Une Nouvelle Plaquette De La Collection « Les Cépages d’Aquitaine »

20 février 2009

Les cinq Chambres d’agriculture d’Aquitaine publient une plaquette consacrée aux Carmenère N, Petit Verdot N, Cot N, Fer N et Abouriou N. Ce nouveau document complète la collection « les cépages en Aquitaine ». A ce jour, les principaux cépages blancs, les Merlot, le Tannat N et les Cabernet ont déjà été édités. Le tout est présenté dans un étui avec une description du vignoble aquitain et le travail de sélection clonale. A venir : les cépages blancs moins répandus. L’objectif de cette plaquette ? Mettre à disposition des viticulteurs aquitains un outil technique qui les guidera dans le choix du cépage, au moment de la plantation. Pour vous procurer ces plaquettes et leur étui, contactez le service Vigne de la Chambre d’agriculture de la Gironde à l’initiative de ces supports – 39, rue Michel-Montaigne, BP 115, 33294 Blanquefort cedex.
Tél. 05 56 35 00 00. Fax : 05 56 35 58 59.
E-mail : vigne@gironde.chambagri.fr. Nous publions une synthèse concernant la Carmenère, le Petit Verdot et le Cot noir.

La Carmenère N – Un peu d’histoire

fleurie.jpgLa Carmenère N est un des plus vieux cépages du Bordelais (elle est décrite dans des ouvrages du XVIIe siècle). Cependant, suite à l’invasion phylloxérique, sa production, irrégulière et faible dans notre région viticole, l’a quasiment fait disparaître (une dizaine d’hectares actuellement dans le Bordelais).

Au contraire, ce cépage, longtemps confondu avec du Merlot N, est considérablement planté au Chili ; 2 300 hectares de Carmenère ont été recensés en 2000 dans ce pays. Ce cépage a également été confondu avec du Cabernet franc N en Italie et en Californie (P. Hinrichsen et al., 2001).

La Carmenère est parfois nommée Carmenelle, Cabernelle, Grande Vidure dans le Médoc, Carbouet dans les Graves ou Bouton blanc à Saint-Loubès (33).

Caractéristiques de la Carmenère N

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Œnologiques

Les vins jeunes sont très colorés, tanniques, très herbacés, poivrés, riches et moelleux. En vieillissant, ces vins gardent leurs caractéristiques qui deviennent plus discrètes et gagnent du corps. L’assemblage avec le Petit Verdot et le Cabernet Sauvignon N donne un produit remarquable. Les moûts issus de Carmenère sont très peu acides. Il faut donc être vigilant pour éviter que la fermentation malolactique ne démarre avant la fin de la fermentation alcoolique.

Sélection clonale de la Carmenère

Il n’y a actuellement aucun clone agréé de Carmenère N. La Chambre d’agriculture de la Gironde a réalisé, dans le Médoc, une prospection dans les années 60. Cependant, il a été très difficile de trouver des clones indemnes de viroses graves. Nous avons pourtant réussi à en sélectionner quelques-uns. La Chambre d’agriculture de la Gironde a fait une demande d’agrément qui devrait aboutir en 2002. Ce clone ne sera pas disponible chez les pépiniéristes avant 2006.

Et la biodiversité ?

Il n’y a actuellement aucun conservatoire de Carmenère N. La Chambre d’agriculture projette d’en planter un très prochainement, avant la disparition des quelques vieilles parcelles existantes.

Conclusion

La Carmenère N est peu plantée actuellement. Cependant, en faible quantité dans l’assemblage, elle permet la production de vins typés. Les surfaces plantées devraient sensiblement augmenter dans cette région viticole avec l’agrément d’un clone.

Le Petit Verdot N – Un peu d’histoire

Le Petit Verdot N était autrefois considéré comme une variété propice aux plaines et aux palus du Médoc. Cependant, il pourrait être originaire des Pyrénées. En effet, Levadoux a trouvé en 1950, dans la vallée d’Aspe, une Lambrusque très proche du Petit Verdot N, ayant résisté au phylloxera. Dans le Bordelais, les surfaces en Petit Verdot N ont chuté ces trente dernières années. Les viticulteurs en plantent de nouveau, depuis quelque temps. Généralement, les crus classés du Médoc consacrent 5 à 10 % de leur encépagement à cette variété de vigne. Il est aussi présent depuis peu dans de nouveaux pays viticoles (Chili, Californie, etc.).

Il existe quelques synonymes pour ce cépage, comme par exemple : Verdau (Gironde), Héran ( Landes ), Lambrusquet (Pyrénées-Atlantiques) et Carmelin (Dordogne).

Caractéristiques du Petit Verdot N

         Ampélographiques
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Œnologiques

Permet la production de vins très colorés, épicés, très riches en tanins. Ce cépage est utilisé en assemblage dans les vins de garde. Difficile à déguster les premières années, du fait de sa richesse en tanins, il s’arrondit en vieillissant.

Sélection clonale du Petit Verdot N

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Actuellement, 2 clones sont agréés. Le clone 400 a été agréé en 1975. Il est originaire des Pyrénées-Atlantiques. Le clone 1058 a été agréé en 2001. Il est originaire de la Gironde. Ce clone sera disponible chez les pépiniéristes à partir de 2006.

Comparaison de clones de Petit Verdot N

Caractéristiques de l’essai – Appellation Médoc ; porte-greffe 101-14 MGt ; sol sableux ; sous-sol graveleux ; densité de plantation 6 500 pieds par hectare ; nombre d’années d’études : 5 ans.

Bilan des expérimentations

1058 est moins productif car il est moins fertile que le clone 400.

1058 donne des vins plus riches en polyphénols totaux avec une intensité colorante plus élevée. L’essai a été réalisé sur un terrain précoce. Dans un autre essai, sur un terroir plus froid, 1058 s’est révélé plus tardif que le clone 400 et a eu du mal à mûrir correctement.

Et la biodiversité ?

2 conservatoires de Petit Verdot N ont été mis en place en 2001 et 2002. Le premier est sur le domaine de Luchey, appartenant à l’ENITA (Ecole nationale d’ingénieurs des techniques agricoles). Il comprend 88 clones dont le 400 et le 1080. Le second est sur le domaine du Grand Parc, propriété de l’INRA (Institut national de recherche agronomique). Il comprend 86 clones dont le 400 et le 1058. Certains clones sont présents sur les 2 parcelles.

Conclusion

Cépage encore peu planté dans le Bordelais mais qui connaît un regain d’intérêt depuis quelques années. C’est une variété très qualitative qui apporte du corps et de la couleur, en assemblage, dans les vins de garde.

Le cot N – Un peu d’histoire

D’après M. Galet, le Cot N serait originaire du Quercy et du vignoble de Cahors. En Gironde, il a tout d’abord été appelé « Étranger ». Il a ensuite pris le nom des personnes qui l’ont planté : M. Luktens à Camblanes au XVIIIe siècle, puis M. Malbeck à Sainte-Eulalie et M. Pressac à Saint-Émilion. Avant 1874, le Cot N était le cépage rouge le plus cultivé dans le Bordelais. Il représentait 4/5e de l’encépagement rouge du Bourgeais et de Coutras et 3/4 de l’encépagement rouge de Cadillac, de Créon et de Carbon-Blanc. Cependant, ces surfaces ont considérablement baissé suite à l’invasion phylloxérique car avec le greffage, il donnait des rendements trop élevés et donc des vins trop légers. Le Cot N a été cultivé dans plus de 30 départements. Il existe donc de nombreux synonymes comme : Malbec, Préchat (Libournais), Grappe rouge (Médoc, Graves et Lot-et-Garonne), Tinturin (Blayais), Queue rouge (Dordogne et Lot-et-Garonne), Bouchales (Landes), etc.

Caractéristiques du Cot N

        Ampélographiques
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Œnologiques

Les conditions de production ont une incidence très importante sur la qualité des vins. Si les rendements sont faibles à moyens, le vin de Cot N est coloré, riche en tannins, fruité et plus tendre que celui des Cabernet. En revanche, si la production est élevée, les vins auront des goûts herbacés et végétaux, ils seront durs et amers. Les vins rosés réalisés à partir du Cot N sont colorés mais manquent souvent d’arômes.

Le principal de la prospection a été réalisé dans le vignoble de Cahors. Dans le Bordelais, une collection d’étude a été mise en place au Domaine du Grand Parc, à l’INRA en 1966. Elle a permis l’agrément de 3 clones. En 2001 l’agrément de 1061 a été réalisé à partir des données d’une seconde collection d’étude (cf. comparaison de clones de Cot N). Ce clone sera disponible chez les pépiniéristes à partir de 2006.

Sélection clonale du Cot N mes_a_la_rec.jpg

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Globalement, les 2 clones sont très productifs. Cependant le poids moyen par souche de 1061 est inférieur à celui de 180. Le premier est plus fertile avec un poids des grappes moins élevé. En revanche 1061 a des baies significativement plus grosses que 180.

1061 donne des vins plus riches en polyphénols. En 1998 et 2001, il n’y a pas de différences entre les 2 clones à la dégustation. En revanche, les 2 autres années, 1061 a été significativement préféré.

Bilan des expérimentions

1061 ressort positivement par rapport au 180 à la dégustation. Il se distingue par des vins plus riches en polyphénols et notamment en anthocyanes. 1061 est plus fertile que 180. Il a des baies plus grosses mais des grappes plus petites. C’est pourquoi il n’y a pas de différence de rendement entre les 2 clones.

Et la biodiversité ?

Un conservatoire de Cot a été mis en place en 1966 sur le Domaine du Grand Parc (INRA) à Latresne (33). Il est composé de 52 clones. De plus, l’INRA et la Chambre d’agriculture du Lot ont planté en 1993 un second conservatoire comprenant 180 clones, à Anglars-Juillac (46). Enfin, l’ATAV (Association technique pour l’amélioration de la viticulture) Val de Loire a installé, en 1992, un conservatoire de 30 clones à Amboise (37).

Conclusion

Ce cépage est intéressant en assemblage car il apporte des notes fruitées. Cependant, il est indispensable de freiner sa production pour obtenir un produit de qualité.

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