L’équipe dirigeante de Syntéane a choisi depuis de nombreuses années de mettre en place une stratégie de développement réaliste de la coopérative afin de pouvoir concilier les attentes des sociétaires et les fluctuations du contexte économique. L’environnement incertain des filières céréalières et viticoles au début des années 2000 avait été à l’origine d’une réflexion de fond sur l’organisation et le fonctionnement des différents métiers de l’entreprise. Les métiers de base de la coopérative (la collecte céréalière, l’approvisionnement, le pôle viticole) et les différentes filiales (Unicognac, Sphère production, Syntonie distribution) ont connu des évolutions reposant à la fois sur une volonté de rationalisation des coûts et de développement raisonné de l’activité. Le contexte actuel globalement plus porteur mais encore plus fluctuant rend toujours d’actualité la poursuite des réflexions prospectives sur les structures de l’entreprise. Les bons résultats de la coopérative en 2007-2008 mais aussi les années précédentes ont permis de consolider la structure financière de l’entreprise. Le conseil d’administration présidé par M. Michel Grenot et l’équipe de direction animée par M. Thierry Lafaye ont l’ambition d’aborder l’avenir en ayant une stratégie de développement plus marquée. Il est aussi probable que les structures et l’organisation de l’union Charente Alliance connaîtront dans le courant de l’année 2009 une nouvelle évolution souhaitée par les deux coopératives mères, Syntéane et la Coopérative agricole de la Charente.
Un exercice 2007-2008 exceptionnel
L’exercice 2007-2008 clos au 30 juin dernier est sans précédent car, malgré des petites récoltes de céréales à paille, la coopérative dégage des résultats exceptionnels. Le dynamisme du secteur approvisionnement et surtout les niveaux élevés de valorisation des céréales ont conduit à l’obtention de résultats financiers presque « inespérés ». M. Thierry Lafaye, le directeur, porte un regard lucide sur cette situation qui est bien sûr très satisfaisante : « Il y a eu une conjonction d’éléments favorables durant cet exercice mais l’élément essentiel a été l’augmentation historique des prix des céréales. Des récoltes mondiales décevantes, des niveaux de stocks bas, une consommation mondiale en croissance et des phénomènes de spéculation financiers inconnus jusqu’à présent ont fait grimper les cours à des niveaux qui ont surpris tous les observateurs sérieux de la filière. Nous nous félicitons que les agriculteurs aient pu pleinement bénéficier de cette situation. Néanmoins, on a observé depuis un effet inverse puisque les cours du blé à la fin de l’année 2008 étaient retombés fortement. Le marché des céréales fonctionne désormais dans un contexte de fortes fluctuations qui nous oblige à faire preuve de plus en plus de professionnalisme dans notre activité de metteur en marché. L’envolée des prix des matières premières a eu une influence sur les prix des agrofournitures et tout particulièrement au niveau des engrais. »
Le chiffre d’affaire de la coopérative s’établit à 165 millions d’euros et le résultat atteint 3,9 millions d’euros. Au cours de cet exercice, les compléments de prix, les primes qualitatives sur les céréales et les dotations pour l’intéressement du personnel ont représenté un montant de 19 millions d’€. La coopérative a aussi consolidé sa structure financière en augmentant les capitaux propres qui atteignent le niveau de 44 millions d’€.
Une collecte d’été déficitaire et de beaux maÏs
La récolte céréalière 2007 avait été marquée par l’impact climatique défavorable sur les cultures d’été comme le blé et l’orge dont la collecte a baissé respectivement de 4 % et 20 %. Ce contexte de production défavorable a touché toute l’Europe et le Canada. Les belles productions aux Etats-Unis et en Russie n’ont pas été en mesure de compenser ce déficit et les stocks mondiaux en 2007-2008 ont baissé. La récolte de colza est restée stable (en raison du climat pluvieux et froid d’avril à juillet) malgré une hausse des surfaces de 7 %. La récolte de tournesol sur l’aire de la coopérative a été plutôt bonne, mais l’annonce d’un recul de productivité net en Europe, Russie et Ukraine a entraîné une envolée des cours (de 300 €/t à plus de 600 €/t).
La production de maïs a été la bonne surprise de l’année 2007 grâce à la conjonction de surfaces en hausses et de très bons rendements. Au niveau de la coopérative, la collecte de maïs a augmenté de 40 % alors qu’en Europe, elle a été mauvaise. Globalement, la production mondiale de maïs en 2007 a été en légère augmentation (en raison de l’excellente récolte sur le continent nord-américain) malgré l’effet de sécheresse dans certains pays. La consommation mondiale de maïs a augmenté sous l’impulsion des utilisations pour le bio-éthanol aux Etats-Unis. Les stocks se sont reconstitués mais restaient néanmoins à des niveaux assez bas. Les cours du maïs assez haut en début de campagne n’ont cessé ensuite de baisser. Th. Lafaye a aussi présenté quelques éléments du marché après la récolte 2008. Comme aucune catastrophe climatique majeure au niveau des grandes zones de production ne s’est produite, la récolte a été en hausse de 4 % et les stocks se sont reconstitués. Cela a conduit à une baisse des cours régulière jusqu’à la fin de l’année 2008 pour se situer à des niveaux similaires à ceux de 2006. Depuis quelques semaines, les cours du blé connaissent un léger ressaisissement. Dans un contexte de forte volatilité des cours, le système de valorisation de la coopérative qui repose sur une politique d’acompte et de compléments de prix semble satisfaire une majorité d’agriculteurs. Certains ont choisi néanmoins de gérer directement leur commercialisation en s’appuyant sur des services spécifiques. La volonté des responsables de Syntéane est de proposer pour la récolte 2009, de nouvelles offres aux sociétaires souhaitant intervenir directement sur leur commercialisation de céréales. Parallèlement à ces initiatives, l’engagement dans les démarches de cultures contractualisées reste un axe fort de l’entreprise (plus de 30 % des surfaces).
Des appros qui progressent en volume et en valeur
L’exercice 2007-2008 a été marqué par une certaine tension au niveau des approvisionnements surtout perceptible au niveau des engrais et des semences. La consommation croissante dans un certain nombre de pays émergents semble avoir fait augmenter la demande régulièrement. Le redressement en 2007 des cours des céréales a incité beaucoup de céréaliers français et européens à investir de nouveau dans des fumures de fond plus importantes, ce qui a fait grimper la demande à un niveau supérieur aux capacités de production des industriels. Les prix ont alors grimpé et l’approvisionnement a été beaucoup plus difficile à gérer. La coopérative a enregistré pour la première fois depuis 1990 une hausse des consommations de potasse et de phosphore (+ 7 % en P205 et + 12 % en K20), et la famille des produits organo-minéraux et des amendements organiques progresse très fortement (+ 12 4 %). Cette catégorie de produit est utilisée presque essentiellement dans le vignoble. Au niveau des produits phytosanitaires, l’exercice a été marqué par un surplus de consommation d’anti-mildiou de la fin mai à la fin juillet. Les réapprovisionnements en cours de campagne ont été parfois assez difficiles et les ventes de morte-saison 2007-2008 ont été supérieures de 20 %. Le printemps et l’été 2008 aussi propices au mildiou ont encore entraîné des niveaux de consommations de fongicides importants. Sur les grandes cultures, la même tendance d’un retour à des investissements de protection des cultures supérieurs a été observée. Au niveau des semences, la forte demande (liée en partie à la réduction des surfaces de gel) a entraîné un climat de tension sur certaines variétés de blé et de maïs. Les fournitures pour le palissage connaissent aussi un développement important en raison de la relance des plantations. Dans le cadre des nouveaux axes de développement, une politique nouvelle de vente des approvisionnements a été mise en place cet hiver pour mieux reconnaître et renforcer la fidélité des adhérents.
Une récolte viticole maigre en volume mais belle en qualité
Au niveau de l’activité viti-vinicole, le millésime 2007 a été assez capricieux. Une succession d’événements climatiques a pénalisé les rendements de tous les cépages. Une pression de mildiou très forte, de la coulure, des orages de grêle localisés ont affecté le potentiel de grappes. L’arrière-saison belle et ensoleillée a permis de sauver la qualité de l’ensemble des productions, de vins de pays, de pineau et d’eaux-de-vie. La coopérative a collecté la production de 1 050 ha en 2007, dont 640 ha d’Ugni blanc, 215 ha de Merlot, 100 ha de Sauvignon, 77 ha de Cabernet Franc et Sauvignon, 15 ha de Colombard, 15 ha d’Arriloba et 13 ha de Chardonnay. La politique de sagesse au niveau des stocks que mène Syntéane depuis de nombreuses années reste toujours d’actualité. Les volumes de Cognac commercialisés par Unicognac s’élèvent à 3 600 hl d’AP et la distillation 2007 aura permis de mettre en stock 4 800 hl d’AP. Un net développement des ventes à l’exportation de Cognac a été observé durant cet exercice. La production de Pineau des Charentes a été volontairement réduite à 9 200 hl d’AP pour des niveaux de ventes qui se sont situés à 13 000 hl vol. (en hausse de 2 %). Au niveau des vins de pays, l’effet petite récolte est plus perceptible puisque 17 000 hl ont été vinifiés alors que la commercialisation a porté sur 22 000 hl. L’activité de la filiale de commercialisation Unicognac a vu son chiffre d’affaires progresser de 4 % alors que les volumes vendus (tout produits confondus) enregistrent un léger recul.
Quelle est la bonne structure économique ?
Les structures d’une coopérative comme Syntéane sont-elles adaptées aux évolutions rapides des exploitations de productions agricoles, à l’environnement des fournisseurs et la nouvelle donne du marché des céréales ? La dimension économique actuelle de l’entreprise sera-t-elle suffisante pour répondre aux attentes du bassin de production dans lequel elle évolue ? Ces interrogations ne sont pas nouvelles et elles constituent des sujets de réflexion que le conseil d’administration a souhaité explorer depuis de nombreuses années.
L’aire d’activité de la coopérative, qui couvre une partie importante du département de Charente-Maritime et du sud Charente, oblige aussi les équipes techniques à s’adapter à la diversité des environnements agricoles. D’ailleurs, toute la démarche d’optimisation de l’organisation de l’entreprise a été construite en respectant les spécificités des différents bassins de productions, des zones 100 % céréalières dans l’Aunis, des zones mixtes céréales et vignes, un secteur à dominante viticole… La philosophie n’a pas été de se concentrer sur un ou deux métiers mais de proposer une offre différenciée de fournitures et de services pour satisfaire les attentes des agriculteurs et des viticulteurs.
Mutualiser les moyens pour mieux négocier les appros et la commercialisation
Les deux métiers de base de la coopérative, la collecte céréalière et l’approvisionnement, ont aussi connu depuis 10 ans de profondes mutations liées aux effets de la mondialisation et aux variations rapides du contexte économique. La concentration des fournisseurs au niveau de l’agrochimie et des producteurs d’engrais a profondément modifié les relations entre ces grandes sociétés et les distributeurs. Construire des gammes cohérentes (sur le plan technique et en terme de coûts), résister à la pression commerciale exercée par un nombre de plus en plus réduit de gros fournisseurs, intégrer des évolutions réglementaires contraignantes (démarches HACCP, stockage des produits phytosanitaires et des engrais), répondre aux attentes plus précises des agriculteurs… ont nécessité une profonde remise en cause de cette activité. Acheter et distribuer des fournitures nécessitent une approche beaucoup plus professionnelle. Mutualiser les moyens entre acteurs pour mieux gérer les négociations et pérenniser les filières d’approvisionnement semble aujourd’hui indispensable. Les fluctuations importantes des cours des céréales et des oléagineux au cours des cinq dernières années ont aussi rendu le rôle de metteur en marché plus difficile et plus risqué. Se doter de moyens d’informations encore plus sérieux et continus pour observer les marchés est devenu essentiel pour valoriser les productions céréalières dans les meilleures conditions. La constitution d’une équipe qui suit en permanence les marchés est devenue un atout supplémentaire pour pouvoir plus facilement « connecter » l’offre à la demande.
L’Outil Charente Alliance ne va-t-il pas devenir plus qu’une simple union
En bref, les discours de M. Grenot et de Th. Lafaye sur ce sujet attestent de l’évolution profonde d’une structure coopérative comme Syntéane en une petite décennie. Les résultats financiers actuels confirment la bonne santé de l’entreprise mais face aux évolutions de plus en plus rapides des métiers de base, comment faut-il aborder l’avenir ? Le conseil d’administration de Syntéane a décidé de se projeter dans l’avenir en nouant des contacts avec leurs collègues de la CAC. Cela a débouché depuis deux ans sur la création de l’union Charente Alliance qui progressivement est entrée dans une phase opérationnelle. L’outil voulu au départ comme une structure « au service » des deux coopératives mères est monté en puissance progressivement. Les équipes de direction ont mené des réflexions communes pour construire les bases d’un travail cohérent et au fil des mois les échanges se sont multipliés et Charente Alliance a trouvé sa raison d’être. L’union a pris en charge les achats des approvisionnements pour les deux coopératives, la commercialisation des céréales et les stratégies commerciales ont été harmonisées. Les hommes des deux entreprises, staff de direction, personnels administratifs, techniciens… travaillent de plus en plus ensemble. L’outil donne pleine satisfaction aux deux acteurs au point que beaucoup de monde se demande quand le mariage va être annoncé ! M. Grenot et Th. Lafaye continuent d’éluder le sujet mais les choses risquent de s’accélérer dans le courant du premier semestre 2009.