L’agrément, au cœur du système INAO
Comme déjà dit, l’agrément est au cœur du système des appellations d’origine même s’il n’en constitue que l’une des facettes. C’est l’acte de baptême, la reconnaissance officielle de l’appellation. La procédure d’agrément, et notamment les conditions dans lesquelles elle s’exerce, draine donc des notions fortes comme celle de l’appropriation du produit, la question de savoir qui est détenteur de l’appellation. Un groupe de travail dépêché sur le dossier de l’agrément par le président du CRINAO, Michel Pelletier, est arrivé facilement à une position unique, révélatrice d’un consensus régional sur le sujet : le Cognac est Cognac au sortir de l’alambic. C’est donc à ce moment-là que doit porter la procédure d’agrément. Autre point qui semble acquis : compte tenu des flux propres à l’élaboration du Cognac, l’agrément ne s’exercera pas sur chaque échantillon mais sur un engagement du producteur à respecter la démarche de production d’une eau-de-vie d’AOC avec, tout de même, des contrôles aléatoires par sondages aux plans analytique et organoleptique. La formule se veut simple, efficace et présentant un moindre coût au producteur qui revendique l’appellation et verse donc son obole à l’agrément. A ce sujet, il est d’usage que l’INAO charge le Syndicat de producteurs d’organiser la procédure d’agrément, avec les retombées financières associées à ce type d’opération. Dans l’univers du vin, les choses sont simples. Le Syndicat de producteurs rassemble les viticulteurs ou « vignerons ». Qu’en est-il pour une eau-de-vie, appellation d’origine contrôlée au sortir de l’alambic ? Le 14 septembre 2001, le Syndicat des bouilleurs de profession, au terme d’une assemblée générale extraordinaire, a modifié son intitulé pour adopter celui de « Syndicat des bouilleurs de profession – distillateurs du Cognac pour la défense de l’AOC Cognac ». Pour le Syndicat général des vignerons Cognac, si les viticulteurs ne sont pas les seuls détenteurs de l’AOC Cognac, ils n’en sont pas non plus exclus. A l’instar des bouilleurs de profession « qui doivent faire partie de l’agrément », les viticulteurs n’entendent pas céder leur place, pour la simple et bonne raison que sans le vin provenant de vignobles eux-mêmes implantés sur une aire géographique il n’y aurait pas d’eau-de-vie, même si la distillation constitue un acte important. « Les termes fondateurs de l’AOC sont la notoriété, la typicité, le savoir-faire et le lien au terroir. » Le SGV Cognac pourrait modifier ses statuts pour que les bouilleurs de cru soient nommément cités – on ne saurait être trop prudent – démontrant par là même que les bordures, les contours d’un syndicat des producteurs représentent aujourd’hui un enjeu régional bien réel.
Se rapprochant de la famille des AOC, le Cognac n’est peut-être pas prêt à faire partie « de la famille ». Si tant est qu’il le veuille.
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