Si la région délimitée savoure une confiance retrouvée en son produit phare, cette confiance n’est pas aveugle. La vigilance en éveil se nourrit sinon d’une conviction, du moins d’un sentiment diffus – « l’histoire se répète ». C’est ainsi que la légère contre-performance des ventes de Cognac sur le mois de mars 2007 n’a pas échappé à grand monde. Après une longue série d’augmentations, les expéditions du mois de mars sur les marchés étrangers ont décroché d’un petit -1,8 % par rapport à mars 2006. L’explication provient essentiellement des 3 000 hl AP manquant aux Etats-Unis (13 321 hl AP expédiés en mars 2007 contre 16 221 hl AP sur la même période en 2006) ainsi que d’un fléchissement sur quelques marchés européens, dont la Grande-Bretagne. Cette baisse mensuelle n’a pas été totalement compensée par les scores dithyrambiques de la Chine (+ 110 %), de la Russie (+ 144 %) ou encore de la Suède (+ 286 %). Tout cela n’altère en rien la bonne mine de l’année mobile, qui sur les 12 mois glissant, se présente toujours à + 9,2 % (avec un marché américain en hausse de 2 % sur 12 mois, à 150 000 hl AP). Commentaires de Jean-Pierre Lacarrière, président de l’interprofession du Cognac : « Sur un mois, il est impossible de tirer une quelconque interprétation tant sont nombreux les paramètres qui peuvent influer. Par ailleurs, le mois de mars 2006 s’avérait particulièrement bon. Ce n’est que sur une période de six mois que l’on peut commencer à dégager une tendance. Et l’année mobile, qui constitue pour moi la meilleure référence, reste très bien orientée. »
S’il y existe un autre chiffre bien orienté, c’est celui des achats du commerce. Face à des sorties de 485 580 hl AP sur l’année mobile, les achats du négoce s’élèvent à 590 614 hl AP, en progression de + 7,5 %. Le différentiel entre achats et sorties permet juste de dire que le négoce stocke. Pour combien de temps ? Le temps de l’expansion ?
En février dernier, furent renouvelés les membres des quatre Comités nationaux INAO, dont le Comité national vins, eaux-de-vie et boissons spiritueuses. Au passage, la réforme a opté pour un format resserré, puisque la loi d’adaptation a fait passer les effectifs de chaque Comité de 80 à 50. Au détour de ce « dégraissage », la région délimitée craignait pour sa représentation, elle qui avait progressé successivement de deux, puis trois et enfin quatre membres. En effet, un moment, sa représentation fut ramenée à trois, deux négociants et un viticulteur. Mais le ministre de l’Agriculture a nommé Christian Baudry comme personnalité qualifiée en tant que président de la Confédération nationale des vins de liqueur d’AOC, ce qui permet à la région de retrouver ses quatre représentants : deux viticulteurs, Philippe Boujut et Christian Baudry, et deux négociants, Yann Fillioux et Jean-Pierre Lacarrière. Ce dernier a par ailleurs été désigné comme président de la commission nationale eaux-de-vie, une commission qui a toujours été considérée comme l’étape préalable à toutes décisions en comité plénier et où siègent dorénavant plus de représentants du monde des eaux-de-vie. Pour J.-P. Lacarrière cette nomination est le signe « que le Cognac est reconnu comme le spiritueux le plus important en France ». Siègent également à la commission eaux-de-vie Yann Fillioux et Philippe Boujut. Ph. Boujut se retrouve avec ses douze collègues présidents de CRINAO membre de droit du comité permanent de l’INAO où J.-P. Lacarrière figure dans le collège des négociants. Enfin Jean-Pierre Lacarrière est également membre du conseil permanent de l’INAO, comité restreint considéré comme le conseil d’administration de l’INAO. Cette nomination est interprétée comme une marque de confiance.
La directrice de l’INAO vient de changer. Marion Zalay remplace Sophie Villers à ce poste. Membre du cabinet de Hervé Gaymard alors qu’il était ministre de l’Agriculture, M. Zalay l’avait suivi au ministère des Finances.
De manière imminente, on attend la publication au Journal officiel de la procédure d’opposition qui présidera dorénavant à la modification des décrets d’appellation (ou plutôt des « cahiers des charges » selon la nouvelle terminologie). Dans la foulée sera donc conduite sous ce nouveau protocole la révision des décrets Cognac de 1936 et de 1938 comme celle du décret Pineau.