Mise En Avant Du Concept De Développement Durable

28 mars 2009

La Rédaction

La société de Cognac et plus généralement le groupe Rémy Cointreau souhaitent mettre en avant le concept de développement rural. Ce fut dit lors de la première réunion d’Alliance Fine Champagne et répété sur le site pilote d’une des propriétés de la maison, Les Martins à Juillac-le-Coq. Car cette déclaration d’intention fait aussi l’objet de déclinaisons concrètes.

 

christrian_lafage.jpgSi le concept de développement durable n’est pas né d’hier (voir encadré), en 2005 il rencontre un indéniable écho dans la société civile. Sont passés par là l’effet de serre, l’élévation du niveau de température, le SRASS, le tsunami et autres raz-de-marée. Face à une population qui craint pour son avenir, la notion de développement durable rassure. Cette aura de sympathie est renforcée par le message humaniste et les valeurs d’éthique généralement véhiculés par la notion de développement durable. Car, à la dimension environnementale s’ajoute implicitement celle d’une « économie saine » qui s’opposerait à un libéralisme débridé. Mais le système ne fait pas non plus l’unanimité et suscite des critiques. Il y a ceux qui égratignent son côté « politiquement correct » voire angéliste. En réaction, on le suspecte d’être galvaudé, de jouer sur un effet d’affichage ou de reposer sur un système de pensée flou. Le sociologue Edgar Morin estime que l’adjectif durable ne fait que tempérer la notion de développement des pays riches. Autrement dit, ce serait une façon élégante de « faire passer la pilule ». Les écologistes radicaux refusent quant à eux toute notion de développement durable, car ils prônent la décroissance, seule garantie à leurs yeux de la préservation de l’environnement. Il va sans dire que cette position s’oppose à celle de développement durable qui entend concilier l’environnement avec une croissance qui réponde aux besoins actuels et futurs de l’humanité. Une formule belle et forte de Saint-Exupéry a été citée à Cognac, bien faite pour frapper les esprits des agriculteurs. « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres mais nous l’empruntons à nos enfants. »

Perpétuation des valeurs

Le groupe Rémy-Cointreau se situe clairement dans cette logique de perpétuation des valeurs, qui n’oublie pas la composante économique. « Les objectifs historiques du groupe ont toujours été d’allier les performances économiques à une responsabilité sociétale et environnementale. » Vincent Géré, directeur de la production chez Rémy Martin, y rajoute la vision long terme qui sous-tend la politique de la maison. « Pour nous qui affichons la volonté d’être leader des qualités supérieures, cette vision est ancrée dans notre culture. Cette capacité à envisager le long terme est nécessaire pour pérenniser les exploitations dont nous avons absolument besoin maintenant et dans le futur. Alliance Fine Champagne s’inscrit dans cette mouvance et si le développement durable suppose quelques investissements, ces investissements peuvent être planifiés dans le temps. Par notre adhésion au Pacte mondial, nous affirmons notre volonté de contribuer pleinement à une approche responsable et citoyenne de nos activités. »

Qu’est-ce que le Pacte mondial ? Christian Lafage, directeur du développement durable chez Rémy Cointreau, s’est employé à préciser la notion devant les viticulteurs. « Dès 2003, le groupe a réfléchi aux valeurs éthiques qui étaient les siennes. Nous fûmes l’une des premières entreprises françaises à adhérer au Pacte mondial ou “Global Compact” lancé par le secrétaire des Nations unies, Kofi Anan en 2000. Déclaration des droits de l’homme, Déclaration du droit international du travail, Déclaration de Rio sur l’environnement, Recommandation internationale contre la corruption… les entreprises adhérentes s’engagent à respecter ces chartes fondatrices et à devenir les ambassadeurs du Pacte mondial. Chez Rémy Martin l’ensemble de ces engagements se décline en six points : des modes de culture respectueux de l’environnement sur les propriétés, les relations avec nos fournisseurs marquées par une démarche sociale et environnementale (critères d’évaluation, réduction du poids des emballages…), une éthique marketing et commerciale, l’équité sociale à l’intérieur du groupe, une communication responsable, une consommation responsable des produits. » Sur le point particulier des pratiques viticoles, Ch. Lafage a indiqué que le groupe Rémy Cointreau visait, à terme des 18 mois-deux ans, la qualification « Viticulture raisonnée » de l’ensemble de ses propriétés, à Cognac et en Champagne de Reims. Pour cette qualification, le domaine des Martins, à Juillac-le-Coq, a été choisi comme site pilote. La mise en place de la démarche a été confiée à Bernard Vaisseau, responsable des domaines Rémy Martin et à Denis Fougère, son adjoint (voir page 38). Le 4 octobre dernier, ils ont tous les deux présenté la démarche à un groupe de délégués de l’Alliance Fine Champagne ainsi qu’aux techniciens régionaux. Car la maison de négoce a la volonté affichée d’assurer à cette initiative le maximum de visibilité auprès des 1 255 viticulteurs partenaires. « Nous voulons partager nos convictions et nos expériences avec nos partenaires viticulteurs. »

Le sujet des 10 prochaines années

Pour Bernard Guionnet, cela ne fait d’ailleurs pas de doute : « Ce qui se fait sur les exploitations viticoles de Rémy Martin servira peu à peu de modèles à nos exploitations. Ce sera le sujet des cinq-dix prochaines années. » Président du comité de pilotage « Viticulture raisonnée », Bernard Gauthier, de Malaville, n’a pas dit autre chose lors de la réunion d’Alliance Fine Champagne. Pour lui, il s’agit même d’une « chance » pour les exploitations. « Si le développement durable se traduit par des contraintes, il représente aussi une opportunité pour les jeunes qui veulent rester. C’est un challenge de la vie. D’ailleurs la région de Cognac représente un exemple de développement durable, par la transmission d’un savoir-faire ancestral. » B. Gauthier a émis une conviction : « A l’horizon 2015, une exploitation qui ne sera pas qualifiée n’aura plus accès au marché. » En citant cette date de 2015, il faisait semble-t-il référence à la Directive cadre européenne sur l’eau, traitant du « bon état » des milieux aquatiques*. « On a dix ans pour se mettre au diapason » en a conclu B. Gauthier. A la question de la salle – combien ça coûte ? – il a répondu en citant un ordre de grandeur : « en partant de très très bas, a-t-il dit, il faut moins de 5 000 F/ha (760 €/ha) pour qualifier une exploitation en viticulture raisonnée ». Selon lui, le problème des rejets se concentre surtout dans les cours de ferme. Des études ont prouvé que le taux de résidus y était 45 fois plus élevé qu’aux champs. « Il faut donc se montrer très vigilant sur les aires de remplissage, de lavage. » Un paramètre que le domaine des Martins à Juillac-le-Coq s’est attaché à régler.

Le concept de développement durable a 30 ans

L’idée fait son chemin depuis trente ans. C’est en 1972 que le concept « d’éco-développement » est avancé à la Conférence de l’ONU à Stockholm, comme alternative au tout économique. En 1980, le terme anglais « sustainable developpment » apparaît pour la première fois. Traduite littéralement par développement soutenable, cette notion est encore essentiellement environnementale. C’est en 1987 que le rapport « Notre avenir à tous » commandé par l’ONU à Mme Gro Harlem Brundtland, Premier ministre de Norvège, fait définitivement connaître le concept de développement durable. Selon la définition du rapport Brundtland, « c’est un mode de développement qui s’efforce de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ». Le concept de développement durable est consacré en 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro qui lie définitivement les questions d’environnement et de développement. La déclaration de Rio précise que « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable : ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature ».

 

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