L’ouvrage de référence du professeur Louis Ravaz sur le vignoble charentais – intitulé Le pays du Cognac – vient d’être réédité à 1 300 exemplaires, 104 ans après l’édition initiale. Dans le rôle du mécène, la caisse de Crédit Agricole Charente-Maritime Deux-Sèvres et dans celui du bibliophile, Georges André Morin, viticulteur à Thézac et accessoirement ancien de l’Agro (voir article ci-après). C’est avec Marcel Nicolas, le prédécesseur de Jean-Yves Hocher, que le projet de réédition avait été ébauché. Il trouve une heureuse conclusion en cette veille de fêtes. L’éditeur Jean-Pierre de Monza a livré l’exacte réplique de l’ouvrage de Louis Ravaz, paru en 1900 et aujourd’hui pratiquement introuvable dans son édition originale, pour cause d’altération du papier (à l’époque trop chargé en acide). Cette somme, d’une lecture agréable – peut-être doit-elle à son caractère technique le fait de ne pas être trop « datée » – envisage la viticulture charentaise sous ses différents aspects (de la production à la distillation en passant par le descriptif des terrains, les crus, l’invasion phylloxérique, la reconstitution du vignoble…). Une partie, très intéressante et toujours d’actualité, concerne les cépages « producteurs de vins et d’eaux-de-vie ». Le professeur Ravaz s’attache à décrire très finement la Folle blanche, le Colombard, le Saint-Emilion et des cépages moins connus comme le Jurançon, le Blanc-Ramé, le Balzac blanc, le Chalosse, le Bouilleaud, le Saint-Rabier ou le Petit Noir, en n’oubliant pas de citer tous les autres, Sauvignon, Sémillon, Petit épicier, Chenin noir, Véron… Une coquetterie des grands propriétaires fonciers de l’époque – sans doute les « sponsors » du livre de L. Ravaz – nous vaut de visualiser les travaux viticoles d’antan grâce à de belles photos prises sur leurs exploitations. L’ouvrage de Ravaz, un beau livre où le sérieux et l’anecdote se côtoient de belle manière. Prix public : 45 €, disponible en librairies et maisons de la presse (distributeur : Geste Editions).
Louis Ravaz (1863-1937) : originaire de la Drôme, ancien élève de l’école d’agriculture de Montpellier, L. Ravaz devient dans les années 1880 l’assistant du professeur Viala à Montpellier. L’Ecole nationale d’agriculture de Montpellier (ancêtre de l’ENSAM) dispose de deux chaires importantes, la chaire viticole et la chaire d’œnologie. Le grand Pasteur y a séjourné et l’enseignement de Montpellier rayonne dans le monde entier. Au cœur de la crise phylloxérique, Gustave Foex (un Suisse), directeur de l’école, Pierre Viala et Louis Ravaz vont constituer le triumvirat chargé par le ministère de l’Agriculture de combattre le phylloxéra. Ce sera la célèbre mission Viala aux Etats-Unis en 1887 qui rapportera les porte-greffes américains Berlandieri résistants au fléau. Y participent trois viticulteurs charentais dont Albert Verneuil. Avec P. Viala, L. Ravaz découvre le black-rot dans l’Hérault et s’intéresse à la reconstitution des sols calcaires. Il sera à l’initiative du champ d’expériences de Marsville en Charente. En 1892, le Comité de viticulture crée la Station viticole. Louis Ravaz en sera son premier directeur jusqu’en 1897, année où il est nommé professeur de viticulture à Montpellier, avant de devenir le directeur de l’école en 1903. Si Ravaz ne participe pas à l’immense ouvrage d’ampélographie (maladies de la vigne) de P. Viala (7 volumes, 80 contributions, 8 années d’édition, de 1902 à 1910, ouvrage de référence de toutes les stations de recherche du monde entier) s’est parce qu’il s’est brouillé avec son aîné au sujet de la brunissure. Viala soutenait, à tort, qu’il s’agissait d’un champignon alors que Ravaz, avec raison, pointait un épuisement des souches. Viala, homme important, professeur à l’Agro. de Paris, député de son département, ne pardonne pas à Ravaz son irrévérence. Il sera privé de publication. L. Ravaz se rattrape en publiant, en 1902, un ouvrage célèbre sur les vignes américaines. Pour la première fois, y figurent des photos et non plus seulement des dessins. Ce travail doit semble-t-il beaucoup à Adrien Bonnet, alors assistant du laboratoire de Louis Ravaz. Pourtant le professeur oublie de citer son collaborateur. A. Bonnet trouve une compensation en se voyant embauché comme directeur des pépinières Richter. A une époque où la pépinière flambe comme jamais, l’homme s’enrichira à millions. Il ne regrettera jamais d’avoir été ignoré par l’Université. Avant de diriger l’école de Montpellier, Louis Ravaz avait promis d’écrire un traité général de viticulture. Il ne tiendra pas parole et s’arrêtera au fascicule sur le mildiou, préférant interrompre l’ouvrage plutôt que de superviser un travail collectif. Il paraît que les petites méchancetés entre professeurs valent bien d’autres aigreurs. A la retraite en 1932, suite à un accident cérébral, Louis Ravaz sera remplacé à son poste par Jean Branas, son directeur de laboratoire. Parmi ses multiples fonctions, Louis Ravaz fut aussi directeur du Progrès Agricole et Viticole, aujourd’hui dirigé par le professeur Boubals.
Remerciements aux professeurs de viticulture Gallet et Boubals pour leurs vigoureux souvenirs d’hommes passionnés de la cause viticole.
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