1951 – 2011 : Soixante ans d’histoire rétaise

19 avril 2012

Le 9 décembre dernier, la coopérative Uniré a fêté les 60 ans de la coopération rétaise. L’occasion de retricoter une histoire hors du commun.

 

 

p18.jpgCe 24 décembre 1950, jour de la fondation de la coopérative des Vignerons de l’île de Ré, ils sont une poignée d’agriculteurs à se rendre à Saint-Clément-des-Baleines, qui à bicyclette, qui en mobylette ou en voiture. Pierre Dupeux, André Chaigne, Camille Pelletier, Jean Enet, Fernand Bonin, Brullon père, Guilbeau père… Ils sont tous très motivés. Et même enthousiastes. Ils s’apprêtent à fonder l’une des plus belles entreprises qui soit : une communauté d’hommes. Aujourd’hui, on parle « d’intelligence à plusieurs ». A l’époque, on devait se dire que l’on serait plus fort groupés. Le négoce local essaie bien de faire capoter l’entreprise. Il appelle au boycott. En vain. Les agriculteurs rétais tiennent bon. Mieux ! A l’apport partiel, ils choisissent l’apport total. Le 1er juin 1951, débutent les travaux de construction de la coopérative et, le 21 septembre sonne le départ des premières vendanges. Cette année-là, ne rentreront que 11 000 hl vol. Mais en 1954, ils sont déjà 315 adhérents et la structure commence à tourner à plein régime. Les apports atteignent 80 000 hl vol. L’année 1966 voit la création d’Uniré, l’union de services qui chapeaute les quatre coopératives : la Vigneronne, la Maraîchère, la coopérative d’approvisionnement et la coopérative Salicole. Sa plus grosse collecte, la cooopérative l’engrangera en 1976. Elle vinifiera alors 112 728 hl vol. Un record ! Avec la crise du Cognac des années 80, la diversification s’amorce sur l’île de Ré. Vins rouges, vins blancs, vins rosés…La coopérative fait office de défricheur, voire de visionnaire. Entre-temps la structure aura « digéré », non sans mal, l’épisode des hybrides producteurs directs. Il s’en arrachera 400 ha sur l’île, souvent dans la douleur. C’est une révolution, une période de dissension aussi. Pourtant les investissements repartent de plus belle : cuves inox, chaudières de distillation, chai à barriques, chaîne de mise en bouteille, équipement de vinification… Derniers investissements en date : un chai à Pineau et un bâtiment de stockage des produits conditionnés… En 2009, les quatre coopératives se fondent en une seule, Uniré. Depuis, la coopérative Salicole a pris son indépendance et quitté Uniré.

p18b.jpgDurant ces 60 ans, la coopération viticole rétaise va connaître un très faible « turn over » : en tout quatre présidents et cinq directeurs. Pour les présidents, André Chaigne de 1951 à 1976 puis Michel Pelletier de 1976 à 2001 (25 ans chacun, soit un demi-siècle à eux deux). Viendront ensuite Yves Bouyer (2011-2005) puis Jean-Jacques Enet. En ce qui concerne les directeurs, une première personne, de 1951 à 1953, cèdera rapidement sa place à Paul Lainé (1953 -1981). Puis ce sera le tour de Franck Nadeau, de 1981 à 2000 (il était rentré à la coopérative en 1978, en tant que technicien). Il sera remplacé par Jean-Pierre Tromas de 2000 à 2005, avant la prise de relais de Christophe Barthère.

Aujourd’hui, la coopérative compte 291 adhérents. Elle collecte la production de quelque 581 ha de vignes. Elle produit 39 000 hl vol. de vin, dont 15 000 hl vol. de vin de bouche blanc, rouge et rosé, 4 000 hl vol. de Pineau et 1 300 hl AP de Cognac. Son chiffre d’affaires se répartit de la façon suivante : 40 % pour le Cognac, 25 % pour le Pineau et 35 % pour le vin. Durant les quatre mois d’été – de juin à septembre – la coopérative vend 80 % de sa marchandise en bouteille. Elle travaille de plus en plus avec la grande et moyenne distribution.

p18c.jpg« Cette coopérative a fait son chemin » s’est réjoui Michel Pelletier, invité à commémorer la date anniversaire. « L’avenir appartient aux optimistes et aux audacieux. » Il a rappelé que la coopérative avait très tôt mis en place une grille qualité, fut la première en Charente-Maritime à créer une OGAF, a investi dans une étude terroir. « Une politique de qualité et de valeur ajoutée nous a toujours guidé. » Mais la meilleure preuve de succès de la coopération rétaise n’est-elle pas d’avoir su « tenir » son territoire. Ce fut le sens des propos de Lionel Quillet, président de la Communauté de communes. « Vous vivez sur l’un des territoires les plus convoités de France. Tout le monde veut s’y installer. Pourtant 80 % des terres de l’île de Ré sont déclarées inconstructibles. Toutes ces terres ont été réservées à l’agriculture, à l’environnement. Elles constituent la colonne vertébrale de l’île. Mais ce n’est pas le fruit du hasard. C’est la résultante du travail des hommes et des femmes de cette terre. Comptez sur nous. On ne lâchera rien ! »

A cette cérémonie d’anniversaire, Jean-Jacques Enet avait tenu à inviter l’un de ses vieux voisins, Fernand Bonin. Fernand Bonin est le dernier des administrateurs-fondateurs de la coopérative. Le 24 décembre 1950, il était à Saint-Clément-des-Baleines, avec ses collègues.

 

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