Note Nationale Mildiou De La Vigne 2003

20 avril 2009

Cette note a été rédigée par un groupe de travail, réunissant des représentants de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), de la Sous-Direction de la Qualité et de la Protection des Végétaux (SDQPV), du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), de la Station Viticole du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) et du Centre Technique Interprofessionnel de la Vigne et du Vin (ITV).

 

Rappel des principes de base de la protection anti-mildiou

l Lutter préventivement.

l Gérer la résistance en pratiquant l’alternance des familles chimiques et en respectant les limitations d’application proposées.

l Soigner la pulvérisation et respecter les doses d’homologation.

l Adapter le rythme des interventions aux risques mildiou. Les stations d’Avertissements Agricoles en concertation avec les organisations professionnelles guident les viticulteurs pour qu’ils mettent en œuvre un programme de traitements raisonné et efficace contre le mildiou.

Quel avenir pour les QoI anti-mildiou ?

Le groupe des QoI (Inhibiteur du site d’oxydation du coenzyme Q situé sur la face externe du cytochrome b) compte actuellement trois matières actives anti-mildiou : azoxystrobine, famoxadone et fénamidone. Les spécialités qui les contiennent associent le plus souvent le QoI avec d’autres molécules anti-mildiou appartenant à d’autres familles chimiques.

l QoI seul : Quadris, Twin +, Quateris, Quadris Xpress.

l QoI + cymoxanil (+ éventuellement fongicide de contact) : Quadris duo, Arte, Duofast, Equation pro, Iteral, Solution disperss.

l QoI + fosétyl Al (+ éventuellement cymoxanil) : Equation system, Impresario, Vérita, Elicio, Tertio.

l QoI + fongicide de surface : QoI + folpel = Quadris Max, Vivum flash, QoI + mancozèbe = Clip, Equation contact, QoI + cuivre = Oracle, Utilis, Equilibre disperss.

Les QoI ont un site d’action unique et sont de ce fait exposés aux phénomènes de résistance. Afin d’empêcher ou de retarder l’apparition de la résistance du mildiou aux QoI, des limitations d’emploi des spécialités qui les contiennent ont été préconisées depuis le début de leur commercialisation. Malgré des recommandations de plus en plus restrictives, la résistance du mildiou aux QoI est apparue puis s’est répandue dans les vignobles français.

Le plan de surveillance de la Sous Direction de la Qualité et de la Protection des Végétaux (SDQPV), opérationnel depuis 1999, montre ainsi, qu’entre 2001 et 2002, la fréquence des populations de mildiou avec présence de souches résistantes est passée de 15 à 80 %. Par ailleurs les analyses effectuées durant la deuxième partie de la campagne 2002 révèlent une quasi généralisation des souches résistantes dans les populations testées.

Pour connaître l’impact de ces souches résistantes sur l’efficacité des spécialités à base de QoI, un réseau de 6 essais de comportement a été mis en place en 2002 par la SDQPV. Dans le programme expérimental, tous les types d’associations à base de QoI étaient représentés (Quadris, Quadris duo, Arte, Vivum flash, (Quadris max évalué sur un seul site) Vérita et Tertio). Les fongicides ont été utilisés toute la campagne. Le dispositif intégrait également deux références n’appartenant pas à la famille des QoI : Panthéos et Mikal. Les tests de résistance réalisés ont révélé la présence de souches résistantes aux QoI sur au moins 5 des 6 implantations.

Les résultats obtenus sur les 6 essais sont concordants. Les efficacités des deux références sont bonnes à excellentes, conformes à celles relevées habituellement. Vivum flash et Quadris max ont un comportement similaire à ceux des références indiquant que ces spécialités associant un QoI et du folpel n’ont pas été pénalisées par la résistance dans les conditions 2002. Par contre, les performances de tous les autres produits du programme (tout particulièrement Quadris, Quadris duo et Arte) sont altérées et les résultats globaux sont le plus souvent insuffisants.

Ces nouvelles données obligent à reconsidérer les modalités d’utilisation des spécialités à base de QoI. La résistance aux QoI étant quasiment généralisée, seules les spécialités associant un QoI et le folpel semblent en mesure d’apporter une sécurité en termes d’efficacité en tous lieux. Les résultats acquis en 2002 ne concernent que les associations QoI + folpel (Vivum flash, Quadris max), leur extrapolation au groupe QoI + fongicide de surface est délicate dans la mesure où l’équilibre entre matières actives est très fluctuant d’un produit à un autre. Il conviendra notamment d’être prudent avec ceux pour lesquels la dose de fongicide de surface associé est faible (en particulier Clip, Equilibre disperss,…).

Pour 2003, dans l’attente des résultats d’études complémentaires qui seront conduites durant la prochaine campagne, nous recommandons :

l De ne pas utiliser les spécialités à base de QoI dans lesquelles la molécule est seule ou associée au cymoxanil et/ou au fosétyl Al.

l L’emploi des spécialités QoI + fongicide de surface dans les conditions suivantes :

l 2 à 3 interventions maximum par campagne, de préférence non consécutives,

l Emploi déconseillé en dernière application (traitement de couverture).

l Utilisation également déconseillée sur attaque déclarée de mildiou,

l Respect des règles d’utilisation indiquées par les sociétés phytosanitaires pour la définition du rythme des applications.

l Réduction de l’intervalle entre applications en cas de pluviosité importante ou de croissance active de la vigne.

Les QoI autorisés contre l’oïdium (krésoxim-méthyl, trifloxystrobine et azoxystrobine) gardent tout leur intérêt pour lutter contre cette maladie. Les expériences vécues sur le mildiou de la vigne et l’oïdium des céréales montrent plus que jamais la nécessité de les utiliser avec parcimonie pour maintenir tout leur potentiel d’efficacité vis-à-vis de l’oïdium de la vigne. Cette remarque vaut également pour les autres usages (rougeot parasitaire, black-rot) sur lesquels ces molécules peuvent être autorisées. Une note complémentaire précisera leurs modalités d’emploi.

Les conditions d’utilisation des fongicides « anti-mildiou »

Leur définition prend en compte d’une part les propriétés des matières actives qui les composent et d’autre part le respect des bonnes pratiques agricoles (BPA). Parmi les critères multiples qui entrent dans les BPA, la gestion des phénomènes de résistance occupe une place prépondérante. Sept groupes chimiques sont aujourd’hui à la disposition des viticulteurs pour protéger la vigne du mildiou. La limitation annuelle des fongicides d’une même « famille » et l’alternance sur la campagne des fongicides appartenant à des familles différentes sont des mesures simples à mettre en oeuvre pour prévenir ou contenir les phénomènes de résistance.

La classification proposée est essentiellement fondée sur la nature des matières actives qui composent les spécialités. Cette classification reste imparfaite car certaines molécules (cymoxanil, fosétyl Al) sont présentes dans des fongicides appartenant à des groupes différents.

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