(Ré)apprendre à naviguer à travers les turbulences

17 octobre 2024

Nina Couturier

Qui veut voyager loin ménage sa monture

La crise qui secoue actuellement le Cognaçais, source de préoccupations légitimes, ouvre par ailleurs la nécessité, si ce n’est de s’adapter ou de se diversifier, à tout le moins de se questionner pour chaque chef d’exploitation ou d’entreprise. Que la gestion soit pleinement maîtrisée ou qu’elle souffre déjà d’incertitudes, il sera bon de faire le point sur sa structuration tout en en identifiant les leviers à déployer pour la pérenniser – comme on accepte bien volontiers de le faire dans le cadre d’autres démarches (certification, CSP, bilan carbone, ISO, etc.). Si cette période de turbulence économique pousse à une réévaluation des aspects économiques, sociaux et fiscaux de l’organisation en place, elle ouvre aussi la voie à une reprise en main de l’exploitation ou de la structure concernée par son capitaine, seul maître à bord, décisionnaire en son sein. Est-ce que le modèle cognaçais a bien vécu et assistons-nous aujourd’hui à un changement de cycle nécessitant une transformation en profondeur de son organisation ? Seul le temps nous permettra d’en juger… Le contexte étant, côté amont comme aval, presque impossible à imaginer.
Mais dans tous les cas, n’oublions pas que, malgré les défis actuels, l’histoire séculaire du cognac témoigne de sa capacité à surmonter les crises et à en sortir renforcé.

1975-2024, un demi-siècle d’histoire nous contemple pour un enjeu toujours identique : la nécessité d’une régulation du marché, quand le commerce ne peut plus absorber l’excédent

Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises, comme dans les années 70, la viticulture cognaçaise fait aujourd’hui face à un paradoxe : alors qu’elle a longtemps cherché à augmenter ses rendements pour répondre à la demande, elle se trouve désormais confrontée à un enjeu de taille : une offre qui dépasse et dépassera vraisemblablement un moment cette dernière (vignoble renouvelé, augmentation des surfaces plantées sur les dernières années et des stocks importants). Si à l’époque le négoce, soumis à de lourdes charges financières, n’était pas en mesure d’absorber la totalité de la production, c’est sur l’interprofession que reposait alors la charge de trouver une solution tout à la fois :
• Efficace.
• Aussi équitable que possible.
• Qui découragerait la recherche des gros rendements.
• Ne devant pas porter atteinte à la réglementation du vieillissement.
• Qui n’enfermerait pas les opérateurs dans des contraintes trop rigides extérieures à la région dont ils risqueraient de ne pas pouvoir se dégager quand elles ne seront plus nécessaires.
• Qui permettrait aux viticulteurs de faire face à leurs frais d’exploitation.
Cela vous dit quelque chose ? Ces éléments ne sont pas, pour la majorité, sans rappeler le « mécanisme de retrait volontaire et temporaire de surfaces cognac fondé sur un rendement différencié » ou « RAC différencié » aujourd’hui sur la table.
Parmi ces principes, c’est l’équité qui s’annonçait alors comme le plus difficile à mettre en oeuvre. La diversité des situations individuelles, les différences de crus, de structures d’exploitation et d’habitudes de vente rendant impossible l’élaboration d’une réglementation parfaitement juste pour tous. Comme nous le rapportions dans nos colonnes en 1975, « c’est certainement celui qui donnera lieu à un maximum de critiques, hélas souvent justifiées, car même si la démagogie ne s’en mêle pas, ce que nous souhaitons de tout coeur, les habitudes de vente, les crus, la structure des exploitations variant tellement, qu’une réglementation générale ne peut pas être parfaitement équitable pour tous », la situation du cru des Bons Bois et Bois Ordinaires – plus périphérique – se cachant alors en embuscade. L’enjeu était alors de tirer les leçons de la crise pour construire un modèle plus durable et équilibré, capable de résister aux aléas du marché tout en préservant la qualité et la réputation de l’eau-de-vie charentaise. Un défi non réglé par la filière et qui se semble se répéter aujourd’hui.

Les Charentais parlent aux Charentais, échos de radio bout de vigne

La fréquence radio bout de vigne est au beau fixe avec une activité qui – ces jours et semaines-ci – ne connaît pas la crise. C’est une réalité, des structures sont aujourd’hui en difficulté, à tous les niveaux et au sein de toutes les activités de la filière. L’article réalisé en lien avec le tribunal de commerce d’Angoulême, à retrouver au menu ciaprès, ne le nie pas, bien au contraire. Il va y avoir des turbulences et les achats en volume et en prix baisseront. Le rendement aussi. Dans ce contexte, les spéculations vont déjà bon train sur la situation des uns, des autres, leurs supposées défaillances, alimentant un climat de défiance généralisé défavorable à la construction d’un schéma d’avenir collectif.
Cela n’est que notre avis et vaut ce que ça vaut, mais ne vaudrait-il pas mieux, dans ce cadre, s’appuyer sur une information fiable, récoltée, pressée et distillée pour répondre aux exigences qualitatives des opérateurs plutôt que de céder à ces rumeurs ? Nous le croyons et nous espérons que nos vitilecteurs partagent – eux aussi – ce point de vue !

Ensemble pour Octobre rose !

Au travers du cliché ci-contre qui fait écho à l’action que nous avions conduite l’année dernière sortant alors un peu de notre ligne éditoriale habituelle, nous souhaitions mettre en lumière l’importance d’un dépistage – régulier – du cancer du sein, tout en encourageant la prise de conscience autour de cette maladie et bien sûr s’inscrire en plein soutien des personnes touchées, chacun ayant dans son entourage ou personnellement déjà été confronté à cette maladie :
• 6 000 nouveaux cas dénombrés chaque année en France.
• 88 % de taux de survie si dépisté au stade localisé.
• 1 femme/8 risque d’être touchée par ce cancer au cours de sa vie.
• 12 000 décès par an en France.
Car n’oublions pas que les agriculteurs font face à des défis significatifs en matière d’accès aux soins de santé. Un nombre non négligeable d’entre eux renoncent à consulter des médecins, principalement en raison d’un manque de temps et de la distance à parcourir jusqu’aux structures médicales. Derrière ce prétexte du manque de temps peuvent aussi se cacher d’autres obstacles de nature financière, des difficultés d’accès, la peur ou même la négligence. Cette situation reflète un choix tendant à penser que les bénéfices potentiels des soins médicaux ne semblent pas compenser les inconvénients liés à leur organisation. Plus inquiétant encore, il met en avant une tendance chez les agriculteurs à prioriser leur travail au détriment de leur propre santé. A bon entendeur…
Pour aller plus loin :
donner.fondation-arc.org/octobrerose/~mon-don

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