Méthanisation et biogaz : la montée en puissance de la filière du biogaz et de la méthanisation

3 janvier 2019

Les 6 et 7 octobre derniers s’est tenue à La Rochelle la 6ème convention d’affaires du Biogaz et de la Méthanisation. A l’initiative du réseau Biogaz Vallée (ou cluster pour reprendre une terminologie plus actuelle), ce sont près de 230 porteurs de projets qui ont ainsi pu rencontrer des apporteurs de solutions. Un rendez-vous organisé sur deux jours combinant tables rondes et speed-dating de 15 minutes. Le choix du lieu n’est pas anodin puisque la Nouvelle Aquitaine, première région agricole de France, représente d’une part un sérieux potentiel pour le développement de la méthanisation et apporte d’autre part son soutien aux projets avec le dispositif MethanAction. Une filière stratégique et en plein développement, exemples à l’appui.

Qu’est-ce que la méthanisation et le biogaz ?

 

La méthanisation est un procédé qui valorise les matières organiques issues de l’agriculture, des industries agroalimentaires ou municipales afin de produire de l’énergie renouvelable et des fertilisants. C’est un processus biologique identique à la digestion des aliments : la matière organique est transformée en biogaz par l’action de bactéries qui vivent en milieu anaérobie (sans oxygène). Les intrants sont préparés et introduits dans des méthaniseurs (cuves hermétiques) chauffés et brassés. Le biogaz ainsi produit est composé en grande partie de méthane (de 50 à 70%). Après traitement et épuration il peut faire l’objet de valorisations diverses : en chaudière industrielle, en électricité et en chaleur par cogénération (par le moyen de moteurs), en biométhane utilisé comme carburant ou introduit dans le réseau de gaz naturel par injection.

Ce qui reste de la matière, le digestat, peut être épandu sur les terres agricoles et se substituer aux engrais chimiques (source BiogazVallée).

 

Dans le cadre de la transition énergétique, la filière biogaz est en passe de devenir un levier incontournable pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés à 2050. L’Etat et des investisseurs privés s’intéressent de près à cette source d’énergie qui place l’agriculture au cœur de cette révolution verte. En effet, une part du potentiel de production du Biogaz français est entre les mains des agriculteurs.

 

Une filière qui répond à de nombreux enjeux

 

En premier chef, la lutte contre le changement climatique et l’indépendance énergétique du pays. Au-delà, l’intérêt de la  méthanisation est bien plus concret :

  • traiter les pollutions organiques et les effluents ou sous-produits agricoles

  • produire des énergies renouvelables et substituables aux énergies fossiles

  • produire des amendements organiques substituables aux engrais chimiques

    Enfin la méthanisation permet à l’échelle d’une exploitation (ou un d’un groupe d’exploitations) une diversification des activités et génère ainsi des revenus supplémentaires.

     

    Des signaux positifs qui démontrent une montée en puissance de la filière 

     

    Premier indicateur : le nombre de dossiers à l’étude ou concrétisés. A l’échelle de la Nouvelle Aquitaine, on recense 50 unités de méthanisation. 100 projets sont en cours d’élaboration et 10 en construction. Enfin, comme l’a souligné Françoise Coutant, vice-présidente chargée du climat et de la transition énergétique au Conseil régional, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé fin 2016 pour créer des stations d’avitaillement en carburant gaz dans la région. Deux stations distribuent actuellement le gaz routier (à Cestas et Saint Vincent de Tyrosse) et huit sont en cours de développement (dont une à La Rochelle).  Autre marqueur fort : le degré de professionnalisation des porteurs de projets et des installateurs. La filière a donc acquis une certaine crédibilité vis à vis des financeurs (banques et fonds d’investissement) et de pouvoirs publics. En outre, un comité stratégique de filière a été créé.

    Persiste des doutes quant aux mécanismes de soutien mais la dynamique est lancée et le gisement en matières premières disponible et conséquent.

     

    Des leviers à mettre en œuvre pour accompagner le développement de la filière

     

    Les retours d’expériences sont clé pour permettre d’identifier les obstacles à la création de projets de méthanisation. Premier conseil, opérer une montée en compétences à tous les niveaux et savoir bien s’entourer. Associations et institutions se mettent en place pour accompagner les porteurs de projets (ex : http://www.pardessuslahaie.net/agriculteurs-methaniseurs). Autre recommandation, placer au cœur du projet les apporteurs d’intrans, mettre le monde agricole au centre. C’est une philosophie de travail qui nécessite d’avoir un mode de gouvernance adapté : une forme de cogérance entre les agriculteurs et les financeurs avec un comité stratégique et un mode de gestion collégial. Du côté des gestionnaires de réseau de gaz, l’on est prêt à accompagner la filière c’est à dire mettre à disposition des infrastructures existantes et « changer le flux des molécules «  pour acheminer ces nouvelles productions territoriales et locales. Le savoir-faire est là, reste à changer la façon de penser. Au-delà ce sont les schémas d’aménagement territoriaux qu’il faut repenser.

     

    Des synergies entre le monde agricole et le territoire

     

    La méthanisation est à la confluence d’enjeux stratégiques importants tels que l’écologie, l’économie et l’emploi. L’unité de méthanisation de Demeter Energies implanté sur la commune de Prin-Deyrançon (Deux Sèvres) en et la parfaite illustration. L’installation permet en effet d’alimenter en chaleur la piscine et le collège de Mauzé sur le Mignon, de créer des emplois (pour la maintenance du site et la communication), de devancer la réglementation en matière d’utilisation d’engrais chimiques avec l’utilisation du digestat en épandage et de produire une énergie verte. Des synergies fortes dans le cadre d’une économie circulaire qui a engendré, pour le cas de Demeter, un rapprochement entre l’agriculture et les habitants. Il faut dire que les moyens ont été mis sur la communication autour de ce projet. Avec une démarche de concertation pro active (deux ans de dialogue avec les habitants), une transparence totale quant au projet, Demeter a réussi à lever les craintes du voisinage et plus encore à associer certains habitants au projet. De la nécessité de communiquer en amont, la méthanisation étant encore peu connue. Ce à quoi s’emploie GRDF dans le cadre de sa mission de service public en tant que fédérateur et accompagnateur de la transition énergétique française. Des réunions avec les collectivités publiques sont animées régulièrement par GRDF autour de la méthanisation et les porteurs de projet accompagnés. Les objectifs sont tout de même d’introduire 30% de gaz vert dans le réseau d’ici 2030 et d’atteindre 100% en 2050.

     

    De nombreux projets en cours sur la région Nouvelle Aquitaine

     

    A l’occasion de la convention d’affaires, 3 porteurs de projets ont signé mercredi 7 novembre leur contrat d’injection avec GRDF. Ces unités prévoient une mise en service courant 2019 et concrétisent ainsi l’arrivée du gaz vert dans le nord de la Nouvelle Aquitaine avec la SAS Celles sur Belle Biogaz (79), la SAS Meth’Innov à Melle (79) et la SAS Aunis Biogaz à Surgères (17). Cette dernière, est un projet agricole de 39 000 Tonnes de matières dont des déchets verts de tontes de pelouse, du fumier de bovin, caprins, ovins, canards et lisier porcins, bovins, canards ainsi que des issues de céréales.  La structure compte 25 associés et 4 emplois sont prévus. La production estimée se situe à hauteur de 225 M3/H soit 20 GWH (l’équivalent de 1690 foyers chauffés au gaz). Thierry Bouret, agriculteur à Saint Pierre d’Amilly est à l’initiative de ce projet initié en 2013. Après une étude de faisabilité et de développement, le choix s’est porté sur l’injection de gaz (réseau à proximité). L’objectif étant de couvrir 25 % des besoins de la ville de Surgères. Le parcours fut certes long avec des blocages liés à une méconnaissance de cette technologie rappelle Thierry Bouret mais tout est mis en œuvre afin de lever les freins psychologiques : création d’un site internet (http://aunis-biogaz.com/le-projet/), de dépliants, visites de l’installation et/ou du chantier. Une future unité de méthanisation qui verra le jour courant 2019 grâce au soutien de l’ADEME, de la Région et de la Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime (Thomas Lebargy, conseiller agro ressources à la chambre 17).

     

     

     

     

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