fabrice OGER, secrétaire général de la CMA de la Charente

29 juin 2017

Pour la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Charente, il n’y a de formations qui vaillent que si elles répondent aux besoins des entreprises. « On ne forme pas pour former ». Fabrice Oger, secrétaire général de la CMA de la Charente, revient sur la construction du Pôle des métiers du Cognac et de la verrerie. Une construction par « rhizome » et non pyramidale.

 

Pouvez-vous nous rappeler le contexte, en 2010 ?

 

A l’époque, la région Poitou-Charentes, qui avait la compétence apprentissage – c’est toujours le cas pour la Nouvelle Aquitaine – a souhaité revisiter la carte des formations. Dans ce cadre-là, nous avons « perdu » la formation aux métiers du bâtiment, qui a été reprise par l’organisme de branche. A Cognac ne restait plus – sans jugement de valeur – que la coiffure, l’esthétique et la tonnellerie. Un risque existait que le CFA ne soit plus viable économiquement. Sachant la place que tenait la tonnellerie à Cognac –  il n’existe que trois formations en France, Blanquefort, Beaune et nous-mêmes – nous avons lancé une étude de postes auprès de l’ensemble des tonneliers. Parallèlement, nous avons conduit un premier voyage avec plusieurs partenaires : la Communauté de Communes Grand Cognac, Jean-Christophe Boulard, directeur d’Altanpack et de l’Institut national du design packaging, la Chambre de Métiers. Ce déplacement nous a emmenés à Paris, en Hollande (Lerdammer), en revenant par la Champagne. Il s’agissait de voir si Cognac ne pourrait pas faire renaître une formation verrière mais bien sûr plus tournée vers l’artisanat d’art et le design. Nous avons réalisé un second voyage à Nancy et dans d’autres centres de création verrière, qui nous a confirmé l’intérêt pour le thème. Petit à petit est née l’idée d’une approche pluridisciplinaire de la formation aux métiers du Cognac et de la verrerie.

 

Vous ne partiez pas de zéro.

 

Non, à côté de la formation à la tonnellerie, qui existait depuis longtemps, nous avons mis en place à partir de 2010, en lien avec les maisons de négoce, une formation Agent de chai (ADC), aujourd’hui en cours de reconnaissance RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Même chose pour la formation OPT (opérateur de production tonnellerie) en formation continue pour des travaux de cerclage, de réparation de fûts. A chaque fois, nous avons fait valider le cursus par les entreprises du secteur. C’est ce qui nous a d’ailleurs amenés à proposer une formation « grands contenants » (construction et réparation de foudres N.D.L.R) qui, elle, n’existait nulle part ailleurs. La formation va ouvrir à la rentrée prochaine, pas à la Sarrazine puisque que le site a besoin d’un lifting mais dans un autre lieu en Charente. La formation « grand contenants » réintégrera Cognac dès 2018.

 

Et en ce qui concerne la formation alambic ?

 

Il y avait eu une formation de ce type dans les années 1968 mais elle n’a pas perduré, sous prétexte « d’industrialisation du secteur ». A l’époque les entreprises disaient se satisfaire de bons chaudronniers. Aujourd’hui, le discours a radicalement changé. Si les entreprises recrutent toujours des chaudronniers, elles leur demandent de tout oublier pour les former en interne pendant un ou deux ans. Cependant, les professionnels nous disent – «la formation, ce n’est pas notre métier ». Ainsi, à partir de 2018, y aurait-il un programme d’apprentissage sur les métiers du cuivre et de l’alambic, tant en neuf qu’en réparation. L’expérience « agent de chai » nous a bien montré qu’il ne s’agissait pas de proposer une formation en silo mais de privilégier une logique modulaire. Des alambics, il n’y en a pas qu’à Cognac. Il y a ceux de l’Armagnac et d’ailleurs. Ainsi, à partir d’un tronc commun, se grefferont des spécialisations. Nous pratiquons déjà de la même manière pour  la tonnellerie. A côté de la barrique cognaçaise, sont enseignées les fabrications de la barrique bordelaise, de la barrique bourguignonne.

 

Revenons à la verrerie. Le projet revêt une dimension économique importante.

 

C’est vrai. Il s’agit d’implanter des artisans d’art, en faible nombre certes mas quand même. Sont recherchés des gens de grande voire de très grande notoriété, au national comme à l’international. L’idée, je crois, serait de lancer un concours européen dont l’un des prix serait une implantation aidée à Cognac. Aux volets économique et de formation s’ajouterait une composante touristique, pour l’ensemble des activités. Quand les apprentis tonneliers font une chauffe, il y a toujours du monde. A travers cette composante touristique – qui se vivrait en termes de complémentarité et non de concurrence – il s’agirait aussi de sensibiliser les jeunes générations aux métiers manuels. Évidemment, nous ne sommes pas spécialistes du tourisme. Tout ceci ne peut s’envisager que dans une logique partenariale.

 

Qu’entendez-vous par là ?

 

A chaque thématique son ou ses experts. Si nous parlons viticulture, l’expert ne sera pas la Chambre de métiers mais le Lycée agricole de l’Oisellerie, l’interprofession du Cognac. Le projet vise vraiment à additionner les compétences,  s’appuyer sur des réseaux. Par exemple, rien ne nous empêche d’envisager des formations par apprentissage qui iraient du CAP niveau V au niveau ingénieur. Mais, à partir du niveau IV, nous ne savons plus faire. Ce sera du ressort du Centre universitaire de la Charente, du site de Segonzac. Autre exemple,  le site verrier de Meisenthal, dans l’est de la France se dit d’ores et déjà prêt à nouer un partenariat de territoires avec nous pour un échange de pratiques. C’est cette addition de compétences qui est intéressante.

 

Quel rôle joue les collectivités territoriales dans l’émergence du Pôle des métiers du Cognac et de la verrerie.

 

Un rôle en tout point essentiel.

Ce sont elles qui portent le projet. A meilleure preuve, le pôle est inscrit au contrat de plan Etat / Région.

 

  

* CMA : Chambre de Métiers et de l’artisanat de la Charente

 

 

Apprentissage en Charente :  Campus de Barbezieux et Cognac : « notre TGV à nous »

 

Apprentissage aux métiers de bouche à Barbezieux, tonnellerie, esthétique, coiffure, vente à Cognac…Si le nouveau campus de Barbezieux est déjà sorti de terre, celui de Cognac sera fonctionnel en septembre.

 

« La création de deux nouveaux campus, c’est notre TGV à nous » s’exclame Fabrice Oger, le secrétaire général de la CMA. En effet, sur les douze départements que compte la Nouvelle Aquitaine, la Charente fait figure d’exception avec la rénovation, ou plus exactement la reconstruction pleine et entière de deux centres d’apprentissage. Il n’y a bien que Lagord, en Charente-Maritime, pour rivaliser avec un tel dynamisme. Charente, Charente-Maritime…les départements charentais ne sont pas mal placés en termes d’apprentissage. A Barbezieux, le campus va développer les métiers de bouche. Son laboratoire a reçu la labellisation CE, ce qui permet d’envisager tout un travail « sur l’innovation et l’excellence ». A Cognac, les trois branches d’activité vont se poursuivre. Les deux sites, à terme, accueilleront environ mille apprentis.

 

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