La qualité récompensée

9 mars 2009

Avec une médaille d’or au Concours général agricole pour une cuvée de 500 hl de Sauvignon et une autre d’argent pour une cuvée de 500 hl de Merlot décrochée au concours national ANIVIT, la Sica Goulebenèze voit récompensé un engagement de plus de vingt ans dans les vins de pays charentais. La coopérative agricole a tenu son assemblée générale en mars dernier.

christian_bernard_au_micro.jpgPour ses Sauvignon, la Sica de Burie avait déjà été honorée en 2002 par une médaille de bronze au Concours général agricole, obtenue dans la catégorie « Vins du Sud-Ouest ». Cette fois, c’est l’or et l’argent qui sont venus distinguer les vins de la coopérative, l’or dans la catégorie des Vins de Pays Charentais et l’argent dans celle de l’ensemble des vins de pays, en compétition avec les vins d’Anjou, du Pays d’Oc… Le président Christian Bernard comme le porteur de part B Gilles Merlet n’ont pas omis de signaler cette reconnaissance des pairs, d’autant plus gratifiante qu’elle se joue « à la loyale », c’est-à-dire au palais. Outil performant, équipe compétente… Plus que tout, c’est à ceux « qui cultivent la vigne et suivent scrupuleusement les recommandations qui leur sont faites » que G. Merlet a dédié ces récompenses. Elles ne sont pas non plus uniquement le fruit d’un contexte favorable mais plutôt le résultat d’un long cheminement, dont les racines doivent se situer autour de ce noyau de viticulteurs, entre Burie, Villars-les-Bois, Brizambourg, mais aussi Chérac, Chaniers, Saint-Césaire, Saint-Bris-des-Bois qui, parmi les premiers, eurent l’intuition des Vins de Pays Charentais. Et sans doute n’y aurait-il pas eu cette saga du Sauvignon entre terres du pays bas, doucins, groies et varennes si Eugène Bigot, le conseiller viticole de la zone, n’avait mis en place le schéma directeur pour l’établissement des Sauvignon dans son secteur. Aussi convaincu que lui de l’importance de la caractérisation des terroirs, son successeur Lionel Dumas-Lattaque n’a eu de cesse de travailler à l’expression des typicités. Depuis quelques années, on en discutait à la Sica. Il fallait arriver à séparer les cuves pour révéler à eux-mêmes les « terroirs Sauvignon ». Ce fut chose faite lors des dernières vendanges où la Sica réussit à faire quatre cuves de 500 hl chacune, émanant de terroirs différents : deux de groies, une de varennes et une du secteur du pays bas. C’est la cuve du secteur des varennes qui a décroché la médaille d’or. « Il faut arrêter de dévaloriser les terroirs, a souligné L. Dumas-Lattaque.

Il n’y a pas de mauvais terroir mais de mauvaises adaptations et de mauvaises compréhensions. Une fois que l’on a saisi le mode de fonctionnement du sol aux plans géologique, de l’alimentation hydrique et autres, on peut poser un itinéraire technique pour obtenir le meilleur du terroir. Les terres difficiles ou impropres n’existent pas, comme je l’ai entendu dire dans un passé récent. » Approbation tacite mais totale de Gilles Merlet. La Sica s’est donnée le challenge de « transformer l’essai l’an prochain » tandis que le metteur en marché signalait que « la force et la richesse de la Sica tenaient dans la diversité des terroirs ».

« il n’y a pas de mauvais terroir »

« Pour pouvoir réaliser les assemblages susceptibles de répondre aux attentes des clients, il convient au préalable d’avoir des vins aux goûts bien identifiés. » Jean-Marie Grenon, directeur de la Sica Goulebenèze depuis un an, s’est réjoui quant à lui de la médaille d’argent obtenue par le Merlot dans le cadre d’une compétition très ouverte entre de nombreux vins français. Pour l’heure la collecte vin rouge de la Sica s’appuie sur une multitude de petites parcelles. L’enjeu pour les prochaines années consistera sans doute à mettre en place un schéma directeur, à l’instar de ce qui a été fait pour les Sauvignon blancs.

En 2003 la Sica a vinifié 18 630 hl contre 22 624 hl en 2002. Mais comme pour les autres structures, son approvisionnement a été pénalisé par la sécheresse de l’été. Selon les couleurs et les cépages, les volumes se répartissent comme suit : vins blancs pour 13 125 hl dont Sauvignon (3 280 hl), Sémillon (54 hl), Chardonnay (128 hl), Colombard (691 hl), Chenin (61 hl), Ugni blanc (8911 hl) ; vins rouges pour 5 489 hl dont Cabernet (1 180 hl), Merlot (2 827 hl), Merlot-Cabernet (1 011 hl) et autres. Si l’orientation vin blanc de la structure reste très marquée (plus des deux tiers des volumes), les apports de raisins rouges progressent. Le prix, lui aussi, est donné « en constante progression » même si les comparatifs d’une cave à l’autre restent toujours un exercice périlleux entre prix bruts, prix nets, avec complément, sans complément… Sur le dernier exercice clos au 30 septembre 2003, la Sica a réalisé un chiffre d’affaires de 946 000 €. Son résultat d’exploitation s’est élevé à 17 000 € et son résultat courant à 12 950 €, tandis que le montant de ses capitaux propres atteignait 119 053 € en fin d’exercice. Au chapitre des investissements, il est prévu de réaménager avant la prochaine récolte les conquets de réceptions de vendange, un dossier aidé à hauteur de 40 % et financé pour le solde par un prêt du Crédit Agricole sur 7 ans à 5,65 %. Des investissements de moindre importance, pour une valeur de 47 000 € – échangeur coaxial inox, pompe à piston, garde-vin, cuves… – ont fait l’objet d’un autofinancement par anticipation en 2002-2003 avant d’être réintégrés dans le dossier d’investissement sur l’exercice 2003-2004.

Déjà évoquée les années précédentes, la transformation de la Sica de société civile en société anonyme s’est concrétisée lors de la dernière assemblée générale. Les porteurs de parts A et B, réunis en A.G., ont donné leur accord à cette modification qui vise à ce que « la Société civile coopérative d’intérêt collectif agricole à capital variable » devienne une « Société anonyme coopérative d’intérêt collectif agricole à capital variable ». Le principal effet de ce changement conduit à limiter la responsabilité aux apports uniquement, au lieu de cinq fois le capital. Sinon le statut juridique de la Sica reste inchangé, celui d’une coopérative. Il semblerait que de nombreuses Sica choisissent d’évoluer de cette sorte. Les adhérents de la Sica devront bientôt se prononcer sur un autre point : celui du nom de leur structure. Si « Goulebenèze » possède une vraie résonance dans la région, Gilles Merlet n’ a pas caché qu’à l’extérieur, le nom n’évoquait rien et qu’il était carrément imprononçable par les Anglais. « Ils n’y arrivent pas ! » Christian Bernard a demandé aux adhérents qu’ils fassent « assaut d’imagination » ou, plus simplement, « qu’ils n’hésitent pas à faire remonter leurs idées ».

Partenaire de la Sica pour le conditionnement des vins et leur vente, la distillerie Merlet, représentée par Gilles Merlet, a inscrit à son planning quelques investissements. L’un est déjà réalisé sous la forme du recrutement en temps partagé d’une commerciale export. D’origine danoise, parlant en plus du danois, le norvégien, le suédois, l’allemand et l’anglais, agrégée de français pour ne rien gâter, cette personne a pour mission de dynamiser les ventes de vins à l’étranger et notamment dans les pays nordiques. Par ailleurs, la distillerie va incessamment s’équiper d’une chaîne de conditionnement capable de recevoir des BIb pour Bag in box ou encore « outres à vin ». Comme la coopérative ACV (voir Le Paysan Vigneron de février), G. Merlet fait le constat d’un contenant qui se développe – ventes en progression de 43 % sur le marché français – et de l’opportunité qu’il y a à « mettre cap au vent », d’autant que la technique s’est bien améliorée, que les poches sont de plus en plus hermétiques et protègent de mieux en mieux le vin. Au plan régional et même hors région, le partenaire d’aval dit avoir conforté sa présence dans le secteur des CHR, un secteur qu’il a pas mal labouré via les grossistes comme Metro ou Promocash. Les vins de la Sica sont également présents chez les deux distributeurs de boissons que sont France-Boissons et Elidis à Niort (groupe Kronenbourg). En grande distribution les enseignes où Burie est référencé s’appellent Coop Atlantique, Leclerc, Intermarché… « Petit à petit, nous renforçons notre présence » a indiqué Gilles Merlet. « Je vous avais dit : produisons un bon vin, nous n’aurons aucun problème pour le vendre. Quand le vin est bon et que les moyens sont mis derrière, la cause est presque gagnée. » Et d’ajouter, gouailleur : « Mais maintenant, il va peut-être falloir que nous nous arrêtions. Comme vous n’avez pas l’air de produire beaucoup de vin, nous sommes à la veille de tomber en panne sèche ! Messieurs les viticulteurs, la balle est dans votre camp ! »

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