Statut du vignoble : Des points de blocage

13 juin 2016

La modification du statut du vignoble représenterait sans doute une alternative aux problèmes de transferts de droits de replantation. Mais est-elle envisageable en l’état ? Bon connaisseur du dossier, Christian Baudry identifie des points de blocage.

A votre avis, qu’est-ce qui, d’un point de vue juridique, bloque aujourd’hui pour que le vignoble de Cognac passe du statut de VSIG au statut de vignoble à indication géographique ?

L’argument défendu par l’INAO est le suivant : le Cognac dépend du Règlement européen des spiritueux, les vins du Règlement viti-vinicole. Il n’y a donc pas de correspondance entre les deux. Ce n’est pas comme pour la Champagne de Reims qui, avec ses vins aptes, produit in fine des vins, effervescents certes mais des vins. Voilà le « dogme » INAO.

Vous n’êtes pas convaincu.

Je trouve le raisonnement plus que bizarre. Dans ce cas-là, « si l’on pousse le bouchon un peu loin »,  cela veut dire que le Pineau ne relève pas du Règlement viti-vinicole. Car un quart de son volume provient de l’eau-de-vie de Cognac qui, elle-même, dépend du Règlement spiritueux. Et pourtant le Pineau figure bien dans le Règlement vin, certes au titre des vins de liqueur mais tout de même. Ce que l’on accepte d’un côté, on le refuserait de l’autre ! Paradoxal non.

Que propose l’INAO ?

A mon sens rien, se ce n’est une délimitation parcellaire de l’aire géographique, pour ramener la surface d’appellation à 75 000 ha. On nous dit que, « comme ça, il ne serait pas possible de ramener des vignes d’ailleurs ».

Et alors ?

Alors, cela me semble complètement farfelu. Le lien, nul besoin de l’inventer. Il est créé de fait, dans la mesure où, pour produire du Cognac, il faut avoir tel et tel type de vigne . L’ancien décret d’appellation le prévoyait et le nouveau cahier des charges tout autant. Dans ces conditions, la solution me paraît simple : il suffit que les autorités disent que les vignes de Cognac sont des vignes à IG et point final. L’issue au problème passe par une affirmation. Et à ceux qui ne seraient pas d’accord de prouver le contraire. Ils auront du mal. Il suffit de considérer les crus. Leur existence ne dépend pas d’une définition organoleptique – la dégustation – mais d’une définition géographique. C’est la preuve par l’évidence de la correspondance entre la provenance du vin et l’eau-de-vie.

Si c’est si évident, pourquoi « ça ne marche pas » ?

Parce que l’INAO a l’habitude de camper sur ses certitudes et ne veut pas se dédire. Pour faire bouger les lignes, il faudra sans doute que passe le « temps de l’oubli ». A moins que les dérives soient trop importantes et « fichent le bazar ». Auquel cas, on devra bien trouver un exutoire.

Globalement, le négoce n’est pas favorable à une solution INAO.

Existent sans doute des nuances en son sein mais elles ont du mal à s’exprimer. Les intérêts bien compris des uns et des autres plaident plutôt pour le statu quo.

 

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