SVBC : Réunion avec le négoce

31 janvier 2010

Le syndicat souhaitait échanger « sans filtre » avec le négoce. Pari tenu. Les représentants des principales maisons de Cognac se sont déplacés à l’invitation du SVBC, qui avait réuni ses adhérents salle de la Salamandre à Cognac, le 3 décembre dernier. Mais de la teneur de la réunion, rien n’a diffusé, l’option du huis clos ayant été retenue. Le syndicat a communiqué à l’issue de la rencontre.

svpc.jpgParler de ce que l’on n’a pas entendu. C’est à cet exercice « subliminal » que le SVBC avait convié la presse qui, un moment, a pu se demander que faire de cet ODNI (Objet Disant Non Identifié) ? Mais la presse est bonne fille et comme Jeanne d’Arc capable d’entendre des voix, en l’occurrence celles du SVBC. A l’issue de la réunion, François-Jérôme Prioton et Stéphane Roy se sont chargés de la communication.

« Cette réunion est le premier jalon d’un cycle de rencontres annuelles que nous désirons pérenniser. Nous les nommerons les « réunions de mise au courant » – un clin d’œil à l’étape de la distillation – et elles auront lieu après les vendanges et avant la distillation. Cette année, nous avons souhaité associer à notre réflexion le négoce ainsi que d’autres partenaires de la filière, banquiers, experts-comptables. La mise en place de l’affectation parcellaire et la perspective d’un marché moins porteur posent beaucoup de questions. Dans ce contexte, il nous semblait intéressant de présenter nos propositions à l’ensemble de la filière et d’entendre le point de vue du négoce « sans filtre ». Nous avons choisi le huis clos car la région est engagée dans une phase de négociation. Dans ce cadre, il vaut mieux que les débats restent internes.

Notre syndicat, le SVBC, lance un cri d’alarme. Il n’est pas normal que le fait de s’investir dans le Cognac rapporte moins que l’accès aux « autres débouchés ». Le Cognac n’a pas à servir de variable d’ajustement à ces autres débouchés. Si, cette année, les viticulteurs ont complété les 5 hl AP/ha de leur réserve climatique individuelle, que leur restera-t-il en 2010 ? En cas de récolte conforme à cette année, devront-ils jeter 20 % de leur volume ?

Il n’est pas normal que le rendement Cognac ne permette pas de couvrir le prix de revient d’un ha de vigne et, qui plus est, fasse le
yo-yo, change tout le temps. Pour 2008, les experts-comptables ont relevé un coût de production/ha de 6 163 € par ha, contre 6 177 € ha pour le groupe de travail « coûts de production » du BNIC. A 11 € près, il y a donc convergence totale des chiffres. Actuellement, il faut vendre 9 hl AP/ha pour atteindre le point d’équilibre. Pour notre part, nous revendiquons 9,5 car, en plus d’équilibrer les comptes, nous avons quand même vocation à gagner un peu d’argent. En ce qui concerne le rendement, on pourrait mettre la barre beaucoup plus haut mais il convient peut-être de ménager certaines susceptibilités. Le Cognac est un produit qui coûte très cher à produire. Face à cela, que nous dit le négoce ? Que le Cognac est confronté à la concurrence des Whiskies, Tequilas,
Vodkas, qui reviennent de sept à huit fois moins cher à produire mais sont vendus, pour certains, le même prix que le Cognac. Cela signifie que ces produits dégagent une marge énorme qui leur sert à financer la publicité. Aujourd’hui, nous disons que le Cognac ne doit pas être pénalisé par un handicap structurel trop lourd. Certes, il n’est pas question de produire au même coût que les Tequilas et autres Vodkas mais nous devons quand même faire attention. Il nous semble préférable de gérer nos coûts Cognac plutôt que de rechercher une compétitivité artificielle.

Nous proposons qu’un rendement global de 9,5 hl AP s’applique sur 5 ans et qu’à l’intérieur de ce volume de production, fonctionne un rendement annuel fixé à 8,12 (rendement de l’année 2009) assorti d’une réserve de gestion facultative d’1,38 hl AP. Le viticulteur qui constituerait la réserve de mise en marché connaîtrait sa date de sortie, avec possibilité de déblocage anticipé, par accord entre les deux familles. Si, durant l’espace des 5 ans, le rendement annuel été amené à augmenter, le volume des 9,5 resterait inchangé. Pour compenser, la région irait « taper » dans le stock. Ainsi, pendant une période de 5 ans, la région s’engagerait dans un « contrat de production » de 9,5 hl AP/ha. La réserve de mise en marché aurait-elle vocation à participer au calcul du coefficient de rotation du stock ? Le point est en débat.

Avec ce système, l’idée est de donner à la viticulture une vision de gestion correcte à moyen terme. La constitution d’une réserve de mise en marché ne serait pas obligataire mais relèverait de l’acte volontaire du viticulteur, en fonction de ses engagements avec le négoce. L’objectif du SVBC ne consiste pas à constituer des stocks à l’infini mais de redonner la priorité aux relations viticulture/négoce, à les remettre au centre de la filière. Par ailleurs, il faut avoir à l’esprit que la constitution d’un stock réclame trois partenaires : un viticulteur qui veut stocker, un négociant qui veut acheter et un financier qui veut aider le viticulteur à stocker. Si l’un des trois partenaires fait défaut, il n’y a pas de stockage. Dans tous les secteurs industriels ou agricoles, cela se passe de la même façon. Pourquoi en irait-il autrement à Cognac ? Il faut accepter dans cette région que certains vendent plus que d’autres. Cela a toujours été ainsi, même s’il n’est pas « politiquement correct » de le dire. Nous, en tant que citoyens, nous ne sommes pas choqués de constater des différences selon les entreprises, quels que soient leurs domaines d’activité. Le Cognac n’est pas une exception.

On oublie généralement de dire qu’un rendement bas empêche le viticulteur d’affecter aux autres débouchés. Pour celui qui vend mal, il peut être également très pénible d’entretenir une surface surdimensionnée par rapport à ses perspectives d’écoulement. D’où l’intérêt de chacun d’adapter son vignoble en fonction de ses débouchés. »

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