Un Nouveau Directeur à Revico

2 mars 2009

Nicolas Pouillaude succède à Marcel Ménier à la tête du « navire amiral » de la dépollution charentaise, spécialisé dans le traitement des effluents de distillation.

nicolas.jpgArrivé en 1971, juste après la création du GIE Revico (en 1970), Marcel Ménier a fait valoir ses droits à la retraite en avril dernier. Durant 35 ans, ce scientifique de terrain à la passion communicative aura contribué à modeler et développer le bel outil qu’est devenu Revico. Pendant dix ans directeur technique du site, on lui confie les clés de l’usine de dépollution de Jarnouzeau en 1981. C’est notamment sous son impulsion et celle de la société Martell qu’en 1984 le site fait le choix déterminant de la méthanisation comme méthode de traitement des effluents de distilleries. Marcel Ménier a fonctionné en binôme avec son successeur durant six mois avant de lui passer le témoin le 1er février 2006.

Agé de 38 ans, Nicolas Pouillaude partage avec Marcel Ménier la même formation. Ils sont tous les deux issus d’une école d’ingénieur de Poitiers spécialisée dans le traitement des eaux (l’Esip). Mais la proximité ne s’arrête pas là. N. Pouillaude connaît bien la terre de Charente pour y avoir travaillé pendant six ans – de 1993 à 1999 – au sein d’Analysis, la société fondée par Nathalie Prulho. Il découvre les distilleries, leur environnement et leurs problèmes. De 1993 à 2005, il s’occupera du développement d’une agence régionale basée à Poitiers, orientée vers l’ingénierie des stations d’épuration et de dépollution. Retour en Charente en octobre 2005 où Nicolas Pouillaude intègre Revico. Aux côtés de Marcel Ménier, il va mettre en pratique ses connaissances théoriques sur la méthanisation, une technique qui sollicite « un pilotage très fin ». Car si la méthanisation offre un énorme intérêt, celui de récupérer une source d’énergie (le bio-gaz), en contrepartie elle présente un caractère relativement capricieux. Les bactéries à la base du système de dépollution craignent l’indigestion. Face à une trop grosse charge polluante, elles ont tendance à s’autodétruire en générant leur propre poison. Seul remède, la diète ! Pour éviter d’en arriver à de telles extrémités, le laboratoire ausculte tous les jours une dizaine de paramètres physico-chimiques essentiels au réglage des digesteurs. N. Pouillaude a salué l’énorme capital d’expérience et de savoir-faire de la vingtaine de techniciens et d’employés de laboratoire qui, au quotidien, font tourner l’usine.

digérer des vinasses

En quelques mois, du 1er novembre au 31 mars, Revico reçoit 2,8 millions d’hl vol. de vinasses (90 à 95 % des résidus traités sur le site). Aujourd’hui l’usine met environ 9 mois à les digérer. « Nous ne souhaitons pas disposer d’une capacité de traitement instantané car cela signifierait que les installations ne fonctionneraient que la moitié du temps. » Au contraire, pour 2006, un gros programme d’investissements vise à doter l’outil d’une capacité supplémentaire de conservation et de concentration des vinasses. Objectif ? Faire travailler les méthaniseurs le plus longtemps possible. Les travaux en cours feront progresser d’un tiers le stock disponible (actuellement de 300 000 hl vol.) et augmenteront d’environ 25 % la capacité de concentration. L’an dernier, Marcel Ménier avait lui-même tiré la sonnette d’alarme sur ce point. Une autre de ses ambitions, dont il était le plus fier peut-être, consistait à se rapprocher de l’autosuffisance énergétique. Le nouveau directeur reprend cet objectif à son compte en inscrivant dans son plan de marche « une amélioration de la gestion de la ressource en bio-gaz ». Nicolas Pouillaude se propose également de continuer la réflexion initiée par son prédécesseur sur un éventuel élargissement de l’offre de Revico, élargissement qui porterait sur un pré-traitement sur place des résidus phytosanitaires issus de la viticulture. « Revico est un outil au service des acteurs du Cognac. Sa vocation est d’assurer le meilleur traitement au meilleur prix, ce que nous faisons je crois. »

La méthanisation, une technique bien adaptée aux effluents de distilleries

La méthode ne s’applique pas partout. Il faut d’abord que la source de pollution soit d’origine carbonée (composées de matières organiques), ce qui est le cas avec les vinasses. Il faut ensuite que les résidus contiennent peu d’éléments inhibiteurs ou d’éléments toxiques, qu’ils ne soient pas contraires à la méthode (comme les sulfates) ou agressifs pour les matériaux (tels les chlorures). Enfin, la méthanisation réclame un pilotage fin (voir ci-contre). Elle suppose donc de s’adresser à une source de pollution de qualité homogène et constante, aux caractéristiques connues et bien maîtrisées. Les vinasses répondent à ces différents critères.

Revico met en œuvre une filière de traitement complet, qui ne s’arrête pas à la seule méthanisation. Le process débute par l’étape de la concentration des vinasses (par la technique de concentration sous vide). Elle se poursuit par la précipitation tartrique, pour extraire une partie de la pollution carbonée (avec valorisation du tartrate de calcium). C’est à ce stade qu’intervient la phase de la méthanisation. Elle est suivie, en complément, par un traitement aérobie et, « cerise sur le gâteau », par un lagunage partiel. Au final, le taux d’épuration dépasse les 98 %. Le système génère très peu de résidus et ceux-ci sont, autant que faire se peut, auto-consommés par le système lui-même. En terme d’énergie, l’idée de base fut toujours de chercher à rendre l’usine le moins énergivore possible, pour économiser l’énergie fossile. Dans le process de Revico, le bio-gaz produit par la méthanisation sert à faire fonctionner des générateurs de vapeur, eux-mêmes utilisés à plusieurs fins : alimenter en énergie les concentrateurs, les colonnes de distillations (prestations viniques et article 28), les digesteurs (maintenus à température constante de 37°) et, pour mémoire, les serres de Cognac.

Dans le grand Sud-Ouest, une autre installation fonctionne sur le même modèle. Il s’agit de l’UCVA, qui possède deux méthaniseurs.

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