Réforme du bac Pro : Trois ans au lieu de quatre

12 février 2010

Jusqu’à la rentrée scolaire 2009, le Bac pro se préparait en quatre ans : deux ans de BEP suivis d’une première et d’une terminale professionnelle. La réforme du ministère de l’Education, adoptée par le ministère de l’Agriculture, unifie le cursus avec les autres bacs, général et technologique. Bénéfice espéré : amener plus de jeunes au niveau Bac pro.

Dorénavant, la voie de l’enseignement professionnel agricole – celle qui a vocation d’emmener le plus directement le jeune vers l’emploi – se matérialise par deux diplômes : le CAPA (Certificat d’aptitude professionnelle agricole) de niveau V, préparé en deux ans après la classe de 3e ; et le Bac pro (Bac professionnel) de niveau IV, obtenu en trois ans après la sortie du collège. Cette réforme s’applique aux 75 spécialités techniques répertoriées en France, dont l’agriculture. Elle a pour effet d’harmoniser le nombre d’années scolaires entre tous les diplômes de niveau IV : Bac général (S, ES, L), Bac technologique, Bac pro (Bac professionnel). Ce faisant, la réforme signe la disparition, dans la filière technique, de ce qui constituait un niveau intermédiaire, le BEP (Brevet d’étude professionnelle), décliné en BEPA en agriculture. Cependant, les professionnels de tous secteurs d’activité ont souhaité que des jeunes qui redouteraient un échec en Bac pro puissent valider en fin de classe de Première un diplôme, en l’occurrence le BEP. Ainsi, en agriculture, le BEPA est supprimé sans tout à fait l’être. Important ! Cette refonte s’accompagne d’un aménagement du programme de la Seconde, qui devient une Seconde professionnelle. Elle reprend les bases du programme de BEP. Les Secondes professionnelles acquièrent un contenu bien identifié, variable selon les établissements. Dans la région, deux établissements d’enseignement agricole préparent au Bac pro : le lycée agricole Le Renaudin et la MFR (maison familiale rurale) de Triac-Lautrait. Le lycée agricole Le Renaudin propose deux secondes professionnelles – « Production Vigne et Vin » et « Production végétale » tandis que la MFR de Triac-Lautrait en propose trois – « Production végétale agro-équipement option viticulture », « Horticulture » et « Nature, paysage, forêt ». Si la Seconde professionnelle correspond à une année de découverte tous azimuts du métier, l’année de Première se consacre aux premiers acquis techniques « purs et durs » tandis que la terminale privilégie davantage la réflexion et le raisonnement, en plus de la pratique.

plus de jeunes vers des diplômes de niveau III

Globalement, les formateurs approuvent la réforme. « Entre BEP et Bac pro, il y avait des redondances. » « Certes, disent-ils, le diplôme en quatre ans présentait des avantages pour les jeunes en difficulté scolaire. Après deux ans de Capa, ils pouvaient rentrer directement en première Bac pro. Par contre, le gros avantage de la réforme est de ne pas « brider » les élèves qui avancent bien. A 18 ans, trop jeunes pour reprendre l’exploitation des parents ou rentrer dans la vie active, ils seront tentés de se diriger vers le BTS. C’est clairement l’enjeu de cette réforme que d’emmener plus de jeunes vers des diplômes de niveau III. Et tant mieux. Ils auront davantage la tête sur les épaules. » A noter quand même l’existence de nouvelles passerelles entre la deuxième année de CAP et la Seconde professionnelle.

L’autre gain de la réforme tient à l’effet d’affichage qu’elle véhicule. Harmoniser les cursus c’est signifier, d’une certaine façon, que la filière technique sort de son ghetto. « On échappe à la ringardisation » commente un enseignant.

Est-ce pour cela ou, plus sûrement, à cause d’un faisceau de raisons ? En tout cas, les établissements d’enseignement agricole ont réalisé une très bonne rentrée 2009, avec des effectifs comme ils n’en avaient plus connu depuis longtemps. Certains n’hésitent pas à parler « d’engouement ». En septembre dernier, la MFR de Triac-Lautrait a intégré 43 élèves en seconde. Le lycée agricole du Renaudin, près de Jonzac, compte des classes de 24 élèves entre ses deux options. Les directeurs d’établissement ne cachent pas leur joie de travailler – enfin – avec des effectifs normaux. Embellie provisoire ou restauration durable des vocations agricoles ? Il est trop tôt pour le dire mais en tout cas l’espoir renaît.

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