Une nunité de pressurage mobile montée sur un camion : Un concept très innovant

18 septembre 2018

 

            La conception d’un châssis mobile de pressurage monté sur un camion polybenne habituellement utilisé pour transporter des caissons de céréales est un défi technologique qui est en train de devenir réaliste. Le projet a mûri dans l’esprit de François Gousseland, une jeune viticulteur d’Epargnes. Son souhait de départ était d’acquérir un pressoir mobile de grande capacité (115 hl) installé sur un portique télescopique. L’étude de ce projet a révélé que le coût de la fabrication d’une remorque agricole sur mesure était à peu près équivalent à celui de la valeur d’un camion porteur d’occasion dont l’usage le reste de l’année s’avérait beaucoup plus polyvalent. Cette unité d’extraction des jus innovante après une phase de mise point s’est avérée opérationnelle lors des vendanges 2 017.

 François Gousseland a eu une initiative originale dans sa démarche d’aménagement de la chaîne de traitement de la vendange. Son souhait était d’une part de développer les capacités de pressurage du chai existant et d’autre part d’investir dans un équipement technologique adapté aux évolutions à venir du vignoble. Le chai  actuel  permett de vinifier la production des 85 ha et possède la spécificité de produire à la fois des volumes conséquents de Pineaux des Charentes blanc et rosé (25 ha) et des vins de distillation. L’utilisation des pressoirs est plus technique car elle doit satisfaire des exigences qualitatives diverses, des sélections des jus de goutte et de presse et des performances en débits importantes.

 

Accroître les capacités de pressurage pour faire face aux besoins d’avenir

 

            L’unité de vinification implantée à l’entrée du village de Puygaudin à Epargnes est utilisée par François Gousseland, Dominique Gousseland son père et Benoît Gousseland son frère. Le chai est doté d’équipements performants avec notamment la présence d’un pressoir pneumatique de 100 hl Bücher acquis en 1993. Il est installé dans à l’intérieur du bâtiment à proximité du conquet de réception. L’idée n’était pas de remplacer ce pressoir mais d’en rajouter un second pour accroître les performances de débit du chai et faire face à l’augmentation des surfaces à venir et être en mesure de récolter dans la période de maturité optimum. L’unité de pressurage existante est installée dans le chai sur un portique en élévation. Les marcs sont évacués rapidement en tombant par gravité dans une remorque agricole. Ce type d’agencement très classique en Charentes présente le double avantage de faciliter les opérations de lavage et de limiter les pertes de temps entre deux cycles de pressurage.

 

Le concept du pressoir mobile fait progresser l’aménagement des chais

 

            L’importance des volumes de vendange traités chaque année avec un seul pressoir a amené F Gousseland à être très sensible aux aspects de fonctionnalité du chai et des équipements. Le projet d’introduction d’un second pressoir de grande capacité allait apporter plus de souplesse dans l’organisation du chantier de récolte et aussi engendrer une profonde réorganisation de l’agencement du chai. La conception actuelle du bâtiment ne permettait pas l’implantation d’un second pressoir à l’intérieur du chai. Par contre, le conquet et la pompe de transfert de vendange étaient bien dimensionnés pour alimenter des deux cages de pressoir de 100 hl dans la mesure où le second pressoir serait implanté dans un environnement proche. Faute de pouvoir disposer d’espace suffisant à l’intérieur du chai, l’option du pressoir mobile implanté à proximité du conquet s’est donc imposée comme l’alternative la plus réaliste sur le plan technique et économique. Le jeune viticulteur considère aussi que le concept des unités mobiles de pressurage ouvre de nouvelles perspectives en terme de polyvalence d’utilisation de cet équipement : « Un pressoir mobile  installé à l’extérieur d’un chai libère de l’espace dans le chai de vinification. Cela permet de différencier nettement le pôle d’extraction des jus de l’atelier de préparation des mouts. La phase de préparation des moûts à la fermentation alcoolique pour  les vins de distillation et au mutage pour les pineaux est devenu une activité importante dans l’itinéraire global des vinifications ».

 

  • Un chai existant dimensionné pour traiter la production de 85 ha

  • Deux approches de production différentes, 25 de vignes destinés à la production de pineau et 60 ha aux vins de distillation

  • Une installation équipée d’un pressoir pneumatique de 100 hl acquis en 1993

  • Le souhait de F Gousseland d’avoir son propre pressoir pour traiter la production de 40 à 45 ha

  • Un objectif de recherche d’une chaîne d’extraction des jus qualitative

  • Le choix d’un pressoir Bucher Xpert à cage fermé de 115 hl avec un pupitre de commandes déportées

  • Le concept de l’unité mobile permettait de ne pas modifier la configuration du chai

  • Une recherche de fonctionnalité qui a débouché sur le choix d’unité mobile sur béquilles (sans redler et sans système de pompage)

  • Le coût élevé de la remorque agricole pour un pressoir de 115 hl a été l’élément déclencheur du concept d’unité mobile de pressurage sur un camion.

  • Le jeune viticulteur est titulaire d’un permis poids lourd ce qui ouvre des possibilités d’utilisation d’u camion toute l’année

     

    Une volonté de privilégier les aspects de fonctionnalité

     

    L’aménagement de la nouvelle installation de pressurage a été abordé par ce jeune viticulteur avec la volonté de privilégier les aspects de fonctionnalité : « Les structures intérieures de notre chai qui abritent une grande partie de la cuverie, la réception de la vendange et le pressoir de 100 hl ne permettaient pas d’accueillir une seconde unité de pressurage de grande capacité (115 hl). La construction d’un bâtiment supplémentaire ne nous paraissait pas être une solution car l’équipement du chai actuel était performant et par ailleurs, l’investissement allait être beaucoup plus important. Ce constat nous a conduits à opter pour un équipement mobile compte tenu aussi de l’encombrement d’un pressoir de 115 hl. L’implantation de l’ensemble conquet et pompe à vendange sur un côté du chai permettait aussi d’envisager l’installation d’un pressoir à l’extérieur sans aucune difficulté. La présence d’un espace suffisant le long du bâtiment rendait envisageable le positionnement du pressoir mobile sans que cela n’occasionne de gêne pour la circulation des tracteurs et des bennes à vendanges. Notre objectif a été aussi d’avoir un équipement de pressurage le plus simple possible et facile à mettre en place et à utiliser. Cela induisant une évacuation des marcs par gravité en utilisant sans système avec redler qui sont toujours une source de problèmes mécaniques ».

     

    Un pressoir de 115 dimensionné qualitativement pour 45 ha de vignes

     

                Le choix de F Gousseland de s’équiper d’un pressoir Bücher Xpert de 115 hl est l’aboutissement d’une réflexion technique conciliant les enjeux qualitatifs de la production de moûts de pineau et de vin de distillation. Ce modèle possède une cuve étanche qui permet de réaliser des macérations pelliculaires de vendange rouge qui sont actuellement pratiquées en cuves. Ensuite, le pressoir est équipé d’un système de gestion du pilotage des cycles de pressurage Organ (régulation en fonction de la mesure en continu  du débit des jus) qui présente l’avantage de gérer l’extraction des jus en tenant mieux compte la nature de la vendange. Le choix d’une capacité de cage de 115 hl correspond à un objectif de débit de la chaîne de traitement de la vendange adapté à la récolte d’un potentiel de 45 ha de vignes. L’un des avantages du pressoir Bucher Xpert 115 hl est aussi de disposer d’un pupitre de commande déporté qui peut être posé au sol. Ce dispositif représente un avantage pour piloter le pressoir lors des opérations de remplissage, de vidage et de lavage. Le matériel est équipé d’un dispositif de lavage automatique des drains dont la fréquence est programmable.

     

    Un châssis mobile sur béquilles choisi  pour sa  simplicité de fonctionnement

     

                Les premières approches de la conception de l’unité mobile ont débouché sur un montage du pressoir sur châssis élévateur à quatre béquilles. Ce type d’équipement mobile est généralement installé sur des remorques agricoles élévatrices dont la fonction est multiple, le déplacement du pressoir, le montage et la descente sur les béquilles et l’évacuation des marcs par gravité. Ce mode d’agencement des pressoirs mobiles qui existe dans la région depuis longtemps, a conquis un public de viticulteurs à la recherche d’équipements simples. Les châssis sur béquilles ont l’avantage d’être fonctionnel, un peu moins coûteux mais leur installation nécessite des sols assez plats. L’absence de redler et de système de pompage des moûts rend l’investissement dans le châssis moins important. Il faut bien sûr acquérir une remorque élévatrice (équipée de ridelles amovibles) qui est généralement utilisée pour l’évacuation des marcs et ensuite parfois durant l’année. Des passerelles repliables permettent d’accéder autour des cages lors du fonctionnement et des opérations de lavages. La seule véritable contrainte de ce type d’équipement est la hauteur de travail proche de 4,50 m. Elle rebute certains viticulteurs qui préfèrent utiliser des châssis mobiles bas équipés d’un module d’évacuation des marcs avec un redler et d’un système de pompage des moûts. L’utilisation de bennes élévatrices de types agricoles est possible jusqu’à des capacités de cage de 80 hl.

     

    Le coût accessible du camion polybenne d’occasion a fait la différence

     

                 La définition du projet d’unité mobile sur béquilles établies par la société Rullier-Agri-Technic a révélé que le montage d’un pressoir de 115 hl ne pouvait pas être réalisé à partir d’une base de remorque agricole élévatrice de fabrication standard. La longueur du pressoir et son poids nécessitaient la conception d’une remorque sur mesure dont le coût s’avérait bien plus élevé. F Gousseland s’est alors interrogé sur l’opportunité d’une telle fabrication. Ce problème a été l’élément déclencheur du projet d’unité mobile montée sur camion : « Le coût de la fabrication de la remorque élévatrice agricole sur mesure m’a amené à faire évoluer le projet d’unité mobile. Investir une telle somme dans une remorque agricole me paraissait disproportionné vis à vis de sa durée d’utilisation annuelle (seulement 2 à 3 semaines maximum). Étant titulaire du permis poids lourd, je me suis dit qu’envisager de transporter le pressoir avec un camion polybenne serait peut-être possible. Je savais que Christophe Bobin, un entrepreneur de travaux viticole  de Pérignac avait un montage de ce type depuis longtemps. Après divers contacts,  l’acquisition d’un camion polythène de type 6 x 4 d’occasion s’avérait ne pas revenir  plus cher que celle d’une remorque agricole sur mesure neuve. L’un des avantage de cette solution était que le camion allait nous servir toute l’année sur la propriété pour les livraisons des céréales au moment des moissons, le transport des pineaux avec une citerne et de nombreux autres usages. Tous ces éléments ont fini de me convaincre.  On s’est donc rapproché de la Sct Simoneau qui a accepté de fabriquer un châssis de pressoir adapté aux exigences d’un camion équipé du système de bras Ampliroll ».

               

    Les caractéristiques de l’unité mobile de pressurage installée sur un camion

     

  • Un pressoir de 115 hl équipé d’un pupitre de commandes déportées

  • Le choix d’un châssis mobile sur béquilles hydrauliques télescopiques simple et fonctionnel

  • Un châssis conçu pour s’adapter aux spécificités d’un camion polybenne Ampliroll utilisé habituellement pour déplacer des caissons de céréales

  • Le prix d’achat du camion polybenne d’occasion 6 X 4 a une valeur équivalente remorque agricole élévatrice sur mesure

  • Une utilisation toute l’année du camion sur cette exploitation viticole et aussi céréalière

  • L’investissement dans le châssis mobile qui correspond à 20 % de la valeur du pressoir de 115 hl.

  • L’hydraulique du camion est utilisée pour déployer et régler la hauteur des béquilles

  • Une installation facile du pressoir

  • Un pupitre déporté posé au sol qui permet de commander le pressoir sans avoir besoin de monter sur les passerelles

  • L’accès aux passerelles n’intervient qu’en fin de journée pour finir le lavage

  • Des marcs extraits par gravité en 10 minutes (dans une remarque agricole)

  • Le poids de l’unité mobile complète (vide) est 8 tonnes (4 t pour le pressoir seul)

  • Une première campagne d’utilisation en 2017 convaincante.

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    Un camion de type 6 X 4 déplace et installe le pressoir à côté du chai

     

                L’unité de pressurage mobile montée sur un camion de F Gousseland a fait sa première campagne de vendanges en 2 017. Le camion, un modèle 6 x 4 polybenne Ampliroll monte et descend le pressoir avec facilité et sans contraintes particulières par rapport à la manipulation des caissons de céréales. Le poids du châssis mobile du pressoir à vide ( 8 tonnes au total dont 4,5 t pour le pressoir seul) est nettement inférieur à celui d’un caisson rempli de blé. La seule option qui a été introduite concerne le système de relevage arrière qui facilite l’élévation  du châssis du pressoir. Lors du transport, les quatre pieds télescopiques du pressoir sont repliés de façon à ce que la largeur du module de transport ne dépasse pas 3 m. F Gousseland a souhaité que les pieds du pressoir soient équipés  de vérins hydrauliques pour faciliter les réglages en hauteur et  l’installation du matériel. Ce sont les prises hydrauliques du camion qui ont été utilisées pour positionner le châssis mobile devant le chai. Les premiers essais du prototype de châssis mobiles Ampliroll ont montré qu’il était nécessaire d’effectuer des agencements pour fiabiliser le transport du pressoir.

     

     L’équipement a donné satisfaction lors des vendanges 2017

     

     La première campagne d’utilisation de l’unité mobile a donné satisfaction à F Gousseland : « L’utilisation du pressoir mobile au cours des vendanges 2 017 s’avère globalement positive. Au moment de l’installation du pressoir, le déploiement des béquilles hydrauliques s’est révélée être très pratique. Ensuite, le fait de pouvoir commander l’ensemble des opérations de chargement de la vendange, de pilotage des cycles de pressurage et de vidage des marcs à partir du pupitre posé au sol s’est avéré très fonctionnel. Nous n’avions  besoin de monter sur les passerelles  que le soir pour finir le nettoyage de la cage. Le lavage automatique des drains s’est montré très efficace tout au long de la saison. L’autre point fort de cette installation est la rapidité de vidage des marcs. En moyenne, il fallait 8 à 10 minutes pour vider complètement la cage de 115 hl. L’accès aux passerelles est parfaitement sécurisé et mon père, mon frère et moi n’avons pas été gênés par la situation à 4,50 m de hauteur. Nous n’avons pas rencontré de problèmes techniques au niveau du fonctionnement du pressoir. Par contre, la finalisation du châssis mobile a été un peu complexe mais la Sct Simoneau a fait le nécessaire pour rendre l’équipement pleinement opérationnel ».

     

    Un nouveau concept d’unité mobile qui suscite un véritable intérêt

     

                La société Simoneau a réalisé en quelque sorte un prototype de châssis mobile Ampliroll qu’il a fallu faire évoluer pour  maîtriser la répartition des charges sur le porteur de type 6 x 4. Raphaël Fairé, le responsable commercial de la Sct Simoneau estime que la réalisation de ce premier châssis mobile sur camion suscite beaucoup d’intérêt : « Le fait concevoir une unité mobile de pressurage que l’on puisse déplacer avec un camion polybenne nous paraît être une solution technique intéressante pour des pressoirs d’une capacité supérieure à 80 hl. La technologie des châssis sur béquilles présente divers avantages, une simplicité de fabrication et d’utilisation, l’absence de frais d’entretien et un coût plus accessibles sur le plan financier. La première fabrication pour F Gousseland a été en quelque sorte un prototype dont nous avons tiré les enseignements. Des études sur mesure de conception des châssis Ampliroll sont nécessaires car le gabarit des pressoirs différe selon les constructeurs. Il nous semble que les matériels les plus lourds devront être portés par des camions de type 8 x 4 qui possèdent une bonne stabilité. Le déplacement des pressoirs avec des camions polybennes nous paraît être une solution réaliste dans la région de Cognac car un parc de porteurs est disponible auprès des coopératives et des négoces effectuant de la collecte de céréales. La location d’un véhicule pendant quelques demi-journées entre le 20 septembre et 15 octobre pourrait être une solution intéressante».

     

                                                                                      

     

               

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