Dossier Majeur, Au Cœur Des Crispations

22 mars 2009

La Rédaction

L’abandon programmé de l’encadrement des plantations cristallise à la fois toutes les peurs mais aussi les espoirs mis dans la nouvelle OCM. CNAOC et Vignerons indépendants de France ne partagent pas la même philosophie.  

vignoble_midi_opt.jpeg

Entre Corbières et plaines du Midi.

Une mesure comme la libéralisation des droits de plantation syncrétise à elle seule les intentions affichées de la Commission européenne en matière de viticulture : faire tomber les entraves pour que les vins de table et assimilés se vendent mieux au niveau mondial, qu’ils retrouvent de la compétitivité et des parts de marché. Sans forcément ignorer les risques d’une telle approche, les VIF (Vignerons indépendants de France) partagent globalement l’analyse de la Commission. C’est en tout cas ce qui ressortait des propos de Xavier de Volontat, lors de la conférence sur l’OCM organisée à Toulouse. Ancien président des VIF, X. de Volontat préside aujourd’hui la CIV (Confédération européenne des vignerons européens) ainsi que l’AGPV (Association générale de la production vitivinicole). « N’ayons pas peur ! » a-t-il lancé. « Grâce à ce système plus libéral, nous allons peut-être pouvoir nous raccrocher au marché mondial des vins standards, un marché que nous sommes en train de perdre et c’est fort dommage. Car demain, nous risquons d’être en manque de produit sur ce type de vin. En tant que syndicaliste, je ne peux pas cautionner la disparition de 400 000 ha de vignes en France. Je suis là pour défendre les 30 000 entreprises des vignerons indépendants, qu’elles produisent des AOC, des vins de pays ou des vins de table. Quant à ce que la libéralisation des droits de plantation pénalise les AOC, je ne suis pas inquiet. Une appellation comme Pomerol n’a aucun souci à se faire. Son potentiel de production se calque peu ou prou sur la surface plantée. Par contre, voir des aires délimitées trois fois plus étendues que les surfaces plantées pose questions. Où sont les bonnes terres à vigne ? Nous, professionnels, avons à balayer devant notre porte. »

« la réforme va trop loin »

Pascal Bobiller-Monnot ne conteste pas la nécessité de la réforme. « La stratégie de l’UE vise un objectif louable : que la filière viticole occupe tous les segments de marché, grâce à plus de compétitivité et une consolidation, un approfondissement de la politique qualité. Clairement, la réforme de l’OCM était nécessaire. » Il estime en revanche que la réforme va trop loin. L’organisme représentatif des AOC la juge excessivement libérale. « Non seulement elle est porteuse d’un amalgame total entre vins standards et vins sous signe de qualité (indication des millésimes, des cépages), mais le démantèlement des instruments de maîtrise de la production va entraîner une surproduction d’AOC, qui se traduira au final par un effondrement des prix et une perte de qualité. » La structure porte-parole des appellations voit dans le différentiel entre aires délimitées (ensemble des parcelles déclarées aptes) et surfaces réellement plantées une véritable bombe à retardement. Et de citer quelques exemples en France et à l’étranger – Côtes-du-Rhône : surface plantée 61 000 ha, superficie délimitée 120 000 ha – Chianti : plantée 17 000 ha, délimitée 35 000 ha – Rioja : plantée 60 000 ha, délimitée 350 000 ha – Porto : plantée 45 000 ha, délimitée 250 000 ha. Par ailleurs, la CNAOC exprime son scepticisme à l’égard de la compétitivité des vins français standards. « Les vins sans IG auront-ils jamais les armes de la compétitivité face au prix mondial ? Ils trouveront toujours sur leur chemin des vins roumains ou hongrois, produits à bien moins chers. » Différence d’approche des VIF. « En France, les charges de main-d’œuvre représentent environ 30 % du prix de revient de l’hl vol. de vin. En travaillant de manière plus industrielle, ce prix de revient peut descendre en dessous de 20 %. Et même si nous sommes toujours plus chers que les Roumains, notre savoir-faire parlera pour nous. » Vision contre vision. Les paris sont ouverts.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire aussi

Les lauréats V d’Or 2025

Les lauréats V d’Or 2025

Union de Union de Vinexpo et du pôle vins de Comexposium, Vinexposium fédère depuis 2020 l’ensemble de la filière vins et spiritueux grâce à des événements digitaux et physiques, partout dans le monde. En ouverture du salon Wine Paris, Vinexposium a organisé sa...

error: Ce contenu est protégé