des parfums et cosmétiques. Ils arrivent largement en tête du secteur agro-alimentaire, en s’octroyant 74 % de l’excédent de la branche agricole. A l’exportation, trois produits font la course en tête : le Champagne (2,1milliards d’€, + 9,3 %), le Cognac (2 milliards, + 10 %) et le Bordeaux (1,9 milliard, + 29 %). La vérité est que tous les vins ne sont pas logés à même enseigne : 10 % des volumes de vins réalisent 60 % de la valeur. Et, parmi eux, les Bordeaux premium, Bourgognes premium…

Côté marché, l’on s’aperçoit que les Etats-Unis, malgré la crise, restent toujours, en valeur, le premier marché des V & S (17 % de part de marché, en hausse de 8,50 %). Il est suivi du Royaume-Uni (13 %). Mais, en 3e position, arrive la Chine (8,5 %, en hausse de… 52 %). Elle figurait au 5e rang l’an dernier. Surtout, si l’on additionne les performances des trois pays asiatiques Chine, Singapour et Hong-Kong, on obtient une part de marché ad valorem de 20 %. C’est-à-dire supérieure à celle des Etats-Unis.

Ce qui est vrai pour les Vins & Spiritueux se vérifie ô combien pour les spiritueux. A noter que dans cette catégorie, le Cognac compte pour les deux tiers de la valeur. Si le marché américain conserve là aussi son leadership (27 % du total), les trois marchés asiatiques réunis (Chine, Singapour, Hong-Kong) pèsent pour près de 30 % de la valeur globale. Sur le « total monde », les spiritueux français représentent un chiffre d’affaires de 3 milliards d’€. Les vins, quant à eux, en drainent un peu plus du double (7 milliards d’€). A la présentation de ces chiffres, les exportateurs n’ont pas caché leur satisfaction, tout en restant mesurés dans leur analyse, compte tenu du peu de visibilité.

Il n’empêche ! Le secteur des Vins & Spiritueux, surtout dans sa frange premium, n’est pas celui qui se porte le plus mal. L’image de la « bulle de prospérité dans un océan de déprime » revient avec insistance, surtout à Cognac. La région a connu des périodes plus difficiles voilà pas si longtemps. Aujourd’hui, c’est plutôt la « dynamique de marché » qui l’emporte. La question du jour ! Comment accompagner – anticiper – la croissance des volumes ? Au détour d’une réunion récente, il fut clairement dit que la région travaillait sur une hypothèse de 20 millions de caisses à l’échelon 2020. Actuellement, les expéditions de Cognac représentent 13,7 millions* de caisses soit, par rapport à l’objectif des 20 millions de caisses, un delta de 6,3 millions de caisses. La conversion en alcool pur donne 212 000 hl AP. Mettre la production en phase avec une projection des ventes de + 46 %… un beau challenge ! On imagine les moyens à déployer. Un changement de perspectives, à tous niveaux.

Sujet numéro un

La libéralisation des droits de plantation s’affirme plus que jamais comme le sujet n° 1 de la filière viti-vinicole française et européenne. Normal ! On n’a pas de mal à comprendre le risque que ferait courir une dérégulation totale de l’encadrement des plantations, en terme de destruction des équilibres fondamentaux, de perte de valeur du patrimoine. Mais ne soyons pas dupes. Certains y voient aussi l’opportunité de « faire bouger les lignes ». Bien sûr que leur souhait n’est pas de « mettre le feu au vignoble ». Ils seraient les premiers à y perdre. Non, ce qu’ils veulent, c’est se servir du dossier des droits de plantation comme d’un moyen de pression, pour faire avancer leurs pions. Au centre des enjeux, la gestion des droits de plantation. A qui doit-elle revenir ? A la viticulture ? Aux interprofessions, à parité négoce/viticulture ? Il s’agit de la fameuse « troisième voie » régulièrement évoquée mezza voce. En son nom, pas mal de surenchères fleurissent, prospèrent, perdurent. Après tout, ce ne serait pas si grave si la somme de ces arrière-pensées ne risquait pas de servir ceux qui, délibérément, ne souhaitent qu’une chose : rayer d’un trait de plume toute idée de régulation du potentiel de production. Au carnaval, Pierrots et Arlequins avancent masquée. Mais quand les masques tombent, le roi est nu.

Anne-Marie Hériard-Dubreuil s’est éteinte le 12 janvier 2012 à Cognac. Elle avait 92 ans. Lors de ses obsèques, sa famille a évoqué son engagement « pour cette terre de Fine Champagne et pour la maison Rémy Martin, l’une des priorités de sa vie ». « La famille, a-t-il été rappelé, avait un vrai sens pour elle. Avec son mari, André Hériard-Dubreuil, elle forma un tandem puissant, tous les deux si différents et si complémentaires, unis dans leur amour autour de valeurs partagées. » Ses proches se souviendront de l’intelligence vive et de la générosité d’Anne-Marie Hériard-Dubreuil. « Nous reverrons son sourire rayonnant, si accueillant, si indulgent, si plein d’amour et de joie. »

* Caisse normalisée de 12 bouteilles de Cognac de 70 cl à 40 % vol., soit 3,36 l d’AP par caisse. Le nombre de caisses actuel reprend le chiffre des expéditions Cognac, y compris les ventes en vrac.

 

 

 

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