Le Syndicat Maintient La Pression

13 mars 2009

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Manifestation du SVBC et du CDVC-Modef le 3 juillet devant le centre INAO de Cognac.

A l’occasion de la bien nommée PNO (Procédure nationale d’opposition), le Syndicat des viticulteurs bouilleurs de cru de Cognac a manifesté son opposition au futur cahier des charges du Cognac, tout particulièrement vis-à-vis de l’affectation parcellaire, dont il conteste le principe. Christophe Véral, président du syndicat et Olivier Louvet, secrétaire général, réexpriment leurs arguments.

 

 

 

« Le Paysan Vigneron » – Le 3 juillet dernier, vous étiez nombreux à manifester devant le centre INAO de Cognac, en compagnie du Modef. Pourquoi ?

Trois cent quatre-vingts viticulteurs sont venus déposer symboliquement mille trois cents lettres adressées à l’INAO, dans le cadre de la PNO. Il s’agissait par là de marquer notre opposition à l’égard de l’affectation parcellaire. Nous ne sommes pas contre l’affectation ni contre l’INAO mais nous sommes pour une affectation de surface et non pour une affectation parcellaire. S’il s’avérait qu’il doive y avoir un passage en force du cahier des charges tel qu’il se présente aujourd’hui dans son intégralité et donc de l’affectation parcellaire, nous saurions désigner les responsables. Aujourd’hui, 80 % des viticulteurs ne se retrouvent pas dans le projet. De plus, il revient à l’ODG de proposer le cahier des charges et non aux syndicats. Il y a déjà un vice de forme

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Olivier Louvet.

« L.P.V. » – Que défendez-vous avec le plus de conviction ?

Nous voulons garder les jus de raisin au-dessus des ha Cognac et l’affectation de surface nous semble hautement préférable à l’affectation parcellaire.

« L.P.V. » – Revenons sur ces deux points.

On nous dit que, juridiquement, il est impossible de conserver des jus de raisin sur les ha Cognac pour des raisons de discrimination avec le brandy. Nous pensons, quant à nous, que toutes les pistes n’ont pas été explorées. Dans le cadre d’une réglementation type INAO, qu’est-ce qui interdit formellement de faire des jus de raisin ? Il est de notoriété publique que le système INAO autorise de produire des volumes au-dessus du rendement de l’appellation, dans la mesure où ce ne sont pas des produits concurrentiels. Et si l’on a tellement peur du brandy, pourquoi ne pas faire comme la Champagne, qui a interdit la fabrication de vins mousseux dans son aire d’appellation ? Dans notre cahier des charges, nous n’avons qu’à interdire la possibilité de fabriquer du brandy.

« L.P.V. » – Au-delà de l’aspect juridique, pourquoi faire des jus de raisin une telle pomme de discorde ?

Nous ne rejetons pas l’INAO. Nous lui demandons seulement de reconnaître la spécificité du Cognac. Pour atteindre la qualité optimale, nous devons produire à des rendements élevés. Dans un régime d’affectation parcellaire, que va-t-il se passer ? Les viticulteurs ne supporteront pas de détruire un tiers de leur récolte. Ils se mettront au diapason et produiront 80-90 hl vol./ha à 11 ou 12 % vol. Le gros avantage des jus de raisin est de favoriser la qualité Cognac sans que ça ne coûte rien à personne, voire que ça rapporte un peu. Dans un contexte concurrentiel comme celui dans lequel évolue le Cognac, ce n’est pas une mauvaise chose.

« L.P.V. » – Et en ce qui concerne l’affectation de surface ?

C’est un peu la même chose qu’avec les jus de raisin. Le Cognac n’a pas à rentrer dans le moule des vins de bouche. Il a besoin de souplesse, de disposer de suffisamment de volumes pour tenir une acidité ou encore une capacité de tri pour ses vins de distillation. C’est la force de l’affectation de surface de permettre cette souplesse en toute légalité, sans que ce soit de la triche. Dans le cadre de l’affectation parcellaire, il y aura forcément tricherie. On ne fera pas d’un côté surproduire des vignes à 300 hl/ha pour, de l’autre, détruire l’essentielle de la production. Aujourd’hui, il est de bon ton de minimiser la portée du contrôle. Mais le jour où il s’exercera, ce ne sont pas les voisins qui paieront pour vous. Quand un dispositif se met en place, on évoque toujours « un état de grâce ». Qui, par définition, ne dure qu’un temps. L’autre jour, je me suis fait contrôler à 56 km/heure pour 50 autorisé, avec contravention à la clé. En matière d’organisation, le Cognac jouit aujourd’hui d’une souplesse fantastique. Cette souplesse lui a permis de passer des crises terribles. Finalement, il y a encore plus de 6 000 viticulteurs dans cette région. Notre crainte, c’est que la nouvelle réglementation sectorise tellement les choses que, finalement, nous tombions sous le coup d’une mono-production. Et, à ce moment-là, nous aurons encore trop d’ha.

« L.P.V. » – Vous ne vous dites pas hostile à l’INAO. Vous avez évolué dans votre réflexion.

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Christophe Véral.

Nous avons toujours dit que nous n’étions pas partisans de la libéralisation des volumes. Le Cognac a besoin de garde-fou. Dans ce cadre-là, l’INAO est sans doute le mieux placé pour nous apporter cette sécurité juridique. Mais l’affectation parcellaire telle qu’elle est conçue n’est pas la bonne réponse et le contenu du cahier des charges nous semble réducteur. Nombre d’yeux/ha, densité de plantation, écartement entre rangs… certes, mais s’est-on posé la question de ce qu’il adviendra en 2013, lorsque la libéralisation des plantations sera envisagée ? Ne serait-ce pas au cahier des charges de répondre dès maintenant à cette éventualité. Veut-on se retrouver avec une superficie plantée de 200 000 ha entre nos deux vignobles vins de table et AOC ? La vraie défense de l’appellation ne consisterait-elle pas à interdire la production d’autres spiritueux dans la région délimitée ou encore de rendre obligatoire la mise en bouteille sur place. Au lieu de quoi on se focalise sur une affectation aux autres débouchés. En cas de crise majeure, ce ne sont pas les 5 000 ha concernés qui résoudront le problème, si tant est que des viticulteurs acceptent d’affecter à des débouchés non rentables. Tout cela n’est pas sérieux. Nous demandons que des aménagements soient introduits dans le projet de cahier des charges pour rendre au Cognac la souplesse souhaitable. Une fois encore nous répétons que les viticulteurs ne comprendraient pas que le cahier des charges soit adopté dans son intégralité sans changement. Si un travail a été mal entamé, il n’y a rien de pire que de vouloir le mener à bout sur des bases fausses. Le SVBC cherche à défendre au mieux le revenu des viticulteurs tout en améliorant la lisibilité du Cognac et la défense de l’appellation.

 

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