Une Adhésion En Demi-Teinte

10 mars 2009

Arrachage, distillation, rendements, marchés… le Plan Bordeaux se nourrit de tous ces ingrédients pour purger la situation.

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Jean-François Bertran de Balanda.

Le Plan Bordeaux prévoyait 10 000 ha d’arrachage sur 3 campagnes : 2005-2006, 2006-2007, 2007-2008. L’emprunt souscrit par l’interprofession et cautionné par l’Etat était en tout cas calibré à cette hauteur. A mi-parcours, il semble qu’on soit assez loin du compte. En 2006, l’arrachage a concerné 1 800 ha. Cette année, les volumes seraient en baisse de 25 % et encore ne parle-t-on que d’intentions d’arrachage. Par ailleurs, les dossiers d’arrachage, assez nombreux, portent sur de petites surfaces (vente de terrains à bâtir…). Ainsi, sur les deux premières campagnes, le vignoble bordelais ne devrait s’alléger que de 3 000 ha sur les 125 000. Et ce n’est sans doute pas la dernière campagne d’arrachage qui va permettre d’inverser la situation. « Le chiffre de 1 800 ha, qui était considéré l’an dernier comme un petit dôme pas très pointu pourrait bien se révéler le pic de l’arrachage en Gironde » commente Jean-François Bertran de Balanda, directeur régional de Vinifhlor. « Certes, dit-il, le Midi affiche des intentions d’arrachage en baisse de 25 % (10 000 ha pour cette campagne) mais outre qu’il a déjà arraché 12 500 ha en 2005-2006, le vignoble méridional semble attendre la mise en place du plan d’arrachage communautaire. »

Au-delà de la compréhensible réticence des vignerons girondins à se séparer de leur outil de travail, jouent quelques facteurs plus techniques. Et notamment cette règle communautaire qui veut que ne puissent être arrachées avec prime les vignes de moins de dix ans. Dans l’euphorie des années 2000, des vignes ont pu être plantées sur des terrains peu propices. Les viticulteurs s’en sépareraient plus volontiers que de leurs vignes à terroir mais ils butent sur le principe communautaire, intangible. Comme ils butent sur l’interdiction d’arrachage pour les exploitations ayant fait l’objet d’autorisations de plantations nouvelles ou de transfert après une certaine date. Encore que là, la subsidiarité nationale adoucisse le propos. La réglementation française a ramené cette période de cinq campagnes à trois. S’ajoute à ces freins la baisse mécanique du montant de la prime au fil du temps : de 15 000 € l’ha (100 000 F) la première campagne à 12 300 € en 2006-2007. Sans doute aussi des structures économiques comme les coopératives ne souhaitent-elles pas vraiment voir « ouvrir le robinet », pour cause de hausse incontrôlée des frais de vinification. Le Lot-et-Garonne, le Marmandais, les appellations d’Aquitaine de faible notoriété, aux prises avec une crise « terrible », sont confrontés à ce genre de question quasi existentielle : ne rien faire, avec les risques que cela comporte ou se fragiliser en essayant de se sauver. C’est certainement la réduction des rendements, consentie par la profession depuis plusieurs années, qui, à ce jour, présente le plus d’efficacité volumique. En moyenne, le rendement des rouges est tombé à 50 hl/ha, un peu plus sur les blancs. Ainsi est-on loin, très loin des pics de rendement atteints dans les années 85 où les Bordeaux AOC flirtaient avec les 82 hl/ha. Avec l’arrachage, définitif ou temporaire, la baisse de rendement constitue l’un des piliers du plan Bordeaux. Pourtant, de toute évidence, cette mesure a atteint ses limites, en terme de gestion économique des exploitations.

pas de culture de la distillation

Bordeaux ne possédait pas la culture de la distillation. Après une distillation de crise 2005 « très décevante » – 180 000 hl vol. – Bordeaux a relevé le gant en 2006 avec 388 000 hl vol. envoyés en chaudière, sur un volume total souscrit par la France de 2 millions d’hl vol. Mais ce sera la dernière année car « l’Europe ne veut plus entendre parler de distillation de crise, sachant qu’elle s’est déjà fait tirer l’oreille en 2006 ». Reste la distillation alcool de bouche, qui a connu un franc succès en 2006. Pour une enveloppe européenne de 13 millions d’hl, les volumes présentés atteignent 15 millions d’hl. A tel point qu’il faudra rabattre les quantités. Comme chaque année, l’Espagne se place en tête des inscriptions (8 millions d’hl), suivie de l’Italie (4 millions d’hl), de la France (2,2 millions d’hl), du Portugal (647 000 hl). L’effet de dégagement de cette distillation n’est pas négligeable.

Si Bordeaux a investi sur ses marchés, ce point est sans doute le plus difficile à apprécier et le plus sujet à caution aussi. Manifestement, la région espérait un soutien plus massif de l’Etat. Mais outre que les aides nationales sont très encadrées par Bruxelles, un certain manque de visibilité persiste sur ce qui conviendrait de soutenir. « L’idée consiste à “mettre le paquet” sur des structures prêtes à faire de gros sacrifices pour défendre leurs marques, marques qui généreront elles-mêmes de la valeur ajoutée. Sinon c’est du saupoudrage. Or, à Bordeaux, on a un peu de mal à voir ce type de négoce émerger. »

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