Réchauffement climatique : Les experts unanimes

30 octobre 2014

La Rédaction

Environ tous les qautre ans sort le rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), un aréopage de scientifiques du monde entier qui passe au crible toutes les publications concernant l’interaction homme/climat (les émissions de CO2 ou encore de gaz à effet de serre). La dernière mouture, parue en avril 2014, ne laisse guère de place au doute. L’élévation de la température est en route : elle pourrait atteindre jusqu’à 4,8 °C d’ici à 2100 et peut-être pas loin de 2 °C en 2050. L’agriculture est la première concernée par ce réchauffement, y compris la vigne, plante pérenne mais qui produit tous les ans.

 

 

p21.jpgQu’est-ce que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ? C’est une organisation qui a été mise en place en 1988, à la demande du G7 (1) par l’Organisation météorologique mon-
diale et le Programme pour l’environnement des Nations unies. Son appellation anglaise est IPC (Intergouvernemental Panel on Climate Change). Le GIEC n’est pas un organisme de recherche en tant que tel. Il expertise les travaux de scientifiques dont les études paraissent dans les publications du monde entier. Sa cible ? Le risque de changement climatique provoqué par l’homme. Chaque communication du GIEC – environ tous les quatre ans – est le fruit d’une compilation de près de 20 000 études, de la part de plus de 800 chercheurs.

p21b.jpgComme tout organe onusien, le GIEC ne représente pas des hommes mais des Etats. Lors de son assemblée générale, le GIEC vote, sur proposition du bureau, le sommaire du futur rapport. La dernière mouture du GIEC est parue entre septembre 2013 et avril 2014. Elle se composait de trois volets : un premier volet sur l’état des connaissances scientifiques sur le réchauffement, publié fin septembre 2013 ; un deuxième volet concernant l’impact du changement climatique en cours sur les sociétés et les écosystèmes, publié en mars 2014 et un troisième volet sur les mesures d’atténuation du dérèglement climatique, paru en avril dernier.

Que dit le rapport ? En gros, les modèles climatiques prévoient, selon quatre scénarios plus ou moins pessimistes, une élévation de température comprise entre 0,3 °C et 4,8 °C pour la période 2081-2100, par rapport à la moyenne de 1986-2005. Pour l’instant, la Terre s’est réchauffée de 0,85 °C depuis l’époque pré-industrielle et les trois dernières décennies sont « pro-bablement les plus chaudes qu’a connues l’hémisphère nord depuis au moins 1 400 ans ».

Un retour en force du charbon

p22.jpgDe 2000 à 2010, décennie qui a vu un retour en force du charbon, les émissions ont augmenté de 2,2 % par an contre 0,4 % en moyenne au cours des trois décennies précédentes. A ce rythme, le seuil des 2 °C supplémentaires, régulièrement avancé par les conférences successives des Nations unies sur le climat, sera franchi dès 2030. A l’exception du scénario le plus sobre en émissions carbonées, il est hautement improbable que la hausse des températures soit contenue dans la limite des 2 °C dans les trente/quarante ans à venir.

Pour les experts du climat, cela ne fait pas de doute. A 95 % de taux de probabilité, ils estiment que l’élévation de la température terrestre relevée depuis le milieu du XXe siècle est bel et bien le fait de l’accumulation des gaz à effet de serre d’origine humaine.

Les experts s’attendent à ce que le réchauffement climatique provoque des événements météorologiques extrêmes plus intenses, tels que sécheresse, pluie diluvienne. Des régions humides recevraient plus de pluies, les régions sèches moins. Surtout après 2050, dans les régions tempérées, on s’attend à ce que le réchau ffement climatique se traduise par une augmentation de l’évapotranspiration des plantes, avec comme corollaire un besoin en eau plus important et un assèchement des sols. Le rendement des grandes cultures pourrait perdre en moyenne 2 % par décennie, avec un risque accru de déficit alimentaire. Au plan phrénologique, cela se traduirait par un raccourcissement du cycle de production : avance de plusieurs semaines, sur la vigne par exemple, des raisins mûrs à une période plus estivale. Bien sûr, au niveau qualitatif, les impacts ne seraient pas neutres : quantité de sucre, rapport acide malique/acide tartrique, enthocyanes… Pour toutes les cultures, les instituts de recherche sont en train de travailler à des modes d’adaptation : en vigne, nouveaux porte-greffe, cépages plus tardifs, modes de palissage, éventuellement irrigation…

L’élévation du niveau de la mer

p22b.jpgUne autre conséquence majeure du réchauffement est l’élévation du niveau de la mer. Les scientifiques l’ont revu à la hausse. Ils tablent désormais sur une augmentation moyenne de 26 à 98 cm d’ici à 2100 contre 18 à 59 cm dans le rapport 2007.

Dorénavant, les climatologues prennent mieux en compte la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Arctique, engagé selon eux de manière irréversible. Chaque année, l’Antarctique de l’ouest et le Groenland perdent l’équivalent de six fois le lac Léman. « Le signal est tellement fort qu’il n’est plus possible de penser qu’il s’agit d’un phénomène transitoire » explique un scientifique.

Entre 1901 et 2010, les océans se sont déjà élevés de 19 cm. Une réalité tangible dans de nombreuses régions du monde comme l’Aquitaine ou l’est des Etats-Unis où l’élévation des mers, combinée à des épisodes de hautes eaux (tempêtes, marées…) provoque de plus en plus de dégâts.

Comme en 2007, date du précédent rapport du GIEC, les experts mettent en garde contre « le coût économique de l’inaction ». Toutes les études le confirment : plus les gouvernements tardent, plus la charge sera lourde pour les générations futures. Limiter d’ici la fin du siècle la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère de 450 parties par million (ppm) – valeur associée par les scientifiques à un réchauffement de 2 °C – suppose de réduire les émissions mondiales entre 40 et 70 % d’ici 2050 et de les ramener à un niveau « proche de zéro » d’ici à 2100.

Pour y parvenir, des changements d’approche doivent intervenir dans tous les secteurs dont, en premier lieu, celui de l’énergie – qui représente 35 % des émissions, devant l’agriculture et la forêt (24 %), l’industrie (21 %), les transports (14 %) et le bâtiment (6 %). Pour cela, prônent les experts du GIEC, « le recours aux énergies peu carbonées (renouvelables, nucléaires) va devoir tripler voire quadrupler d’ici 2050, l’efficacité énergétique des bâtiments doit être améliorée, sans oublier le développement des techniques de captage et de stockage du CO2. L’instauration de normes d’émissions plus contraignantes, la mise en place de taxes fondées sur les émissions (taxe carbone) et de marchés du carbone, la réduction des subventions aux énergies fossiles sont d’autres leviers possibles.

Source : Journal « Le Monde » – Audrey Garric – 14-04-2014. (Groupe des sept pays les plus riches d’alors : USA, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Canada, Italie).

Qu’est-ce que l’effet de serre ?
Il existe au sein de l’atmosphère des gaz (les gaz à effet de serre) qui jouent pour la planète le même rôle que les vitres de la serre. Ils laissent passer la lumière mais empêchent la chaleur de la terre qui s’est formée sous l’effet de la lumière du soleil – les infrarouges – de se dissiper trop vite vers l’espace. En cela, on peut dire que les gaz à effet de serre jouent un rôle bénéfique. S’ils n’existaient pas, la surface terrestre afficherait une température moyenne de – 18 °C plutôt que de + 15°. Les deux gaz à effet de serre les plus importants (mais il y en a d’autres) sont parfaitement naturels : la vapeur d’eau et le gaz carbonique, présent dans l’atmosphère depuis la nuit des temps. Problème ! Avec le développement des activités modernes, la concentration en gaz carbonique (CO2) s’est élevée de manière exponentielle. Du jamais vu depuis les 800 000 dernières années !
Sous l’effet de l’augmentation du CO2, l’atmosphère devient de plus en plus opaque aux infrarouges, qui ont davantage de mal à migrer vers l’espace. Conséquence : la température moyenne de la planète s’élève. Ainsi parle-t-on de « réchauffement climatique » ou encore de « changement climatique ». Bien sûr, l’effet de l’homme ne se limite pas à l’émission de gaz à effet de serre. Il agit aussi sur le cycle de l’eau, sur la concentration urbaine (qui entraîne une augmentation locale des températures) ou encore sur la désertification, qui modifie le pouvoir réfléchissant des sols (comme la mise en culture d’une forêt).
Modèles mathématiques
De par le monde, une quinzaine de modèles mathématiques met en équation toutes ces influences pour expliquer le fonctionnement du climat, voire le prédire. Ces modèles n’aboutissent pas forcément à des conclusions parfaitement identiques, mais ils s’accordent tous sur un point : les activités humaines modifient le climat dans le sens d’un réchauffement global de la planète. Comme déjà dit ailleurs, l’énergie est jugée responsable de 35 % des émissions de gaz à effet de serre, l’agriculture et la forêt (24 %), l’industrie (21 %) et les bâtiments (6 %).
En 2013, la consommation d’énergie a augmenté de 2,1 % dans les pays du G20, qui représentent 80 % de la consommation mondiale d’énergie.
Sources : Manicore (www.manicore.com), site internet animé par Jean-Marc Jancovici, ingénieur-conseil, co-fondateur de Carbone 4, cabinet spécialisé dans la réalisation de Bilans carbone.

 

 

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