« Un gros potentiel qualitatif »

11 mars 2009

Eric Jaunet, l’actuel maître de chai de la coopérative, sait de quoi il parle. Ses précédentes fonctions l’ont conduit à s’occuper d’un pan du vignoble bordelais, au titre de l’ADAR de Bourg/Blaye. Là-bas, on le considère comme un « calibre ». Sur le périmètre de la coopérative charentaise, il développe la même exigence technique.

Au sujet des terroirs couverts par la cave, le technicien viticole évoque un « potentiel agronomique énorme, à 99,9 % ». Arrivé en octobre 2005, il s’était engagé à visiter toutes les parcelles (au nombre de 533) et rencontrer tous les viticulteurs-livreurs (environ 200). Pari tenu mais en partie seulement puisqu’il a vu environ les deux tiers du vignoble de la cave. Par contre, il s’arrange pour que l’échantillon soit représentatif, tant par les tailles d’exploitations que par leurs localisations, Mérignac, Barbezieux, Segonzac, Châteauneuf, Pons. Dans l’ensemble, se dégage de ce premier tour d’horizon une impression très favorable. « Le vignoble est très bien tenu même s’il faut se garder de tout relâchement durant l’été. Des herbes hautes dans les vignes ne renvoient pas une impression terrible. » Il a aussi remarqué quelques problèmes d’établissement du premier fil, à plus de 70 cm, bien au-dessus de la hauteur préconisée par le cahier des charges, à 60 cm. « Sans doute des problèmes de dos récurrents » a-t-il glissé en souriant. Pour sa première récolte, les vendanges ont débuté le 8 septembre sur les blancs. Mais, caractéristique de l’année, en même temps que démarraient les blancs, « il a fallu embrayer sur les rouges » pour les jus de raisin tandis que les premiers Merlot vendange mécanique arrivaient le 22 septembre, suivis, le lundi 25, par les premiers Merlot vendange manuelle. L’œnologue a signalé que cette cadence serrée au chai risquait de devenir la norme, compte tenu de l’évolution climatique. Alors que les Cabernet-Sauvignon présentèrent en règle générale un état sanitaire impeccable et purent « être emmenés très loin », le point noir des vendanges porta sur certains Cabernet franc qui « partir en vrille », suite à un état sanitaire défectueux. « Nous avons eu à déplorer un échec surtout » a noté E. Jaunet. Dans la salle, le viticulteur concerné s’est levé pour prendre la parole. « C’est vrai que je n’ai pas appliqué de traitement anti-pourriture mais quand il faut éclaircir la récolte pour produire 60 hl/ha et que la rémunération ne se trouve pas au bout, on ne peut pas nous reprocher indéfiniment de faire des erreurs. » Tout en souhaitant apaiser le débat – « il sera plus facile de se dire les choses en face, lors des réunions de secteurs – le maître de chai a maintenu son langage de la fermeté. « Quand on s’engage à produire des vins de pays vendangés à la main, on tient le cahier des charges jusqu’au bout. Si c’est pour faire de “l’ensilage”, ce n’est pas la peine. Les problèmes se concentrent toujours sur un très petit nombre de gens mais ils “bouffent” 80 % du temps. » Bruit de fond dans la salle.

Sur les 321 ha collectés, la coopérative a vinifié lors des dernières vendanges 22 270 hl vol. La vendange mécanique a concerné 260 ha, la plus grande partie écoulée en vrac, en vin de table ou en jus de raisin. Cépage par cépage, le maître de chai a détaillé la destination de la récolte. Le Sauvignon main s’est soldé par la réception de 477 hl vol., tous volumes agréés et partis en vin de pays. Le Sauvignon machine, de 2 201 hl vol., s’est réparti entre moûts (1 650 hl vol.) et vin de table, dont une petite partie vinifiée de façon spéciale pour recoller aux vins de pays. Le rendement moyen du Sauvignon s’est élevé à 80 hl vol./ha. Avec un rendement plus faible, le Chardonnay vendange main a abouti à l’élaboration de 480 hl vol., dûment « bâtonné et élevé sur lie ». Quant au Chardonnay vendange machine, de 1 305 hl, il fut destiné aux moûts, vin de table, avec un petit reliquat pour les vins de pays. La vinification du Merlot a concerné 14 032 hl vol. dont 4 116 hl vol. vendangés à la main et 9 916 hl vol. vendangés à la machine. Le rendement du Merlot machine s’est élevé à 71 hl vol./ha contre 55 hl vol./ha pour le Merlot main. La récolte de Cabernet-Sauvignon a représenté 3 305 hl vol. dont environ la moitié d’excellente facture, avec une belle expression des caractères du cépage. Le Cabernet franc, portant sur de faibles quantités, a connu les déboires que l’on sait.

En plus du prélèvement systématique du TAV, de l’acidité totale et du pH sur toutes les remorques, E. Jaunet a indiqué qu’il goûtait le moût. « Cela permet de se faire une idée des pré-assemblages des années futures. En plus de voir de jolies choses et de mieux connaître l’outil disponible, cela aide à bien corréler le vignoble à la production. Une banque de données se crée ainsi. Je constate que le niveau qualitatif n’est pas toujours si différent entre vendange main et vendange machine. »

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