Le vignoble de Cognac va inévitablement rentrer dans une nouvelle aire de conduite agronomique dans toutes prochaines années pour faire aux enjeux globaux de recherche de productivité, d’adaptation à l’évolution climatique, de respect des exigences environnementales et de réalisme économique. Le modèle actuel fondé sur des vignes larges, hautes, productives, palissée ou pas et à base de 99 % d Ugni blanc donne encore pleine satisfaction et commence aussi à montrer des limites. Les exigences de production de la filière Cognac très différentes de celles des autres régions viticoles Françaises et Européennes rendent difficiles les transferts d’acquis de recherche en matière de système de conduite et d’encépagement. À Cognac, on aime les ceps de vignes généreux, souple à conduire et produisant des vins blancs acides. Cela est essentiel pour valoriser les potentialités des terroirs qui produisent les plus belles eaux-de-vie de vin du monde.
Faire moins mûrir les raisins, un nouveau challenge technique
Les vignes larges actuelles répondent à cet objectif et ont démontré tout leur intérêt dans la période d’opulence actuelle et aussi celles de vache maigre du passé. Aujourd’hui, ne sont-elles pas quand même arrivées au bout de leur potentiel de développement quand les niveaux de TAV des vins de distillation dépassent régulièrement 12 % vol. Avec l’évolution climatique, le cépage tardif du début des années quatre-vingt mûrit de plus en plus tôt et est plus fréquemment récolté durant la deuxième quinzaine de septembre. D’ici deux décennies, des vendanges durant la deuxième quinzaine d’août seront peut-être la normalité. Les capacités de résistance à la sécheresse de notre noble Ugni blanc deviennent un véritable sujet de préoccupation. Dans l’avenir, l’idée aujourd’hui farfelue « de mettre les grappes à l’ombre » pour continuer d’élaborer des eaux-de-vie riches sur le plan aromatique sera sûrement un critère essentiel durant la phase de maturation. Le développement de systèmes de conduite limitant les besoins en eaux durant la période estivale et l’évapotranspiration seront dans les toutes prochaines années un challenge agronomique primordial dans notre région aux ressources en eau limitées. L’architecture des vignes devra probablement être repensée pour chercher à limiter l’activité photosynthétique en été alors que depuis 30 ans, on a constamment cherché à l’accroître. La recherche de porte-greffes plus résistants à la sécheresse et ds conditions culturales protgeant les réserves en eau des sols seront également incontournables.
L’obligation de produire avec le minimum d’intrants
La montée en puissance des exigences environnementales et tout particulièrement, la réduction d’utilisation des intrants phytosanitaires est déjà au cœur des préoccupations de la filière Cognac. La situation du vignoble au cœur de la façade Atlantique le rend naturellement sensible en particulier au mildiou (et à l’oïdium dans une moindre mesure) et les modèles de prévision de l’évolution climatiques laissent penser que diverses maladies et ravageurs se développeront de manière toujours aussi virulente dans les années 2 050. Les réponses vis-à-vis de cette sensibilité aux parasitismes reposent à la fois à la fois sur de nouvelles approches de lutte consommatrices de produits respectueux de l’environnement et aussi l’implantation de cépages résistants. Heureusement, le BNIC a eu « le flair » d’engager des travaux de recherches depuis 20 sur ce sujet et d’ici 2030, les premiers descendants de l’ugni blanc peu sensibles au mildiou et à l’oïdium commenceront à rentrer en production. Néanmoins, peut-être que ces nouvelles variétés de vignes seront sensibles à des affections inconnues à ce jour. L’introduction des cépages résistants au mildiou et à l’oïdium va représenter une évolution majeure du modèle de production Cognac qui devra bien sûr être en phase avec les attentes qualitatives et les exigences de productivité économique de la filière.
Des technologies de pointe générant de nouvelles approches de mécanisation
L’autre volet majeur de l’implantation du vignoble Cognac du futur concernera bien sûr les aspects d’organisation des travaux manuels et mécanique. L’état d’esprit rationnel des viticulteurs Charentais leur confère un intérêt majeur pour le développement de la mécanisation. Elle est déjà très présente dans le vignoble et va sans aucun continuer de se développer. La rareté de la main-d’œuvre qualifiée et l’obligation de revenir à des méthodes culturales respectueuses de l’environnement vont être à l’origine de nombreuses évolutions. L’apparition d’équipements d’autoguidage des tracteurs dans les rangs de vigne est déjà presque une réalité. De nouveaux principes d’entretien des sous au niveau des interlignes comme du cavaillon sont déjà testé. Le développement de robots autonomes assurant divers travaux commence à se formaliser. Peut-être verra-t-on d’ici 10 ans à côtés des tracteurs fruitiers des robots autonomes spécilisés dans certaines activité, l’entretien des sols, la réalisation d’observations fines de cartographie de sols, de mesures et des détections au sein de l’architecture des rangs de vignes. Plusieurs entreprises travaillent déjà sur des produits innovants qui sont sur le point de faire leur premiers pas dans les vignes. D’ici, une ou deux décennies, il n’est pas illusoire de penser que des travaux mécaniques et peut-être aussi manuels seront effectués avec efficacité sans interventions humaines. Néanmoins, faudra toujours conserver les savoir faire fondamentaux pour être en mesure de bien piloter ces outils du futur.