Place Net Aux Idées Reçues

28 mars 2009

La Rédaction

Ignorantus, ignoranta, ignorantum… Internet reste pour la plupart d’entre nous une étrange planète, recelant de nombreuses zones d’ombres. Web designer spécialiste du multimédia, Stéphane Charbeau, de la société « n.141.com », a créé le nouveau site internet du BNIC. Ce Cognaçais, musicien et généalogiste à ses heures perdues, a accepté de nous guider dans les arcanes de la toile. Au passage, il tord le cou à quelques idées reçues.

 

« Le Paysan Vigneron » – En matière de création de site internet, peut-on dire que le beau est l’ennemi du bien. En d’autres termes, un site riche en trouvailles et animations visuelles est-il moins efficace qu’un site plus dépouillé ?

stephane_charbeau.jpgStéphane Charbeau – Personnellement, j’ai un long passé graphique. Je suis donc sensibilisé à l’aspect visuel. Sur internet, où tout se déroule sur un écran, l’image tient un rôle essentiel. Donner une bonne image de soi représente un gage de qualité. Quelque part, cela signifie que votre produit est à l’unisson. Certes, l’idée n’est pas de fabriquer de belles images sans rien derrière. Il faut du contenu. Mais prendre soin de certains détails, fignoler l’esthétique ne peut pas être contre-productif. Des photos, une musique originale, quelques effets visuels… tout cela tend à provoquer une immersion de l’internaute dans votre monde, dans une ambiance qui vous appartient.

« L.P.V. » – Peut-on dire que les animations flash ralentissent la vitesse de navigation ?

S.C. – Ce débat est totalement désuet. La technologie « flash » qui permet de créer des séquences animées a sans doute été mal utilisée aux balbutiements du net, dans les années 1996-1998. Aujourd’hui et même si beaucoup de gens continuent de tenir ce discours, il n’a plus lieu d’être. Les animations flash sont plus légères que le reste.

« L.P.V. » – Le nouveau site du BNIC a beaucoup d’allure. Mais n’est-il pas un peu trop foisonnant ? L’internaute moyen n’aura-t-il pas du mal à se repérer dans les quatre univers qui lui sont proposés ?

S.C. – Quand vous concevez un site, deux grandes options s’offrent à vous : le dépouillement visuel ou une certaine sophistication. Par exemple, pour le public de Que Choisir, il est clair que vous privilégierez la simplicité car il doit aller directement à l’information. Des sites plus institutionnels nous offrent des exemples de sophistication graphique. Le site du BN se situe un peu entre les deux. L’internaute ne doit pas perdre son temps mais il faut bien assumer l’aspect encyclopédique ainsi qu’une demande en terme d’image, d’image de marque. Dans le cahier des charges de l’interprofession figuraient les termes « qualité », « premium »… afin que le site restitue l’idée de produit haut de gamme. En la matière, tout est affaire de compromis. Vous recherchez la simplicité, vous tentez de trouver des outils mais à un moment donné, un butoir existe. Vous ne pouvez pas faire plus simple. D’ailleurs, quelle que soit la matière, un certain apprentissage n’est-il pas incontournable ? Dans une bibliothèque, les bouquins sont rangés, des fiches existent, vous devez apprendre à vous repérer. Quand vous achetez une voiture, il vous faut savoir conduire. Au sujet d’internet, a-t-on vraiment intérêt à trop baisser le niveau ? Cela dépend des cibles c’est vrai. On me dit que l’internaute est zappeur. Mais s’il zappe trop vite, s’il reste trois secondes et demie sur votre site, est-il vraiment un visiteur intéressant pour vous ? Le créateur de site est toujours en quête du graal : s’adresser à la masse tout en essayant d’être élitiste, faire des choses simples sans trop niveler par le bas, défendre l’image de marque tout en s’adressant au plus grand nombre.

« L.P.V. » – Les compétences personnelles du web-designer ont-elles tendance à orienter ses propositions ou se met-il à l’écoute du client ?

S.C. – Sous le vocable de « créateur de site », il est indéniable que plusieurs sensibilités cohabitent. Il y a, par exemple, des programmeurs qui peuvent aligner des lignes de codes à longueur de journée et aussi des gens plus artistes qui se consacrent à l’aspect créatif. A côté, on trouve des gens plus artistes, qui travaillent davantage sur le graphique, le visuel. Au début du web, un clivage a pu exister entre ces métiers. A l’ère du multimédia, toutes les compétences se croisent. On le voit bien sur les sites des grands comptes (des grands institutionnels). Ils sont à la fois gorgés de base de données et très beaux d’un point de vue formel. Les deux ne sont pas incompatibles.

« L.P.V. » – La possibilité de modifier soi-même son site en ligne est présentée comme un « plus ». Est-ce si facile qu’on le dit ?

S.C. – Il existe aujourd’hui des logiciels simples et peu onéreuses qui vous permettent en effet de modifier en ligne votre site. Il s’agit du système dit « d’administration ». Vous lancez le logiciel et il se comporte comme un navigateur. Un clic sur « modifier la page » et vous disposez d’un mini-Word qui va changer le é en e. Vous faites « insérer » puis « publier » et c’est tout ! Je le propose et je l’installe fréquemment chez mes clients. La plupart du temps, il se greffe sur les sites existants. Flash ou pas flash, peu importe ! Il permet d’intervenir de façon dynamique sur le texte et les photos. Évidemment, des exceptions existent, liées à la façon dont a été conçu le site. Par ailleurs, il faut utiliser des mots de passe et en général, j’exerce un dernier regard car il y a des choses à ne pas faire. Au préalable, je détermine avec mes clients les zones accessibles. Je ne leur parle pas de langages informatiques, ça ne sert rien. Inutile de les assommer avec des termes dont certains n’ont même plus cours. Que cela fonctionne sous DHTML, PHP ou ASPX, peu importe.L’essentiel, c’est que ça marche.

« L.P.V. » – Qu’entend-on par « hébergement » ?

S.C. – Un site est constitué de fichiers. Pour rendre ces pages accessibles au public, il faut bien les mettre quelque part. On les confie à un hébergeur qui dispose du matériel nécessaire afin de placer votre site sur le réseau. En plus du stockage et de la mise en réseau, les hébergeurs proposent des services supplémentaires : analuse du trafic, statistiques… Pour rendre votre site accessible, vous allez ensuite déposer une adresse, un nom de domaine. Les tarifs moyens avoisinent les 2 € par mois, parfois plus, parfois moins selon les différents cas de figure : .fr ou .com, engagement pour un an ou deux ans… En tant que créateur de site internet, je m’occupe de la partie administration : dépôt de nom de domaine, réservation d’espace… J’essaie de faire en sorte que le client n’est rien à faire. Le coût annuel d’un hébergement va de 100 à 300 €. Mais il existe également des formules mutualisées quasi gratuites convenant à des pages perso. Le coût de l’hébergement ne doit pas être un frein. Des solutions peuvent toujours être trouvées.

« L.P.V. » – Parlant coût, à combien revient la conception d’un site internet ?

S.C. – C’est très très variable. Moi j’ai l’habitude de dire que la fourchette va de 1 000 à 30 000 €. En fait, tout se calcule en journées de travail. C’est l’unité de mesure. Les personnes peuvent aussi choisir le système de l’abonnement sur un ou deux ans. Cela coûte un peu plus cher mais, comptablement, ça peut être intéressant.

« L.P.V. » – Il faut toujours demander un devis.

S.C. – Bien sûr mais l’exercice a aussi ses limites. On ne peut comparer que ce qui est comparable et quand on ne s’y connaît pas… Des zones de flous existent. Des offres paraissent très alléchantes mais il s’agit en fait de gabarits, un « copier-coller » de sites déjà existants. Le néophyte peut se faire avoir.

« L.P.V. » – Quel remède ?

S.C. – Quand vous ne savez pas, regardez ce que le prestataire a déjà fait. A prix comparable, choisissez plutôt le type qui a de l’expérience et des références plutôt qu’un autre. Ceci étant, la méthode n’est pas infaillible et nous avons tous été débutant.

« L.P.V. » – Pouvez-vous nous dire un mot du référencement ?

S.C. – C’est la partie obscure du métier mais qu’il ne faut surtout pas négliger. Un beau site qui ne serait pas visible ne servirait à rien. L’internaute doit pouvoir facilement vous trouver sur la toile. Stricto sensu, le référencement est l’opération qui vise à inscrire le site internet dans les annuaires et les différents moteurs de recherche. Les annuaires sont des sites portails spécialisés. Il en existe dans tous les domaines, médical, sportif, vins, spiritueux… Le site du BNIC, avec sa liste de producteurs et de négociants, peut être considéré comme un site portail dans la mesure où il regroupe d’autres sites et possède des fonctions de moteur de recherche. Pour figurer sur un annuaire, il faut faire preuve d’une démarche active. Ce n’est pas l’annuaire qui viendra vous chercher. Il existe des annuaires gratuits et d’autres payants. L’intérêt d’un annuaire réside dans le tri du public. Les gens qui viennent sur le portail sont déjà potentiellement intéressés. Leur visite est à priori plus qualitative qu’une visite via un moteur de recherche. Ceci étant, le moteur de recherche reste un vecteur incontournable. Et quand on sait que Google occupe une part de marché d’environ 80 %, il ne faut pas le rater. L’inscription au moteur de recherche ne suffit pas. Il faut l’anticiper par tout un travail d’amont, qui ne se voit pas mais qui est fondamental en terme de stratégie de référencement : préparation du site, analyses des cibles, liste de mots clés… L’enjeu consiste à figurer le plus haut possible sur la page de résultat d’une recherche. Des techniques existent, synonymes de budget. Des sociétés spécialisées ne font que ça. Chez moi, un référencement simple coûte une centaine d’euros à l’année et trois fois plus pour un référencement avancé. Ces sommes ne sont pas forcément reconductibles tous les ans car le plus gros du travail se fait à la naissance du site. En matière de référencement, il convient de ne pas négliger non plus les « petits trucs », parfois très efficaces, comme la communication de l’adresse du site à une liste de personnes ou le renvoi sur des sites amis, avec réciprocité.

« L.P.V. » – Le propriétaire d’un site peut-il s’occuper lui-même du référencement ?

S.C. – Pourquoi pas. A priori tout le monde est potentiellement capable de tout faire, courir le marathon, créer un site ou s’occuper de son référencement. Encore faut-il s’en donner les moyens. Et, en informatique comme dans d’autres disciplines d’ailleurs, ces moyens passent par un temps d’apprentissage. Il est mensonger de prétendre – comme on l’entend parfois – qu’il est possible de fabriquer un site en une heure. L’informatique est un domaine technique à part entière, qui prend parfois des allures d’usine à gaz. On peut s’y perdre très vite.

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