Tensions à Cognac autour du contingent de plantation

15 octobre 2015

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Ce qui devait arriver arrive. A la veille  d’exprimer les vœux pour les autorisations de plantation 2016 (le 26 octobre prochain), des couacs et plus que des couacs se font entendre dans le bassin viticole Charentes-Cognac.

L’objet de la contreverse ? Les VSIG (Vins sans indication géographique), une catégorie de vin qui – particularité charentaise – s’applique aussi bien au Cognac, produit d’appellation qu’aux vins de base mousseux et «autres débouchés» sans indication géographique.

Le feu couvait depuis le printemps mais l’UGVC, à quinze jours du Conseil de bassin du 26/10, a choisi de faire état du désaccord. Par un communique_de_presse, le syndicat viticole Cognac «  s’oppose à la création d’un vignoble industriel dans l’aire d’appellation  ».

De quoi s’agit-il  ? En 2013, le CIMVC (l’interprofession des moûts et vins des Charentes), à partir d’une étude stratégique, conclue à la faisabilité d’une filière Vins de base mousseux de 3 500 ha. L’an dernier, profitant de l’ouverture anticipée des plantations aux VSIG, sont obtenus 400 ha. Cette année, la même surface  est dans les tuyaux  : 400 ha.

Sauf qu’entre-temps, des contrats d’approvisionnement, passés entre viticulteurs et négociants, portent sur des rendements élevés (250/ 300 hl vol ha) corrélés à des prix de 20 à 30 € l’hl vol. prix jugés par le syndicat UGVC notoirement insuffisants – «  On ne construit pas une filière sur un tel modèle  !  » Si est évoqué le retour vers le Cognac, l’argumentaire du syndicat porte aujourd’hui bien davantage sur l’environnement et l’image renvoyée à la société.

«On ne produit pas 250 hl vol ha dans le strict respect des contraintes environnementales. Le monde a changé, la vision de la société aussi. D’un côté, on ne peut pas demander aux parcelles Cognac d’avoir des exigences environnementales et voir la parcelle d’à côté s’en exonérer totalement.» «Notre vision n’est pas celle d’un vignoble industriel dans l’aire d’appellation» réaffirme Stéphane Roy, le président du syndicat.
 

Que va-t-il se passer dans les jours suivants ? La Fédération des interprofessions va se réunir lundi 19 octobre, dans la perspective du Conseil de bassin du 26/10.

Avant cette crispation, l’idée était quand même qu’in fine le bassin Charentes-Cognac porte une demande commune.

Si les différents segments n’arrivent pas à s’entendre, c’est le "1 % national" qui jouera, après remontées des demandes au Ministère de l’agriuclture et arbitrages entre les régions.

Car rappelons quand même que les règles ont changé. Avant s’appliqait le principe de l’interdiction de plantation, sauf justifications des filières. Aujourd’hui, dans le cadre du nouveau régime, le bassin ne transmet pas une demande de contingent de plantations (une facilité de langage) mais «une demande de restriction d’autorisations de plantations». Autrement dit, le principe, c’est la liberté de planter – dans la limite du 1 % national – sauf à avancer deux critères : la surproduction ou le risque de détournement de notoriété.

Chacun a-t-il pris suffisamment la mesure du renversement de logique ? N’y a-t-il pas une prise de risque supplémentaire à partir en ordre dispersé ? Et ne faudra-t-il pas un jour s’interroger sérieusement sur le statut du vignoble Cognac ?

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