On ne peut que « composer » avec la nature

27 août 2019

Les pluies de la dernière semaine de juillet sont arrivées à « point nommé » pour rafraîchir une atmosphère estivale devenue brûlante qui malmenait sérieusement la nature. La campagne durant le mois juillet s’est desséchée régulièrement, les débits des rivières et du petit fleuve « Charente » ont baissé de manière inquiétante et l’état de sécheresse des sols est devenu préoccupant. La vigne qui « aime » la chaleur a dans l’ensemble assez bien supporté cette période chaude. La majorité des parcelles d’ugni blanc commençaient quand même à « accuser le coup » sans pour autant extérioriser des états de stress hydriques marqués. La grosse trentaine de millimètres de pluie et les chutes des températures ont fait beaucoup de bien aux souches qui sont désormais en mesure de retrouver l’énergie et les réserves en eau suffisantes pour assurer le grossissement des baies.

 

Un potentiel de récolte moyen depuis le départ

            La charge de grappes et le potentiel de récolte déjà bien apparents dans les vignes à cette époque de l’année restent un sujet d’interrogation. Le moyen côtoie le beau mais d’une manière générale, l’hétérogénéité du potentiel de grappes est généralement forte dans les zones non touchées par le gel et la grêle. Les observations des techniciens et des viticulteurs sont assez unanimes : « le niveau de productivité s’annonce moins généreux qu’en 2018 sans pour autant être maigre ». L’effet de « fatigue » naturel des parcelles ayant beaucoup produit l’année dernière, la sortie d’inflorescences à peine moyenne et des conditions de floraison un peu perturbée dans les secteurs précoces ont eu une incidence sur le potentiel et la tenue des grappes. Les comptages de grappes réalisés par la Station Viticole du BNIC confortent cette analyse. Le nombre de grappes porté par les souches est inférieur à la moyenne régionale des dernières années mais leur charpente est belle. La floraison qui avait démarré dans un mauvais contexte climatique a été ensuite bonifiée par la chaleur. Si quelques phénomènes de coulure ont été observés, le potentiel de baies porté par les grappes est dans l’ensemble assez correct. L’état de sécheresse qui aurait pu pénaliser le grossissement des baies est pour l’instant contenu grâce aux récentes pluies. Cela a relancé la physiologie des souches était celles des grappes. L’arrivée de nouvelles séquences pluvieuses durant la première quinzaine d’août pourrait se transformer en un véritable effet bonificateur sur les volumes et le déroulement de la phase de maturation.

 

La situation très inquiétante des zones sinistrées

            Dans les zones touchées par la grêle fin avril et le gel de printemps tardif du 05 et 6 mai, l’état des vignes reste très préoccupant. L’impact de ces sinistres et tout particulièrement celui gel semble fort en intensité et représente des surfaces conséquentes au niveau de la région. Le redémarrage du cycle s’est effectué lentement en raison de conditions climatiques fraîches durant tout le mois de mai. La ressortie de grappes de deuxième génération a été faible et très décalée. Des anomalies de développement végétatif spectaculaires ont été observées dans les vignes ayant subi les deux sinistres, la grêle et ensuite le gel à trois semaines d’intervalle. Des côtés entiers de souches ne sont pas développés suite à une absence d’alimentation de sève dans les sarments et les coursons. Le retard de développement végétatif reste important et il faudra vraiment que l’arrière-saison soit belle pour permettre un bon aoûtement des sarments et le stockage de réserves.

 

Des grappes qui ne demandent qu’à grossir          

            Les perspectives de production en 2019, qui s’annoncent pour l’instant hétérogène, moyennes, peuvent encore se bonifier durant toute la phase de maturation. Le poids des grappes sera sans aucun doute l’élément déterminant des rendements volumiques finaux. Actuellement, les baies moins serrées sur les charpentes grappes disposent de suffisamment de place pour grossir et une telle situation augure d’une certaine capacité de compensation volumique. L’ugni blanc a de réelles aptitudes à produire des belles baies si le climat est de la partie. L’état d’avancement actuel du cycle végétatif normalement précoce laisse aussi augurer d’un potentiel de maturation des raisins assez intéressant surtout en présence d’une charge de grappes moyenne. Le climat des mois d’août et de septembre va jouer un rôle majeur sur le devenir potentiel de production régional 2 019.

 

Compenser les déficits de production en produisant plus sur chaque hectare

            Dans un tel contexte agronomique, sera-t-il possible d’atteindre les besoins de production d’eaux-de-vie de 920 000 hl d’AP ? Les conséquences des dégâts de grêle et du gel associées à un potentiel de récolte moindre que celui de 2018 (même si la nature est de la partie) sont d’ores et déjà des réalités. Les professionnels qui ont fixé le rendement Cognac minimum 2 019 à 11, 77 hl d’AP/ha vont sans aucun doute choisir de compenser le déficit de production des zones sinistrées en relevant ce niveau de productivité avant les vendanges. C’est une stratégie désormais actée et parfaitement assumée des décideurs de l’UGVC. 2 018 a été un millésime exceptionnel en volume comme en teneur en alcool, qui a permis effectivement à un certain nombre de propriétés de beaucoup produire. 2 019 sera peut-être seulement une année dans la moyenne supérieure ! Produire régulièrement 11 à 12 hl d’AP/ha sur des surfaces conséquentes est déjà une «très belle perf »! Or actuellement, on demande toujours plus aux vignes ! Est-il raisonnable de vouloir de nouveau se fixer des objectifs rendements très, très élevés ?

 

Un contexte économique mondial moins stable    

            Les enjeux agro-environnementaux et le contexte économique et monétaire mondial incertain ne plaideraient-ils pas en faveur d’une certaine modération. La bonne dynamique des ventes de Cognac depuis quelques mois est tirée par des expéditions conséquentes aux États Unis et en Angleterre dont tous les volumes ne sont pas vendus. Ensuite, les tensions entre la Chine et les Etats unis, les récentes déclarations du président Américain menaçant de taxer les vins Français, la perspective d’un Brexit dur, les menaces géopolitiques au Moyen Orient et une économie Européenne pas réellement dynamique interpellent déjà les économistes mondiaux. L’économie mondiale ne va-t-elle pas rentre dans un cycle moins porteur et plus fluctuant ? A Cognac, on distille toujours pour préparer l’avenir mais 90 % des volumes vendus actuellement ( 567256 hl ‘AP) concernent des comptes d’âge de 2 à 5.

A lire aussi

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

C'est un constat qui a fait le tour des médias, sportifs ou non: l'US Cognac va très mal. Malgré les efforts de Jean-Charles Vicard pour tenter de redresser la barre, le club se retrouve dans une difficile situation financière.  La direction a de fait décidé d'envoyer...

error: Ce contenu est protégé