Le groupe Rémy Cointreau annonce une baisse de 16,1 % de ses ventes au second trimestre 2024-25. Cette baisse significative, qui touche particulièrement la division Cognac (-20,7%), s’explique par la poursuite de la politique de déstockage aux États-Unis, mais aussi des conditions de marché plus difficiles en Chine. Si 2024/2025 s’annonce comme une année de transition difficile, les fondamentaux à long terme restent solides.
Un COVID long pour le groupe Rémy Cointreau
Le marché américain, traditionnel moteur de croissance pour le cognac, continue de peser sur les performances du groupe. Si les depletions (ventes des grossistes aux détaillants) montrent une légère amélioration séquentielle entre le premier et le second trimestre, elles restent en-dessous des attentes du groupe. La normalisation de la consommation post-Covid, l’impact des taux d’intérêt élevés sur le pouvoir d’achat des consommateurs, mais aussi un environnement commercial très promotionnel sont autant de facteurs à considérer dans ce cadre et ne permettant pas au groupe prévoir de retour à la croissance avant le quatrième trimestre 2024-25 au plus tôt sur ce marché clé.
La nouvelle donne du marché chinois
Le marché chinois présente des signaux contrastés. Malgré une base de comparaison élevée, le recul des ventes reste limité, soutenu notamment par la résilience du e-commerce qui progresse de plus de 10 %. Cependant, le segment haut de gamme montre des signes de ralentissement. La situation pourrait se complexifier davantage avec l’annonce par le ministère chinois du Commerce (Mofcom) de droits de douane additionnels de 38,1 % sur les importations de cognac à partir d’octobre 2024. Si cette mesure provisoire venait à être confirmée, le groupe prévoit d’activer un plan d’action spécifique pour en atténuer les effets à partir de 2025-26.
Une performance mitigée en Europe et Afrique
La région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) n’échappe pas à la tendance baissière avec un recul marqué des ventes. Le marché européen est particulièrement affecté par une forte activité promotionnelle, tandis que l’Afrique subit des effets de déstockage, notamment liés à un changement de distribution au Nigeria. Cette situation reflète une consommation contrastée qui devrait persister au second semestre selon les prévisions du groupe.
Préparer l’avenir
Face à cette conjoncture défavorable, Rémy Cointreau adopte une approche pragmatique en ajustant ses objectifs annuels. Le groupe prévoit désormais une baisse organique à deux chiffres de ses ventes pour l’exercice 2024/2025, contre une « reprise graduelle » initialement anticipée. Pour protéger sa rentabilité, un plan de réduction des coûts significatif est mis en place. Cette période de transition devrait permettre de finaliser le déstockage dans les Amériques et de reprendre, à partir de 2025/2026, la trajectoire fixée pour 2029/2030.
Si 2024/2025 s’annonce comme une année de transition difficile, les fondamentaux à long terme restent solides. Tous doivent néanmoins anticiper une évolution structurelle des marchés, marquée par une plus grande volatilité et des changements dans les habitudes de consommation. L’adaptation des stratégies commerciales et la maîtrise des coûts de production deviennent plus que jamais essentielles pour traverser cette période d’ajustement.

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