Sainte-Lheurine, capitale des tests d’autoguidage et d’interceps

22 août 2019

Un événement  dédié à l’entretien du cavaillon le 24 juillet prochain de 14 à 18 heures        

 

             Durant la semaine du 13 au 17 mai dernier, le village de Sainte Lheurine à côté d’Archiac est devenu la capitale des tests d’autoguidage de tracteurs viticoles et des châssis interceps. Les techniciens en machinisme des chambres d’agriculture de Nouvelle Aquitaine, de Charente Maritime et de Charente, un groupe de jeunes viticulteurs de la Haute Saintonge et l’équipe de la Revue Le Paysan Vigneron ont mis en commun leurs moyens pour tester différents moyens d’entretien du cavaillon dans le vignoble de Jean-Marc Taureau. L’événement central de la manifestation a été l’essai de deux systèmes d’autoguidage montés sur des tracteurs viticoles. Jusqu’à présent aucun test de ce type n’avait été conduit dans les vignes. L’essai a aussi permis d’apprécier les performances du tracteur électrique Sabi-Agri et des châssis de lames interceps les plus utilisés dans la région de Cognac. L’ensemble des résultats seront présentés lors de la manifestation «Entretien du Cavaillon» du 24 juillet prochain à Sainte-Lheurine (de 14 à 18 heures). Une synthèse détaillée des tests est aussi publiée dans les pages suivantes.

 

 L’entretien des sols en vigne est redevenu un sujet de préoccupation majeur en raison de la montée en puissance des exigences environnementales et aussi de l’évolution du climat pendant la période estivale. La volonté stratégique de limiter au maximum l’utilisation des intrants phytosanitaires et les débats très médiatisés sur le glyphosate ont poussé plusieurs opérateurs majeurs de la région de Cognac à annoncer la remise en cause totale à court terme de la pratique du désherbage chimique dans leurs propres domaines. Indéniablement, cet objectif est louable et constitue probablement un véritable changement de cap dans le moyen terme vis à vis des méthodes d’entretien du vignoble.

 

 

L’entretien du cavaillon, une problématique majeure de la mi-mars à la fin juin

             L’entretien du cavaillon a toujours été une problématique importante en Charentes en raison de la climatologie souvent humide au printemps qui stimule la croissance des herbes entre la mi-mars et la fin juin. La nature des terres de Champagne, des doucins, des argiles profondes et de certaines groies généreuses confèrent au sol des réserves hydriques propices à la germination et au fort développement des adventices colonisantes (ray-grass, séneçons, laiterons, amarantes, liserons, ….. ). La maîtrise de ce type de flore généralement dense jusqu’à la fin juin a toujours été une préoccupation importante pour limiter les effets de concurrence et aussi minimiser la libération de calcaire par les passages d’outils en conditions humides (source de chlorose).

 

 

Imaginer de nouveaux itinéraires d’entretien des sols en phase avec les réalités

 

            Aussi penser que le remplacement de 2 à 3 pulvérisations d’herbicides dans l’année par seulement quelques passages de lames interceps est l’alternative idéale et rationnelle paraît très ambitieux. Au même titre, considérer que le désherbage chimique du cavaillon toute l’année dans ses principes passés et même actuels doit demeurer une pratique incontournable, est tout aussi illusoire. Il va falloir imaginer et trouver un nouveau modèle d’entretien des sols conciliant les enjeux agronomiques du futur (des vignes confrontés à des étés plus secs), les fortes exigences de productivité, la recherche d’organisation des travaux performantes et l’utilisation les plus réduite possible d’herbicides. Le procès systématique de l’utilisation des herbicides en vigne est tout de même assez surprenant quand on sait que cette catégorie de produits ne représente que 7 à 8 % des consommations totales d’intrants phytosanitaires en viticulture. Les débats sur le glyphosate ont transformé cette problématique en un symbole de méthodes non respectueuse de l’environnement et quoique l’on pense, il semble difficile de revenir en arrière.

 

Utiliser l’intérêt et la complémentarité de différentes méthodes d’entretien de sols

 

            Dans toutes les propriétés de la région de Cognac, l’entretien des sols et tout particulièrement celui du cavaillon est entrain connaître de profonds bouleversements. Vouloir tenir propres le dessous des rangs en ne réalisant que deux à trois passages de tracteurs par an est désormais presque de l’histoire ancienne et la conception d’alternatives réalistes sur les plans agronomiques et économiques est à l’ordre du jour. La remise en cause des utilisations d’herbicides à spectres larges et efficaces dans le temps au profit de traitement plus sélectif appliqués à des périodes clés de l’année (en d’hiver, au tout début du printemps) et moins rémanents (une tenue dans le temps limitée de à 2 mois) est désormais une stratégie actée. Le désherbage chimique ne sera plus le moyen référent de contrôle des adventices sous le cavaillon. Cela signifie qu’il faudra inévitablement poursuivre ou encadrer la séquence d’herbicides par d’autres types d’interventions dont des moyens mécaniques. L’entretien mécanique du cavaillon est aujourd’hui la seule véritable alternative opérationnelle avec des équipements adaptés à chaque période et à l’état de la flore.

 

Les points clés des tests d’entretien du cavaillon de Ste Lheurine :

 

  •  
    • Un objectif : tester des moyens permettant de faciliter les intervention d’entretien mécanique du cavaillon.

    • Deux types de tests, l‘autoguidage de tracteurs viticoles et l’utilisation de lames interceps

    • Un site d’essais à Sainte Lheurine dans le vignoble de Jean-Marc Taureau

    • Une parcelle d’essai très représentative de beaucoup de situations de la région

    • Des essais sans public du 13 au 17 mai dernier

    • Une adhésion des concessionnaires locaux et des constructeurs : 14 équipements testés en une semaine

    • Une synergie de travail entre les techniciens et les jeunes viticulteurs

    • Les organisateurs : les chambres d’agriculture Nouvelle-Aquitaine, de Charente et de Charente Maritime, les Jeunes Agriculteurs de de la Haute Saintonge et la Revue Le paysan Vigneron

    • Didier Langlois le technicien en machinisme de la chambre régionale Nouvelle-Aquitaine a mis en place tous les protocoles de test

    • L’organisation d’une journée publique de présentation des résultats : le 24 juillet à Ste Lheurine ( Chez Génicot) de 14 à 18 heures

       

      De nouveaux principes de contrôle des adventices attendus avec impatience

       

                  Il faudra aussi peut-être aussi s’appuyer sur de nouveaux principes de contrôles des adventices respectueux de l’environnement. L‘application de mousses herbicides biodégradable Weedingtech testée en Charentes en 2018 a démontré son intérêt mais la société anglaise ne s’est pas encore engagée dans la fabrication d’un équipement de pulvérisation viticole. Pour l’instant, aucune solution alternative de « chimie verte » n’est apparue dans ce domaine. D’autres pistes d’études sur la pulvérisation d’eau chaude, l’utilisation d’électricité, …..  . La filière viticole est demandeuse d’innovations réalistes qui pour l’instant ne sont pas encore arrivées.

       

      Des moyens d’entretien mécaniques sont devenus plus performants

       

                  L’entretien mécanique du cavaillon abandonné par la majorité des viticulteurs au début de la décennie 90 est entrain à l’aube des années 2020 de s’imposer comme une alternative complémentaire ou carrément de substitution totale au désherbage chimique. L’évolution des matériels de travail du sol d’interceps et aussi de la technologie des tracteurs viticoles sur les plans des performances hydrauliques, des puissances moteurs et de la stabilité ouvrent de nouvelles perspectives. Les systèmes d’autoguidage des tracteurs très développés dans l’univers des grandes cultures n’avaient jusqu’à pénétrer la viticulture que pour piloter les machines à planter. Aujourd’hui, on peut se demander si la mise en œuvre du travail mécanique du cavaillon ne pourrait pas être grandement facilitée par l’utilisation de système d’autoguidage sur les tracteurs ou sur les outils. L’apparition d’un nouveau concept de tracteurs viticoles entièrement électrique (et à terme autoguidé) représente aussi une évolution à ne pas sous-estimer pour effectuer les travaux spécialisés sur le cavaillon. Le tracteur électrique ALPO de la société Sabi Agri fait ses premiers pas dans plusieurs vignobles Français.

       

      Des robots qui arpentent les rangs, une idée qui mobilise des compétences

       

                   Une autre approche de maîtrise totalement autonome de la circulation dans les rangs de vignes est en train d’apparaître avec l’utilisation des robots. Diverses initiatives de recherche et de développement sont en cours dans ce domaine avec notamment le projet de tracteur Newholland T4 autonome aux Etats Unis, le robot TED de Naïo-Technologie, le Vitibot en Champagne et tout récemment le CEOL d’AgreenCulture (présenté dans les pages XX à XY). Les technologies de robotique en agriculture se sont fortement développées dans l’univers des grandes cultures du maraîchage ou déjà de nombreux acteurs développent de produits en France, en Europe, aux États unis et en Australie. Le groupe Kuhn a noué un partenariat de recherche et développement avec la PME AgreenCulture qui a débouché sur la création d’un robot autonome pour les travaux mécaniques en grandes cultures. En 2018, une parcelle de 50 ha de maïs a été préparée, semée, désherbée, binée et nourrie par un robot tractant des équipements agricoles classiques.

       

      Des tests pour essayer de trouver des moyens facilitant le travail mécanique du cavaillon

       

                  Cet ensemble d’évolution a été à l’origine de la mise en place du test d’entretien du cavaillon de Ste Lheurine. Le fil conducteur de la manifestation a été de s’intéresser à plusieurs moyens qui seraient en mesure de faciliter le travail mécanique du sol du cavaillon. L’un des contraintes majeures de l’entretien mécanique du cavaillon réside dans l’attention qu’il faut porter au fonctionnement des matériels dès que l’on souhaite les utiliser à des vitesses plus élevées. Le chauffeur doit à la fois mobiliser son attention sur la conduite dans les rangs et le réglage des outils. C’est un travail qui demande des compétences, beaucoup de constance et génère une certaine fatigue. Si la tonte de l’herbe ou le travail mécanique des interlignes peuvent être confiés à des chauffeurs peu expérimentés, ce n’est pas le cas du travail mécanique du cavaillon.

       

      L’autoguidage des tracteurs et l’efficacité des interceps « au banc d’essais »

       

                   Le manque de main-d’œuvre qualifié dans les propriétés risque d’être problématique pour réaliser 3, 4, 5 interventions mécaniques de précision supplémentaires. L’utilisation de systèmes d’autoguidage des outils ou des tracteurs ne seraient-ils pas un moyen de rendre la conduite plus facile ? L’efficacité des nouveaux outils de travail mécanique du cavaillon est aussi un sujet de préoccupation majeur pour beaucoup de viticulteurs. À quelle vitesse d’avancement est-il possible d’utiliser un châssis avec deux lames interceps ? À quels moments faut-il reprendre les sols pour avoir de bons résultats ? Faut-il intervenir sur des herbes peu de (5 à 10 cm) ou très développées (plus de 15 cm) ? À quelle vitesse, la surface du sol se décolonise après des passages de lames dans des périodes humides et chaudes entre le 15 mai et le 15 juin ?

       

       Les points clés du test d’autoguidage des tracteurs viticoles :

       

  • L’objectif : apprécier l’intérêt des systèmes d’autoguidage des tracteurs viticoles

  • Deux équipements tests sur trois tracteurs :

    •  
      • – Un système Trimble monté sur  sur tracteur Fruitier Case IH 95 F

      • – Un système Topcon monté sur un tracteur standart MF 5440

      • – Un système Topcon monté sur un tracteur fruitier Landini Rex 4 120 GT

                    Un test réalisé en tractant un cadre de lames interceps Cutimatic

                    Des mesures d’écarts de distance entre le châssis interceps et les piquets        pour             apprécier les performances de l’autoguidage

                     Les rangs de vigne sont des lignes de guidage pas toujours régulières     sur             lesquelles, les systèmes doivent travailler

                    La cartographie ou l’arpentage de tous les rangs renforcent la fiabilité des             équipements.

         

        L’essai dans une parcelle de demi-coteau représentative de la région

         

                    Le choix du site de Sainte-Lheurine est avant tout lié à l’intérêt de Jean-Marc Taureau pour les aspects de mécanisation. Ce viticulteur a gentiment accepté d’accueillir pendant plus d’une semaine complète les essais d’autoguidage et de châssis d’interceps. Les équipes de techniciens des chambres d’agriculture et la Revue Le Paysan Vigneron, tiennent à le remercier pour sa disponibilité et son état d’esprit ouvert vis-à-vis de la conduite des tests. Sa vision concrète des choses a aussi contribué à nourrir le contenu des tests. Il a mis à disposition une grande parcelle (plus de 6 ha) de mi-coteau avec une pente homogène, un léger dévers qui est très représentative des conditions d’utilisation fréquentes dans la région. L’objectif était de faire fonctionner les équipements dans des conditions qui ne soient ni réellement faciles, ni réellement très difficiles. La nature du sol, des terres de champagne assez généreuses et parfois caillouteuses représentait une situation intéressante pour apprécier la capacité pénétration des outils, leurs réglages et aussi la repousse des herbes dans les 5 à 20 jours suivant les travaux. La vigne à 2,50 m d’écartement (1,40 m entre les ceps), qui présente une grande homogénéité, est constituée de deux îlots (plantés mécaniquement), l’un âgé de 7 à 10 ans  et l’autre de 20 ans.

         

        Désherbage chimique et passages de lame, la pratique de cette exploitation

         

                    La méthode d’entretien des sols du vignoble de J-M Taureau est tout à fait représentative des pratiques courantes dans la région. Elle repose sur une stratégie herbicide sous le cavaillon et au niveau des interlignes sur un enherbement naturel (broyé régulièrement) jusqu’à la fin mai suivi ensuite de plusieurs interventions mécaniques avec des outils à dents. Le cavaillon est entretenu avec un désherbage sous le rang en fin d’hiver fin février ou début mars pour contrôler les graminées (principalement le ray-grass), suivi d’un deuxième désherbage foliaire fin avril ou tout début mai pour tenir le sol propre jusqu’à la floraison. Ensuite, le cavaillon est maintenu propre par un ou deux passages de lames d’interceps hydrauliques au cours de l’été.

         

        Une parcelle d’essai idéale et représentative de beaucoup de situations

         

                    L’itinéraire cultural au niveau du cavaillon dans la parcelle de 6 ha ou se sont déroulés l’ensemble des tests a été adapté. La deuxième application d’herbicide à la mi-avril n’a pas été effectuée pour permettre à la flore d’adventice de se développer et d’atteindre un état de développement normal au moment des essais dans la semaine du 13 au 17 mai. La levée d’herbes régulière avait atteint une densité assez homogène et un état de développement qui ne dépassait pas 10 à 15 cm de hauteur.  La flore était constituée principalement de séneçon, de laiterons, de pissenlits, d’un peu de Ray-grass et de liseron assez avancés. La couverture de végétation était assez homogène dans l’ensemble de la parcelle et présentait aussi une certaine variabilité des espèces. La végétation était arrivée à un stade idéal pour réaliser les interventions mécaniques et l’état du sol n’était ni trop tendre, ni trop dur. Cela constituait une situation de travail classique pour le matériel.ac.

         

        Les techniciens et les viticulteurs partenaires dans la conduite des tests

         

                     L’implication majeure de Didier Langlois, le technicien en machinisme de la Chambre régionale d’agriculture Nouvelle Aquitaine dans cette initiative a permis de construire des protocoles de tests pertinents et en phase avec les attentes concrètes des viticulteurs. Son jeune collègue, Fabien Tessier de la chambre d’agriculture s’est aussi fortement investi dans la conduite des essais. Chaque matériel a été conduit par des chauffeurs différents mais déjà habitué a utiliser de tels équipements dans leurs propriétés. Les chauffeurs étaient des jeunes Agriculteurs de la Haute Saintonge. Leur rôle dans la conduite des essais a été très actif. Après chaque utilisation des matériels, leur ressenti a été enregistré et ensuite restitué sous la forme de commentaires d’utilisateurs exprimés dans les fiches de résultats. Le partenariat permanent entre utilisateurs et techniciens durant plus d’une semaine s’est avéré très enrichissant. Il a débouché sur des analyses plus en phase avec la réalité des attentes des viticulteurs.

         

        Les points clés des tests d’interceps :

         

  • 10 équipements ont participé à l’essai l’Actisol Acticep Hydrolame, l’Actisol Acticep Ecolame (mécanique), l’Arrizza Expo-Doppio-Ful-XX, le Boisselet Cutimatic, le Braun Luv-Perfekt, le Bernhardt Shark (autoguidé), le Clemens Radius SL +,  le Delorier Mécanique, L’ID David ID-Weeder et le Rinièri Twin-Turbo.

  • Tous les équipements ont été utilisés avec le même tracteurs, un landini Rex 4 120 GT

  • La conduite a été assurée par des jeunes viticulteurs qui ont fait part de leur ressenti d’utilisateur

  • D Langlois et F Tessier ont réalisé différentes mesures :

    • – le contrôle de la vitesse d’avancement,

    • – les distances d’approche moyenne autour des ceps,

    •   les observations d’éventuelles blessures,

    •   l’état de la flore aussitôt le travail du sol.

                 

      L’état de la repousse de la flore a été suivi pendant une vingtaine de jours       après les interventions.

                   Les avis des chauffeurs après chaque passage de matériel ont également été      pris             en considération et intégré dans les fiches de résultats.

                 

      Un protocole novateur pour le test d’autoguidage imaginé par Didier Langlois

       

        La démarche au niveau de l’autoguidage s’avère novatrice car jusqu’à présent aucun essais de ces systèmes dans les vignes n’avait été réalisé. Or, la problématique en vigne est très différente de celle des grandes cultures ou les lignes de guidage sont effectuées, renouvelées et enregistrées automatiquement chaque année au moment des semis. En vigne, les rangs existants de chaque parcelle constituent des références de guidage fixes et pérennes qu’il faut suivre. L’autoguidage doit en quelque sorte s’adapter en permanence à l’état d’alignement des rangs et à la topographie des parcelles. C’est une spécificité qui rend indispensable « le recensement précis de la structure de tous les rangs vignes dans lequel le matériel d’autoguidage devra fonctionner ultérieurement.

       

       

      Des mesures d’écarts de distance entre le châssis et les piquets

       

       D Langlois a  imaginé des mesures d’appréciation de l’autoguidage spécifique à la vigne. La précision de la conduite pour réaliser le travail du cavaillon avec des lames interceps s’avère capitale pour à la fois bien cultiver le sol et ne pas abîmer les souches. En effet, tout écart du tracteur à droite ou à gauche dans les interlignes engendre des risques d’incidents mécaniques avec des lames,  une moindre qualité de travail et des blessures sur le souches. L’idée de D Langlois a été de tester des tracteurs fruitiers et de mini-standards équipés de système d’autoguidage tractant, un châssis arrière équipé d’une paire de lame hydrauliques. La SAS Thouard a mis à disposition un équipement Cutimatic Boisselet doté de deux lames interceps hydrauliques. Des mesures d’écart de distance entre le châssis et les piquets ont permis d’apprécier le centrage de l’outil et l’efficacité de l’autoguidage. D Langlois a mis au point un système astucieux de marquage de peinture sur des cartons posés à la base des piquets. Les relevés de distance entre les impacts de peinture et le centre des piquets ont apporté des informations précises sur la qualité du centrage de l’outil. 

       

      Les sociétés Trimble et Topcon ont testé leurs équipements d’autoguidage

       

                  À l’origine quatre constructeurs de système d’autoguidage montant ou adaptant sur des tracteurs viticoles avaient été sollicités mais seules les sociétés Trimble et Topcon ont décidé de participer aux tests de Ste Lheurine. Les produits de la société Trimble ont été présentés par le distributeur régional sur le secteur, la société Euratlan. Le système Trimble était constitué d’une tablette 10 pouces XC 1050 , d’une antenne NAV 900 et d’un volant électrique Autopliot Motor Drive. Il a fonctionné sur un tracteurs Case IH Quantum 95 F. Les responsables de la société Topcon France sont venus à Sainte Lheurine installer deux équipements identiques l’un sur un tracteur mini-standard MF 5440 et l’autre sur un tracteur fruitier Landini Rex 4 120 GT. L’autoguidage Topcon était constitué d’une tablette 8 pouces X 25, d’une antenne AGI 4, d’un volant électrique AES 35 et d’un capteur d’angle sur le pont avant. Les techniciens des deux sociétés ont mis en œuvre beaucoup d’implication pour régler leurs équipements dans la parcelle avec d’effectuer les tests.

       

      L’arpentage d chaque rang essentiel pour la fiabilité de l’autoguidage

       

                  Les résultats des tests qui sont présentés de façon détaillée dans les pages suivantes (pages 22 à 25) révèlent à la fois l’intérêt de l’autoguidage en vigne et aussi les spécificités nécessaires à sa mise en œuvre et à sa fiabilité. En effet, lors du premier test effectué par la société Trimble Euratlan, une ligne virtuelle d’alignement reproduisant le rang de bordure a été créée sans passer dans la vigne comme cela se fait pour les grandes cultures. Dans ces conditions, l’autoguidage ne s’est pas avéré fiable et le chauffeur a dû reprendre en main la conduite. Suite à cette anomalie, les techniciens d’Euratlan ont décidé d’arpenter tous les rangs à vide avec le tracteur pour en quelque sorte mémoriser la cartographie précise de la parcelle. Lors du deuxième test, l’autoguidage a alors démontré tout son intérêt. Les techniciens de Topcon ont dès le départ arpenté les rangs avec les deux tracteurs à vide ce qui leur a permis d’obtenir des résultats cohérents.

       

      Les résultats encourageants et appréciés des deux systèmes d’autoguidage

       

       À l’issue des tests, D Langlois et F Tessier considèrent que l’arpentage précis et exhaustif de tous les rangs est indispensable pour optimiser le bon fonctionnement des équipements. Dans ces conditions, les mesures d’écart de distance par rapport aux piquets s’avèrent assez constantes pour les systèmes d’autoguidage. Les chauffeurs ont beaucoup apprécié le fait de ne plus avoir besoin de se soucier la maîtrise de la conduite dans les rangs. Les tracteurs se dirigeaient seul  dans les rangs ce qui permettait aux «pilotes» de concentrer leur attention sur le réglage ds outils de travail du sol. Au niveau des tournières, les chauffeurs assuraient les manœuvres. 

       

      La technologie surprenante du tracteur Électrique Sabi Agri

       

                  L’autre événement important des tests de Ste Lheurine a été la présence d’un tracteur électrique attelé à un châssis équipé de deux interceps mécaniques Boisselet. La société Sabi-Agri a développé une gamme de tracteurs agricoles électriques ayant des autonomies  de travail de 8 heures. Les équipements conçus à l’origine par des utilisations dans le maraîchage, sont désormais utilisés en vigne et en arboriculture. La conception de ces nouveaux outils de traction obéit bien évidemment à des principes différents qui suscitent beaucoup d’interrogations au départ. Le modèle teste, un ALPO 4 roues motrices de 55 CV disposait de 2 relevages avant et arrière, d’un poste de conduite inversé. La voie de ce modèle était un peu étroite pour des vignes à 2,50 m d’écartement. La conduite s’effectue sans volant, sans bruit et avec souplesse. Un joystick permet de piloter l’équipement et le jeune viticulteur qui l’a testé, l’a pris en main facilement. Les résultats présentés en page 26 et 27 sont assez surprenants vis-à-vis  des capacités de motricité et d’adhérence au sol qui sont bonnes. 

       

      10 équipements de lames interceps testés

       

                  Le dernier aspect des tests qui a été conduit chez JM Taureau a concerné les châssis de lames interceps les plus utilisés dans la région. Ce test avait pour objectif d’apprécier les performances des différents matériels tractés par le même tracteur, un Landini Rex 4 120 GT mis à disposition par le concessionnaire local, la Sodismag. 10 équipements ont participé à l’essai l’Actisol Acticep Hydrolame, l’Actisol Acticep Ecolame (mécanique), l’Arrizza Expo-Doppio-Ful-XX, le Boisselet Cutimatic, le Braun Luv-Perfekt, le Bernhardt Shark (autoguidé), le Clemens Radius SL +,  le Delorier Mécanique, L’ID David ID-Weeder et le Rinièri Twin-Turbo. Lors du passage dans la parcelle, D Langlois et F Tessier ont réalisé différentes mesures, le contrôle de la vitesse d’avancement, les distances d’approche moyenne autour des ceps, les observations d’éventuelles blessures, l’état de la flore aussitôt le travail du sol. Ensuite l’état de la repousse de la flore a été suivi pendant une vingtaine de jours après les interventions. Les avis des chauffeurs après chaque passage de matériel ont également été pris en considération et intégré dans les fiches de résultats.

       

      Les bonnes performances des interceps mais une rémanence n’excédant pas 15 à 20 jours

       

                   D Langlois et F Tessier ont accompli un travail considérable qui débouche sur le  dossier que nous publions. Les résultats sont présentés en détail pour chaque matériel sous la forme de fiches (voir les pages 28 à 47). Le ressenti général des techniciens et des viticulteurs vis à vis des matériels est globalement positif sur le plan de l’efficacité du travailet fait émerger parfois des différences. Les systèmes de lames hydrauliques disposent aujourd’hui de nombreux réglages et les châssis qui les portent ont considérablement évolué. Les deux interceps mécaniques ont eu des performances assez surprenantes démontrant que cette technologie « rajeunie » par les constructeurs n’est pas obsolète. L’un des enseignements importants de ce test concerne la rémanence des passages de lames dans une période de forte croissance des herbes. Des niveaux de pluviométrie de 45 mm ont été enregistré sur le site dans la semaine suivant les tests. Il s’avère qu’au bout d’une quinzaine de jours, l’ensemble des blocs était recolonisé par une flore d’herbes poussante et couvrant en moyenne 20 % de la surface du sol. Un tel état surface au 05 à 10 juin rendait nécessaire la réalisation d’un deuxième passage mécanique pour ne pas se laisser par une flore au développement  dynamique.

                                                                                        

       

      Les principes technologiques des systèmes d’autoguidage

       

               Les objectifs d’un système d’autoguidage en grandes cultures  sont d’éviter de jalonner les parcelles, de diminuer les manques et les recouvrements au semis, lors du travail du sol et des pulvérisations. Cela permet également de pouvoir travailler plus facilement la nuit et dans la poussière. Le guidage permet de diminuer les manœuvres en bout de champs en sautant 1 ou 2 passages pour allonger le rayon des fourrières. Cela ouvre aussi la possibilité d’enregistrer tous les travaux effectués sur chaque parcelle et de vérifier que le travail ait bien été réalisé entièrement. En vignes, la technologie de l’autoguidage des tracteurs est encore peu développée mais elle pourrait présenter un réel intérêt pour tous les travaux mécaniques de précision.

      Les Deux familles de GPS (Global Positioning System) 

       

      Le pilier du fonctionnement de tous le systèmes d’autoguidage est bien l’utilisation des systèmes de positionnement et de repérage, les GPS, dont le fonctionnement est adapté par les constructeurs aux usages agricoles. Il existe actuellement deux systèmes de positionnement et de repérage GPS par satellites.

               Le premier, inventé en 1970 par l’armée américaine, permet, à l’aide de 24 satellites et de plusieurs stations fixes, de connaitre sa position en tout point de la Terre. C’est la technologie utilisée par tous les GPS routiers depuis 1993. Elle permet d’obtenir une précision de 10 à 15 m.

             Le second, GALILEO, développé par l’Union Européenne, utilisera aussi en 2020  24 satellites mais disposera en plus de deux centres de contrôle et de 40 antennes au sol, ce qui permettra d’augmenter la précision à environ 1 m. En 2022, il est prévu une correction centimétrique gratuite.

      Précision et sources d’erreurs :

               Le calcul d’une position, repose sur la réception de signaux émanant d’au moins 4 satellites. En agriculture, il faut y rajouter une correction de signal, c’est le DGPS (Différential Global Positioning System) pour obtenir la précision souhaitée. Il existe aujourd’hui différents types de corrections qui sont en mesure de couvrir tous les besoins.

      – Les Trois types de correction décimétrique en France :

      – EGNOS : correction européenne gratuite 

      -JOHN DEERE : SF1 gratuite ;

      – RTX Range Point : abonnement payant.

      – Les Trois types de correction centimétrique en France :

      – HP Omnistar : tous récepteurs GPS ;

      – G2 Omnistar : tous récepteurs GPS + Glomass (satellite russe) ;

      – SF2 : Récepteurs John Deere ;

      – RTX Center Point : Récepteurs Trimble.

      L’inconvénient majeur d beaucoup de système est le temps de retour entre deux passages. Plus celui-ci est important, plus le décalage augmente (x2 en 30 minutes).

      Pour travailler dans la vigne et pouvoir revenir toujours aux mêmes endroits, il faut utiliser un système de type RTK.

       

      Le système RTK radio (Real Time Kinematic ou cinématique temps réel) :

      Il utilise une base fixe installée sur un bâtiment de grande hauteur ou sur un trépied déplaçable (surtout en TP). Cette base envoie des signaux radio de correction à l’antenne mais la distance entre les deux ne doit pas dépasser 10 à 15 km pour conserver une bonne précision (2 cm). Il est alors important que le territoire soit bien couvert de bornes émettrices. Quelques groupes d’agriculteurs ont déjà investi dans une base RTK mais ce sont surtout les concessions de matériel agricole et les coopératives qui maillent le territoire.

      Le RTK par téléphonie mobile (GPRS) :

               Si aucune base et bornes RTK radio ne sont accessibles, l’utilisation d’un téléphone portable équipé d’une carte SIM spécial peut permettre d’obtenir une correction RTK satisfaisante. Une carte SIM spéciale est fournie avec le fabricant de système d’autoguidage. C’est une autre approche dont le fonctionnement reste lié à la qualité de la couverture des réseaux téléphoniques de téléphonie mobile. Les zones blanches représentent une limite pour ce système RTK par téléphonie.

      Trois systèmes d’autoguidage :

       

               La mise en œuvre du guidage sur les tracteurs nécessite l’installation d’équipements sur les directions. Trois systèmes sont actuellement développés, les molettes de traction sur les volants, les volants électriques et les systèmes hydrauliques. Les Volants électriques viennent carrément remplacer les volants d’origines par un nouveau volant équipé d’une entretoise crantée. Les systèmes hydrauliques sont constitués d’un bloc qui intervient directement sur l’« Orbitrol » de direction.

      La précision du guidage est de l’ordre de 2 cm pour le système hydraulique et de 3,5 cm pour les volants électriques. Le système hydraulique n’est pas déplaçable sur d’autres engins alors que les volants électriques peuvent se déplacer sur une vendangeuse ou sûr d’autres tracteurs. L’investissement est aussi inférieur à l’hydraulique. La correction d’inclinaison (inclinaisomètre) permet de corriger la position de l’antenne et de tenir compte des effets de dévers et de contre pente. Les corrections peuvent atteindre environ 40 cm pour un tracteur de 3 m dans une pente à 10 %.

      Cartographie des parcelles et guidage des outils :

               La cartographie des parcelles est très intéressante pour les ETA et les grosses exploitations car elle permet de vérifier que les travaux ont été effectués dans l’intégralité des parcelles. C’est important pour les travaux de nuit et tout particulièrement pour les chanter de pulvérisation. Cela permet de savoir si toute la surface a bien été pulvérisée et d’apprécier les recoupements ou les zones oubliées. Le système repose sur l’installation d’un jalon électronique qui permet au pulvérisateur de s’arrêter et de revenir au même endroit.

               Pour augmenter la précision de travail, l’autoguidage peut-être installé directement sur les outils ce qui évite les problèmes de jeu dans l’attelage et d’inclinaison. En grandes cultures, de tels systèmes présentent de l’intérêt pour les semis et les binages où une précision au centimètre est demandée.

      L’obligation de bien arpenter les rangs de vignes pour avoir une meilleure précision

      Dans les vignes, les rangs supposés droits des bords de parcelles, peuvent en théorie faire office de  ligne droite virtuelle de guidage  en positionnant un point A au départ et un point B à l’arrivée en haut du premier rang. Ensuite, le tracteur est positionné au milieu d’un rang et la mise en route du guidage permet de lâcher le volant. Dans la réalité, les variations naturelles d’écartement entre les rangs (de 2 à 10 ou 15 cm) et les effets de dévers constituent des sources d’erreurs que les systèmes d’autoguidage ne peuvent intégrer qu’en réalisant un arpentage précis de l’ensemble des parcelle. il faut en quelque sorte rentrer en mémoire l’ensemble des lignes (les rangs) dans l’équipement par le biais d’un passage à vide avec le tracteur ou la réalisation d’une cartographie précise du parcellaire par le survol d’un drone. Dans les parcelles jeunes plantées à la machine avec des GPS, l’alignement des rangs est en général plus régulier. Dans des parcelles plus âgées plantées à la main, les écarts de distances des interlignes dans les dévers, les contre-pentes peuvent être plus importants et sont des sources de dysfonctionnement. L’arpentage de toutes les parcelles est donc essentiel pour que l’autoguidage ait une précision adaptée aux exigences du travail d’entretien mécanique du cavaillon.

      Les tests de Sainte Lheurine ont confirmé l’importance de l’arpentage

      Le premier test de Sainte Lheurine avec le système Trimble de la Sct Euratlan a permis de mettre en évidence que la création d’une ligne droite virtuelle en bord de parcelle avait des limites. La montée du rang s’est effectuée sans toucher le volant mais la descente dans le rang contigu, après 10-15 mètres, a nécessité une prise en main manuelle de la conduite par le chauffeur jusqu’au bout du rang. La correction de guidage de la console n’était pas suffisante pour assurer l’autoguidage du tracteur. Lors du deuxième test, un arpentage de chaque rang avec le tracteur a permis de rendre la console d’autoguidage Trimble beaucoup plus performante et là, l’autoguidage a donné satisfaction.

      Ensuite, les autres équipements de la société TOPCON ont aussi été obligés de faire un relevé d’arpentage à vide des rangs où ils allaient travailler avec l’interceps. Donc, dans cette parcelle bien plantée mais en pente latérale et longitudinale, la cartographie entière ( pourquoi pas avec un drone pour éviter d’arpenter tous les rangs) s’avère indispensable mais représente un coût supplémentaire. Deux autres constructeurs de tracteurs ayant développé des systèmes d’autoguidage n’ont pas souhaité participer au test car la mise au point de leurs solutions dans les vignes n’était pas encore totalement fiabilisée.

       

       

A lire aussi

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

C'est un constat qui a fait le tour des médias, sportifs ou non: l'US Cognac va très mal. Malgré les efforts de Jean-Charles Vicard pour tenter de redresser la barre, le club se retrouve dans une difficile situation financière.  La direction a de fait décidé d'envoyer...

error: Ce contenu est protégé