Courvoisier : La SICA des Baronnies a 30 ans

20 juin 2016

Créée en fin d’année 1985 mais enregistrée en 1986, la Sica des Baronnies a fêté son trentième anniversaire lors de sa dernière A G. Décrite comme « un pôle de stabilité dans un monde d’incertitudes», la Sica des Baronnies a toujours mis en avant la clarté de ses contrats, fondés sur des prix minimum garantis. Un nouveau cycle triennal s’ouvrira à la récolte 2017. Réflexions et discussions sont déjà amorcées.

Marc Pignon, René Mouche, Jean-Marie Macoin…Le 19 avril, à l’occasion de la 30 ème assemblée générale de la Sica des Baronnies, Philippe Joly, l’actuel président de la structure a salué ses prédécesseurs à la tête de la coopérative associée. Il a rappelé l’ADN de la Sica : ces 35 % de la commande Courvoisier entrés sous forme de garantie de bonne fin (avec versement d’un acompte l’année N), livrable en comptes 1, 2 ou 3 selon les crus, alors que la maison de négoce achète directement 65 % des volumes en 00 (100 % si souhaités par le viticulteur). Les vins sont distillés à façon par les huit bouilleurs de profession agréés par la maison. « La clarté du cadre contractuel a toujours marqué les relations entre la Sica et Courvoisier » a déclaré Ph. Joly. Il y a joint les termes de loyauté et de stabilité, de fidélité aussi.

 

Volume en hausse de +4.3%

 

Sur l’exercice clôt le 31 octobre 2015, les apports à la Sica (en 00 et garanties de bonnes fins) avaient représenté 30 074 hl AP. Sur la récolte 2015, les volumes livrés ont atteint 32 154 hl AP, en progression de + 4,3 %. Un peu plus de 67 % de ces volumes furent acheté par Courvoisier dès leur fabrication alors que 10 568 hl AP ont été mis en stock à la Sica sous forme de contrat de bonne fin. Benoît de Sutter, le directeur des achats de la maison de négoce, a signalé que le conseil d’administration de la Sica du 27 octobre 2015 avait décidé d’une augmentation « raisonnable » des prix du vin de 5 € par hl AP, tous crus confondus (GC 1025 €, B 990, PC 949, FB 935, BB 885). « Cette hausse peut sembler trop raisonnable mais elle fait suite à quatre années de revalorisation importante du prix du vin. Par ailleurs, les coûts de production tels que calculés par le groupe de travail du BNIC apparaissent stables voire en baisse légère de – 0,8 %. Enfin les frais de distillation sont restés identiques à 150 € l’hl AP. »

Le prix du vin, additionné des frais de distillation, donne le prix d’entrée des eaux-de-vie nouvelles à la Sica. Ce prix constitue la base de calcul pour déterminer le montant des acomptes et, plus globalement, le prix minimum garanti des eaux-de-vie rassises, une fois ajouté les frais de vieillissement (futaille, évaporation, frais financier), le tout apprécié sur une base théorique, actualisée par la suite. Le directeur des achats de Courvoisier a indiqué que ce prix minimum garanti constituait « le pilier des contrats Courvoisier, aussi bien à la Sica des Baronnies qu’à la Sica 15 ou à la coopérative ACBC. Quoiqu’il se passe, a-t-il dit, Courvoisier s’engage à acheter au moins à ce prix-là au dénouement des contrats ».

 

Prix minimum garanti

 

Pour les eaux-de-vie de Grande Champagne qui seront rachetées en compte 3 en avril 2019, ce prix minimum garanti s’élève à 1467,54 € l’hl AP ; 1427,29 € pour les Borderies, également reprises en compte 3, de même que les Petites Champagnes (1380,13 €). Les Fins bois, rachetés en compte 2 en avril 2018, ressortent à 1271 € (1120,33 € pour les Bons Bois racheté en compte 1 en avril 2017).

Au cours du mois  d’avril 2016, la société Courvoisier a procédé à la reprise de la récolte 2012 pour les Champagnes et Borderies, de la récolte 2013 pour les Fins Bois (ultra-majoritaires à la Sica des Baronnies) et de la récolte 2014 pour les Bons Bois. Fin février le conseil d’administration s’était réuni pour débattre des prix de rachat. Après mise à jour des frais réels (évaporation effectivement constatée, taux d’intérêt…), le paiement final d’une eau-de-vie de Fins bois s’est par exemple élevé à 1243€ l’hl AP. Commentaire de Benoît de Sutter – « Si l’on compare ce paiement final à la valeur d’ entrée de l’eau-de-vie à la Sica, en avril 2014, de 1 050 €, la marge de vieillissement s’élève à 193 € soit, sur 2 ans, un rendement financier de 9 % l’an. A ce jour, peu de placements procurent ce type de rendement. »

 

Nouveau cycle contractuel

 

En 2016/2017 Courvoisier et ses coopératives associées s’apprêtent à amorcer un nouveau cycle contractuel. Car l’actuel contrat-cadre court de la récolte 2014 à la récolte 2016. Le prochain cycle concernera les récoltes 2017 à 2019 (2022 pour les contrats à six ans). La maison de négoce n’a pas caché son intention de voir évoluer ce contrat-cadre. Les discussions devraient débuter courant juin entre la maison de négoce et ses coopératives associées. Tout en se montrant discret, Patrice Pinet, le directeur général de l’entreprise a évoqué de « nouvelles exigences » ainsi qu’une évolution du « mix qualité ». Des termes qui, dans le contexte actuel, sont suffisamment évocateurs pour se passer de sous-titres. D’ailleurs la thématique choisie pour l’AG – la protection de la ressource en eau – n’était sans doute pas complètement déconnectée de ces « nouvelles exigences ». Avec Laetita Four (responsable environnement à la Station viticole du BNIC) ai intervenu Delphine Espallieux. A l’Agence Adour-Garonne elle est chargé de la partie effluents phyto. (voir encadré sur les aides à l’environnement).  Le PDG de Courvoisier a expliqué que  Suntory, le groupe propriétaire de Courvoisier depuis deux ans, se montrait extrêmement attaché à la qualité de l’eau. Une fondation existe même, « Suntory Natural Water Sanctuary » consacrée à la protection de la nature et de la biodiversité. Normal dans un pays à la fois densément peuplé – 100 millions d’habitants – et dont le territoire montagneux est occupé, à 70 %, par la forêt.

 

Le Cognac se porte bien

 

Patrice Pinet, PDG de Courvoisier mais aussi président du SMC, le Syndicat des maisons de Cognac, a signalé que le Cognac se portait bien « et tant mieux. Nous devrions commencer par nous en réjouir même s’il y a toujours des choses à faire, des risques à prendre. » Il a rappelé combien Courvoisier avait connu de bannières – Hiriam Walker, Allied Lyons, Allied Domec, Fortune Brands, Beam, Suntory – mais que toujours la maison avait su garder le cap de la stabilité, autour de structures comme la Sica des Baronnies. Il a confirmé que le négoce ne souhaitait pas voir évoluer le statut du vignoble. « Cela ne pourrai que rendre plus compliqué la gestion de nos activités. » Mais le même s’est dit complètement solidaire de la famille viticole contre les transferts d’autorisations de replantation d’un vignoble à l’autre. « Avec elle, nous nous attacherons à trouver la meilleure solution pour empêcher ces dérives. » Comme souvent chez Courvoisier, le Pdg de la maison a insisté sur la maîtrise du prix de revient. « La compétition déborde largement celle de nos maisons de Cognac. Elle vise d’autres spiritueux, les Tequila, Vodka, Rhum qui empruntent de plus en plus les codes du luxe sans en supporter les coûts. Nous, filiales, devons donner à nos groupes l’envie de continuer à investir . » Il a assuré que la politique de Courvoisier s’envisageait sur le long terme, à travers ses coopératives associées notamment. Patrice Pinet a fait été du renouvellement de la gamme, commencé en 2015 et dont la présentation sur les marchés se poursuit en 2016. Cette gamme « Extravagance », lancée à Paris, a entamé un tour du monde qui passe par les États-Unis, l’Asie…

Dans son rapport moral Philippe Joly a lui aussi insisté sur la dérégulation de la filière que portait en germe une OCM viti-vinicole revisitée. « Plus de libéralisme risque de nous conduire au même sort que l’élevage , c’est-à-dire à une impasse. » Il s’est aussi fait le relais des inquiétudes du vignoble, face à une rotation du stock Cognac de huit années. « Certes, nous  pouvons toujours comprendre les indicateurs de fluidité et autres justificatifs avancés, mais les gens de ma génération se souviennent aussi que les temps de crise ont toujours coïncidé avec des stocks élevés. Et ce ne sont pas des achats revus à la baisse, des inflexions de prix ou des critères qualité toujours plus compliqués qui peuvent nous rassurer. » 

 

La Belloire – Site de mise en bouteille

Les visites premium se poursuivent

 

En 2014, Courvoisier inauguraient les visites premium pour ses partenaires viticulteurs. Après la découverte du chai Renard, de la méranderie, du Musée, la maison propose depuis la fin d’année dernière une nouvelle immersion dans un nouveau site, celui de la mise en bouteille de La Belloire.

 

Ce jour-là, était conviée une trentaine de livreurs de la distillerie Pinard. Olivier Lissorgues, responsable du site, se charge de la visite. C’est en 1950 que la maison Courvoisier investie le site de La Belloire. Elle y installe ses chais de vieillissement où elle pratique depuis 1970, une technique de vieillissement bien à elle, celle des « fûts debout », dite encore BQP pour Barrel Quality Process. Jusqu’en 1998, la mise en bouteille  s’effectuera en ville, dans un fourmillement d’activités qui devient problématique. La relocalisation sur le site de La Belloire va permettre une rationalisation des tâches bien plus dans l’esprit de Courvoisier. Récemment, un plan d’investissement de plus de 6 millions d’€ a débouché sur un renouvellement du parc machines.

La Belloire compte cinq lignes d’embouteillage dont deux dédiées à la fameuse bouteille Joséphine, aux formes tronconiques, reconnaissable entre toutes. Les machinistes travaillent en cinq équipes. De longue date, a été instituée une polyvalence transversale – un même poste sur des lignes différentes – ainsi qu’une polyvalence d’activités. Comme on peut l’imaginer, le management est celui de l’amélioration continue. Et, comme partout, les flux se font de plus en plus tendus avec une baisse des stocks de matières sèches. C’est en fin d’année, avec les gifts (les cadeaux) que le pic de production est atteint. « Nous essayons de ne pas travailler le 24 décembre » commente en souriant le directeur du site. Derrière la mise en bouteille, il y a le chai 125, voué à la finition. VS, VSOP, XO, Extravagance…tous les Cognacs passent par ce goulot d’étranglement avant de rejoindre les lignes. Et comme partout chez Courvoisier, une attention extrême est portée aux procédures de contrôle produit et de conformité.

 

 

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