Les viticulteurs, les premiers acteurs de la lutte contra la flavescence dorée

27 août 2019

Des stratégies de lutte pensées pour coller aux réalités du terrain

 

            La lutte contre la Flavescence Dorée se professionnalise d’années en années grâce à la fois à l’implication des viticulteurs et à la mise en œuvre de méthodes d’organisation de la lutte plus efficiente. Le discret Comité Régional Flavescence Dorée joue un rôle fédérateur majeur en mobilisant toutes les compétences nécessaires à la mise en œuvre d’actions concrètes et efficientes. Le combat contre cette maladie incurable repose sur des efforts de sensibilisation constants et innovants qui ont pour seul objectif de rendre les viticulteurs acteur de toute la stratégie de lutte. Le challenge clé est d’arriver à  les convaincre d’aller repérer systématiquement les symptômes dans toutes leurs parcelles d’ici quelques semaines.

Le principal moyen de lutte contre la Flavescence Dorée, la réalisation des prospections de symptômes chaque fin d’été est une intervention qui demande de réelles compétences. Ce constat simple et essentiel représente le fondement de la lutte et aussi de toute la stratégie de travail du comité régional Flavescence Dorée depuis 2012. Les stratégies de lutte déployées depuis quelques années montrent leur bien-fondé et plusieurs initiatives innovantes vont sûrement permettre dans l’avenir d’aller plus loin dans l’accompagnement et le pilotage des moyens de lutte.

 

Un comité technique régional de lutte créé pour mutualiser les compétences

 

Au début des années 2010, seul environ 1 ha sur deux de la région délimitée était prospecté et de nouveaux foyers très virulents étaient régulièrement découverts. La situation sanitaire du vignoble semblait dégradée, très préoccupante et la maladie était dans une phase d’expansion. L’organisation de la lutte ne donnait pas satisfaction ! Ce constat d’échec a été à l’origine de la création du comité technique régional Flavescence Dorée co-piloté par l’administration (le référent de cette maladie réglementée) via le SRAL et l’ensemble des acteurs de la profession, la fédération des interprofessions du bassin viticole Charentes-Cognac. La structure a été pensée en privilégiant la mutualisation des compétences afin de déployer des actions de sensibilisation mobilisatrices et efficaces. Le groupe régional fonctionne sous la forme d’une cellule de partage des expériences associant les idées de tous les acteurs le SRAL, la Fredon, les chambres d’Agriculture de Charente et Charente Maritime, le BNIC et les responsables viticoles des filières Cognac, Pineau des Charentes et IGP Charentais, Vitibio et les pépiniéristes.

 

Une organisation de la lutte globale, pérenne grâce au financement de la CVO

 

Les efforts de dialogue permanents du groupe régional ont débouché sur des décisions fortes et pérennes pour construire la lutte. Les investissements humains dans ce projet collectif se sont accompagnés d’une réflexion économique pérenne. La mise en place « d’un plan de bataille » ambitieux contre la FD, nécessitait des moyens que les professionnels ont décidé de financer avec la création d’une CVO spécifique. La lisibilité apportée par ces financements a permis de déployer des actions de sensibilisations à l’échelle de l’ensemble de la région et aussi travailler des pistes novatrices. L’organisation de la lutte est abordée depuis 2012 dans un état d’esprit global et en ayant le souci permanent de la recherche d’efficacité.

 

Prospecter est fondamental pour éliminer ce mal incurable

 

            Julien Lesueur, le co-animateur du groupe régional porte un regard constructif et ambitieux sur le fonctionnement du comité technique régional Flavescence Dorée : « Le groupe au fil des années, est arrivé à se nourrir des réflexions de tous les acteurs. Les professionnels, les techniciens et les responsables de l’administration ont tous la volonté de rechercher les meilleures solutions pour améliorer l’état sanitaire. Une dynamique positive existe et cela se concrétise par des décisions fortes. Une stratégie d’organisation de la lutte dans la durée a été mise en place avec des moyens économiques et humains. Les résultats obtenus depuis trois ans, cautionnent son bien-fondé mais la partie n’est pas encore totalement gagnée. Les efforts de sensibilisation pour inciter les viticulteurs à prospecter de façon systématique et sérieuse leurs vignes doivent être poursuivis dans la durée. C’est fondamental pour éliminer durablement ce mal incurable du vignoble de Cognac. Nous travaillons aussi sur des sujets novateurs pour accompagner les viticulteurs dans la gestion de la lutte ».

 

 72 % de surface prospectée l’année dernière, le record « à battre » en 2019

 

            Les résultats des prospections depuis deux ans démontrent une nette amélioration de l’état sanitaire. À l’issue de la campagne « de dépistage » de l’automne 2018, le niveau de retour de fiches de prospection de 66 % (3 200 fiches) correspond à un taux de prospection de 72 % de la surface totale du vignoble. À titre de comparaison, en 2017, il avait été de 73 % et en 2012, il dépassait à peine 50 %. L’autre élément de satisfaction depuis deux ans concerne le nombre de ceps contaminés trouvés qui a diminué fortement. On ne trouve plus de gros foyers nécessitant l’arrachage de parcelles entières. Désormais, les nouveaux foyers se limitent à quelques ceps isolés. J Lesueur considère que ce constat est réellement encourageant : « Depuis deux ans, l’état sanitaire s’est amélioré grâce aux efforts de prospection. Les actions dans les zones prioritaires de lutte démontrent leur intérêt dans des secteurs ou la situation sanitaire paraît moins connue et parfois est aussi parfois moins maîtrisée. La découverte de nouveaux foyers avec seulement quelques ceps isolés démontre l’efficacité des recherches de symptômes. Elles permettent de repérer la maladie avant que celle-ci se soit implantée durablement dans les parcelles. Les choix de stratégie de lutte du groupe régional portent leurs fruits mais on doit aller encore plus loin pour explorer passer le cap des 80 % des surfaces prospectées ».

 

Accompagner les viticulteurs dans la mise en œuvre des prospections  

 

L’élément clé de tout le dispositif de lutte reste bien sûr la qualité du travail de prospection. L’œil des prospecteurs et leur assiduité à effectuer ce travail sont essentiels pour repérer les symptômes. C’est pour cette raison que la méthode de mise en œuvre des prospections individuelles ou collectives s’avère si importante. Le comité de lutte régional réfléchit en permanence aux moyens qui sont en mesure de faciliter le travail de prospection. Cela concerne la mise en œuvre de toutes les animations de terrains conduites par les équipes des Chambres d’agriculture de Charente et de Charente Maritime. Les réunions de découverte des symptômes et les actions denses dans les zones prioritaires de lutte contribuent à sensibiliser les viticuteurs. L’apport de toujours plus de formation et de moyens d’accompagnement des prospecteurs est un challenge permanent. Le comité régional s’emploie à développer par des initiatives concrètes dans ce domaine.

 

Vigivignes Charentes, l’application pour déclarer les prospections et la découverte de foyers potentiels

                                                                       

    Le site Stop Flavescence Dorées (www.flavescencecharentes.com) représente une source d’information permanente et actualisée sûr, l’état des connaissances de la maladie, les animations de terrain à venir, les points de rencontre et les contacts avec les techniciens référents, …..  . L’une des dernières innovations est le développement de l’application sur les smartphones, Vigivignes Charentes, pour déclarer en temps réel les prospections et signaler la découverte d’un foyer potentiel. C’est une évolution importante qui permet de géo-localiser en direct la présence de la maladie dans les rangs de vignes. Il est possible de transmettre des photos des ceps potentiellement porteurs de symptômes afin de demander une validation par un expert. L’application Vigivignes-Charentes fonctionne en utilisant les identifiants BNIC de chaque viticulteur.

 

Les pièges connectés de cicadelles adultes, un projet presque finalisé

 

L’autre domaine dans lequel le comité régional FD s’est beaucoup investi est le développement des pièges de cicadelles adultes connectés. Laetitia Sicaud, la technicienne FD de la Station Viticole du BNIC suit depuis le départ cette initiative dont l’origine est 100 % Charentaise. Le souhait unanime d’aborder la protection insecticide contre l’insecte vecteur avec des principes raisonnés à partir d’observations locales fait l’unanimité. Néanmoins, cela reste quasiment impossible à concrétiser car le suivi des vols de cet insecte nécessite la mise en œuvre d’une couverture de pièges très dense (1 piège pour 30 ha de vignes) ce qui engendre des coûts importants pour relever et comptabiliser les captures. Jusqu’à présent, seules quelques zones expérimentales bénéficient de procédures d’aménagement de la lutte. Ces actions sont encadrées parle SRAL et pilotées par des techniciens présent sur chaque territoire du mois d’avril à la fin septembre. L’idée d’automatiser le piégeage et la reconnaissance des captures de cicadelles de FD jugée farfelue par de nombreux acteurs, est pourtant en train de devenir réalité.
Depuis l’été, 2016, un partenariat de recherche avec la société Advansee a permis de travailler cette piste très sérieusement. Cela a débouché sur la mise au point du piège connecté e-GLEEK qui est doté d’un algorithme de reconnaissance des insectes. La fonctionnalité du produit déjà prometteuse l’année dernière va rentrer dans une étape  de validation finale cet été. 18 pièges connectés implantés dans la région au sein du PLO et aussi dans des secteurs sains vont être suivis par L Sicaud.

 

La reconnaissance des symptômes fait l’objet d’études

 

Un autre projet de recherche ambitieux a été lancé en toute discrétion depuis deux ans. Il s’agit du développement d’un système d’aide à la reconnaissance des symptômes adaptés aux spécificités de l’expression des symptômes de l’ugni blanc. L’idée n’est pas de remplacer l’œil et le travail des prospecteurs mais au contraire de valoriser leurs compétences. La vocation de cet outil du futur serait d’identifier et de géo-localiser dans les parcelles, les zones ne présentant pas d’anomalies de végétation et celles qui en expriment. Cela permettait ensuite aux prospecteurs de concentrer leur efforts de prospection dans les zones ayant été identifiées comme étant à risque. Des premiers contacts établis en 2018 ont permis d’identifier les acteurs ayant une expertise dans les domaines de la visionique industrielle. Cette année, une première phase d’étude en partenariat avec des équipes de recherche a commencé.

 

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