les pépiniéristes attentifs à la qualité du matériel végétal

23 février 2011

L’activité de production de plants de vigne dans la région de Cognac traverse une meilleure période depuis quelques années en raison d’une demande de plants d’Ugni blanc en nette hausse. Les viticulteurs réalisent des efforts de renouvellement du vignoble proches de 2 %/an, car le vignoble vieillit. Les pépiniéristes charentais, bien qu’étant très satisfaits de la montée en puissance de leur marché naturel, ont vécu une année 2010 difficile en matière de reprise des plants. La réussite en pépinière a été nettement inférieure à celle des dernières années, ce qui risque de limiter les disponibilités de greffés-soudés pour les plantations 2011. Les autres sujets de préoccupations concernent le développement des maladies du bois et de la flavescence dorée. Lors de l’assemblée générale du Syndicat des pépiniéristes de la région de Cognac, Didier Jallet, le président, avait décidé de consacrer une large part des débats à ces thèmes pour sensibiliser les professionnels et les viticulteurs aux efforts et aux démarches de recherche mis en œuvre pour produire du matériel végétal de qualité.

 

 

Le Syndicat des pépiniéristes viticoles de la région de Cognac fait preuve de dynamisme et d’une volonté de dialogue avec les organismes professionnels et techniques de la région. Lors de l’assemblée générale au mois de décembre dernier, la présence d’un public nombreux et attentif durant toute une après-midi atteste de l’implication des pépiniéristes dans leur métier. Les entreprises de pépinières viticoles de la région délimitée, après avoir traversé la difficile période de la fin des années 90, profitent actuellement d’une nette remontée de la demande de plants d’Ugni blanc. Le vieillissement du vignoble, les dégâts liés aux maladies du bois et les aides à la plantation incitent les viticulteurs à renouveler leur vignoble. Didier Jallet, le président du syndicat et ses collègues du conseil d’administration avaient invité de nombreuses personnalités à participer aux débats sur la filière bois et plants de vignes de la région de Cognac.

colombel.jpgYvan Colombel, le spécialiste bois et plants de vignes de la délégation FranceAgriMer Aquitaine Charentes, a présenté la production de plants au cours de l’année 2010 et les niveaux de disponibilités pour les plantations 2011. Le développement inquiétant de la flavescence dorée a été aussi abordé avec l’intervention de Sébastien Bélis, du SRAAL de Cognac, qui a présenté la situation à l’issue des prospections de l’automne 2010. La maladie connaît une extension spectaculaire et pratiquement deux tiers des surfaces vont intégrer le périmètre de lutte obligatoire. Les responsables du syndicat des pépiniéristes ont fait part de leur inquiétude vis-à-vis de la situation car, actuellement, pratiquement toutes les zones de productions de plants se trouvent intégrées dans les périmètres de lutte obligatoire. Les maladies du bois ont aussi été abordées avec le même souci de transparence. Les interventions de Gérald Ferrari et de Laeticia Boiteau, de la Station Viticole du BNIC, ont permis de présenter les différents axes de recherches qui ont été mis en œuvre au niveau national pour faire progresser les connaissances fondamentales et étudier de nouvelles pistes de lutte. Un volet de recherche concernant les moyens de limiter les risques de transmissions des champignons au cours de la phase de production des plants est conduit en Charentes par la Station Viticole du BNIC. Les pépiniéristes charentais ont aussi décidé de relancer la marque collective « Plants des Charentes », qui constitue une garantie d’origine des plants. D. Jallet et ses collègues du conseil d’administration réfléchissent à la possibilité d’envisager à moyen terme un cahier des charges de production intégrant certaines spécificités. Pour l’instant, les pépiniéristes choisissant d’utiliser la marque collective pourront utiliser des étiquettes de sacs Plants des Charentes de format A5, faciles à agrafer ou à suspendre avec un lien. Les travaux de l’assemblée générale ont aussi débouché sur le renouvellement des membres du conseil d’administration où plusieurs jeunes ont accédé à de nouvelles responsabilités.

La pépinière viticole Française « souffre »

La filière de production des bois et plants de vignes de la région de Cognac semble actuellement beaucoup moins affectée par le contexte économique morose de la grande majorité des régions viticoles françaises. Au niveau national, les mises en œuvre totales de plants baissent pour la deuxième année consécutive et reviennent au niveau de celles de 2007. La production a diminué en deux ans de 20 millions de plants (- 10 %), malgré les démarches de restructuration du vignoble. Dans beaucoup de régions, on parle plus d’arrachages que de plantations et la filière de productions de plants souffre. L’univers de la pépinière viticole française traverse une période de difficultés depuis quatre ans et beaucoup de professionnels restent inquiets. Les marchés d’exportations, qui pendant longtemps représentaient un débouché constant et significatif, se sont contractés, d’où le pessimiste ambiant.

Le seul élément positif de l’année 2010 concerne la forte diminution des plants en report (- 60 %), ce qui témoigne d’une meilleure adéquation des greffages par rapport aux besoins. Les cépages les plus multipliés en France, le Chardonnay, le Merlot, le Cabernet Sauvignon, le Pinot noir, le Cabernet franc, sont en recul (parfois important) alors que d’autres comme le Syrah, le Grenache noir, le Colombard, le Viognier, le Cinsault, le Chenin… progressent. La volonté d’un certain nombre de vignerons français d’élaborer des vins plus typés, plus enracinés dans leur terroir explique le développement de cépages ayant des origines plus régionales.

le redressement du marché charentais

evolution_pepinieristes.jpgLe vignoble de Cognac échappe à cette tendance nationale morose grâce à une relance des programmes de plantations depuis trois ans. La demande d’Ugni blanc en France étant concentrée à 95 % dans la région délimitée, permet donc aux pépiniéristes charentais de retrouver une activité normale grâce à leur marché naturel. Il ne faut pas oublier qu’eux aussi ont connu « une terrible traversée du désert » entre 1995 et 2005, où durant une décennie les niveaux de replantations d’Ugni blanc étaient tombés à 0,5 %/an. Depuis trois ans, on est effectivement revenu à des taux de plantations avoisinant 2 %/an, ce qui correspond à une certaine normalité. L’absence d’une demande régionale ferme avait conduit les pépiniéristes charentais à chercher des débouchés ailleurs. Heureusement, la prospérité de plusieurs régions viticoles les a aidés mais en étant parfois contraints de travailler en sous-traitance comme façonnier pour des acteurs implantés dans les vignobles porteurs (Bordelais, Bourgogne, Vallée du Rhône…). Cela s’est traduit par une forte restructuration de la filière avec notamment la cessation d’activité de petites et moyennes entreprises qui n’avaient pas de succession. Entre 2000 et 2010, le nombre de professionnels est passé de 159 à 116 acteurs mais le potentiel de production de plants n’a pas baissé.

Le taux de renouvellement du vignoble de 2 %/an qui relance les greffages d’ugni blanc

La production annuelle de plants en Charentes a connu d’assez fortes variations au cours des 25 dernières années. Au début des années 80, le mauvais contexte économique dans la région de Cognac avait fait baisser fortement la production de plants autour de 10 millions d’unités, mais ensuite une phase de rajeunissement du vignoble est intervenue entre 1988 et 1992. La chute des expéditions de Cognac à partir de 1992 et 1993 a littéralement gelé les programmes de replantations dans les propriétés et les pépiniéristes charentais ont été obligés d’aller chercher des débouchés ailleurs pour pérenniser leur métier. Le contexte porteur dans diverses régions viticoles leur a permis de retrouver assez rapidement un volume d’activité et la multiplication de l’Ugni blanc est devenue marginale dans beaucoup d’entreprises (pas plus de 15 à 25 %). Entre 1995 et 2005, les quantités de plants de Merlot, de Cabernet Sauvignon, de Sauvignon, de Chardonnay… dépassaient de très loin l’Ugni blanc dans les pépinières charentaises.

production_annuelle_plants.jpgPlusieurs professionnels ne cachent pas que la pérennité de leurs entreprises a été assurée pendant 10 ans par des livraisons majoritaires de plants en dehors de la région. Les faibles niveaux de la QNV Cognac et des rendements limités à 130 hl/ha à partir de 2000 n’incitaient pas les viticulteurs à replanter. Depuis 2006 et surtout à partir de 2007, année de faibles rendements, les viticulteurs ont pris conscience de l’état de vieillissement de nombreuses plantations. La mortalité s’est amplifiée dans les vignes de plus de 25 à 35 ans, mais aussi dans des vignes beaucoup plus jeunes. La nuisibilité des maladies du bois a commencé à se faire sentir les années où le potentiel de grappes est faible à moyen. Tous ces éléments ont relancé la demande de plants d’Ugni blanc et le taux de renouvellement du vignoble charentais se situe actuellement autour de 2 %. La replantation de 1 500 ha de vignes/an peut paraître importante par rapport à la situation du début des années 2000. Néanmoins, beaucoup de techniciens et de viticulteurs se demandent si cet effort conséquent sera suffisant pour compenser le taux de ceps morts (liés aux maladies du bois) qui dépasse depuis trois ans le seuil de 6 %.

Le niveau de reprise bien inférieur aux prévisions

disponibilits_plants.jpgLes mises en œuvre de greffés-soudés au printemps 2010 dans la région de Cognac se sont élevées à 17 251 500 plants, un niveau inférieur de 2 % par rapport à 2009. Les reports de plants (plants en chambre froide et repiqués) sont en net recul, ce qui confirme les bonnes ventes en 2009. Traditionnellement, la production de plants en pot est assez faible dans notre région (3 à 5 % des plants greffés), mais en 2010 elle a été plus importante suite à des demandes tardives de plantation. L’Ugni blanc représente 65 % des mises en œuvre (en légère régression de 5 % par rapport à 2009), puis viennent le Merlot (8,3 %), le Colombard (5,31 % en forte hausse), le Sauvignon blanc (4,91 %), le Cabernet Sauvignon (4,52 %) et ensuite de nombreux autres cépages. Les mises en œuvre de 11 339 400 plants d’Ugni blanc et un taux de reprise élevé estimé à la fin septembre laissaient espérer des disponibilités de plants aussi importantes qu’en 2010. Or les techniciens de FranceAgriMer et les pépiniéristes, qui partageaient la même vision d’une réussite des pépinières au mois de septembre dernier (de plus de 60 %), ont une vision de la situation très différente aujourd’hui.

jallet.jpgD. Jallet et beaucoup de ses collègues ont observé au moment du triage un déchet de plants important lié à des soudures fragiles (qui cassent sous la pression du doigt). Le taux de reprise réel se situerait en moyenne dans les Ugni blancs autour de 50 %, ce qui risque de réduire de manière significative les disponibilités. La production de greffés-soudés d’Ugni blanc va diminuer de 1 300 000 plants à la vente (par rapport aux prévisions de la fin septembre), ce qui représente l’équivalent d’une surface 470 ha de vignes larges ne pouvant pas être plantée au printemps 2011. Les raisons de ce taux de reprise plus faible semblent liées à la climatologie froide, sèche et venteuse des mois d’avril et mai au moment des mises en pépinière. Lors de la phase de stratification, le cambium entre le porte-greffe et le greffon se constitue et aussitôt cette phase terminée, les plants sont mis en pépinière entre début avril et la mi-mai selon les années. Les conditions climatiques durant les semaines suivant la mise en pépinière ont une incidence déterminante sur le déroulement de l’étape de solidification du cambium. Si les plants bénéficient aussitôt leur mise en terre de 3 à 4 semaines de temps chaud et humide, la pousse devient active et les soudures se renforcent rapidement. A l’inverse, des conditions froides, sèches et venteuses perturbent les montées de sève. La croissance des jeunes plants devient irrégulière et l’alimentation hydrique de tous les tissus végétaux s’en ressent. Dans de telles conditions, la phase de solidification des cambiums est perturbée et c’est ce qui s’est passé au printemps 2010. L’irrigation permet de compenser le déficit en eau mais par contre aucun moyen ne permet de remonter les températures en plein champ. Les mises en pépinières les plus précoces en 2010 ont été les plus pénalisées, mais retarder d’un mois les mises en terre pour attendre une climatologie plus clémente fait prendre des risques au niveau de l’aoûtement en fin de saison. L’implantation de certaines pépinières dans des situations protégées des vents dominants semble également avoir eu une incidence bénéfique sur le taux de reprise. Le bel état végétatif de nombreuses pépinières en fin de saison a permis d’assurer un aoûtement complet et une phase de mise en réserve suffisante. Les pépinières semblaient belles mais à l’issue du triage les pépiniéristes ont beaucoup moins le moral. Certains assemblages avec le RSB, le 333 EM et le 140 R ont des taux de reprises encore plus faibles alors que d’autres comme le ou le SO4 s’en sortent mieux.

Le rajeunissement des parcelles de vignes mères de greffons et porte-greffes

La qualité du matériel végétal utilisé pour la production de plants de vigne certifiés est un sujet de préoccupation central pour les pépiniéristes et les équipes de FranceAgriMer chargées d’encadrer la filière. Toutes les parcelles de multiplication sont identifiées dès leur plantation et soumises à un cadre réglementaire de production précis. On ne peut pas planter une parcelle de vigne mère sans en avoir fait la demande auprès des services de FranceAgriMer qui en étudie le bien-fondé en se rendant chez les demandeurs avant et après plantation

L’expertise débouche sur l’inscription de la parcelle en qualité de vigne mère de multiplication affectée spécifiquement à la production de greffons ou de porte-greffes. La finalité de cette démarche réglementaire est de garantir le parfait état sanitaire vis-à-vis du virus du court-noué, de l’enroulement 1 et 3 et des maladies de quarantaine comme la flavescence dorée et la nécrose bactérienne. Ensuite, le niveau d’entretien des parcelles a une incidence directe sur la qualité des greffons et des porte-greffes. Les contraintes pour mettre en place et exploiter la production de bois des vignes mères sont nombreuses : l’approvisionnement en matériel végétal auprès d’organismes de multiplication de matériel de base, la recherche systématique tous les ans de symptômes de FD (et de Bois Noir), un premier contrôle de l’état sanitaire de la parcelle au bout de 5 ans (par la réalisation des tests Elisa pour le court-noué et l’enroulement 1 et 3), puis un renouvellement des tests sanitaires tous les 10 ans pour obtenir la validation dans le temps de l’agrément et un suivi des pratiques culturales pour garantir l’obtention de bois indemnes de phytoplasmes (protection insecticide obligatoire à 3 traitements) bien aoûtés et riches en réserves. La protection insecticide contre la cicadelle de la FD des parcelles de vignes de greffons et de porte-greffes est obligatoire et des contrôles inopinés sont effectués chaque été par les équipes de FranceAgriMer.

fercal.jpgLes démarches d’auto-contrôles sont désormais assumées par les pépiniéristes qui doivent faire appel à un organisme agréé pour réaliser les prélèvements et les tests de recherche de virus en laboratoire. Le protocole de prélèvements de feuilles et de mise en œuvre des analyses est effectué en respectant une procédure spécifique établie par FranceAgriMer. Naturellement, les parcelles de vignes mères dépassant 25 ans ont une production beaucoup plus aléatoire car la fréquence des symptômes de maladies du bois est plus importante. La plupart des pépiniéristes arrêtent de les exploiter quand elles dépassent 20 ans. Un renouvellement régulier des parcelles de multiplication de vignes mères de porte-greffes et de greffons est un gage de sérieux vis-à-vis de la qualité des greffons, des boutures de porte-greffes et au final de celles des plants de vignes. Durant la période 1994-2004, les efforts de plantations des parcelles de multiplications de greffons avaient surtout concerné d’autres cépages que l’Ugni blanc, car les besoins de greffage des pépiniéristes concernaient prioritairement le Merlot, le Cabernet, le Chardonnay… L’âge moyen des vignes mères d’Ugni blanc avait donc augmenté et la ressource en greffons certifiés s’était un peu amenuisée. Cette tendance s’est heureusement inversée car entre 2005 et 2010, les surfaces de vignes mères de porte-greffes sont passées de 93 ha à 103 ha et celles des vignes mères de greffons ont connu aussi une progression significative de 109 ha à
131 ha.

Rechercher un processus d’élaboration des plants évitant les contaminations vis-à-vis des maladies du bois

D. Jallet et de nombreux pépiniéristes ont fait part des nombreux questionnements sur les maladies du bois de la part des viticulteurs : « Les plants ne sont-ils pas porteurs des champignons responsables de l’esca, de l’eutypiose et du BDA au moment où on les met en terre ? ».

Objectivement, les pépiniéristes ne sont pas en mesure d’affirmer dans l’état actuel des connaissances que les plants sont parfaitement sains. Pourtant, beaucoup de précautions sont prises au niveau de la sélection des bois et des interventions nécessaires à la production des greffés-soudés. D. Jallet et ses collègues ne cachent pas qu’ils attendent beaucoup des travaux scientifiques en cours sur la recherche et l’évaluation de procédés permettant la production de plants indemnes de champignons associés aux maladies du bois. Dans une récente synthèse des travaux sur ce sujet, Philippe Larignon, de l’IFV, considère que les pépiniéristes ne disposent à ce jour d’aucun moyen leur permettant de trier les bois contaminés pour ensuite les éliminer. Aucun test rapide (de type PCR) n’existe pour identifier et quantifier la présence des divers champignons. Un des axes de recherche développé à l’ESAM de Toulouse dans le cadre des appels à projets financés par le ministère de l’Agriculture s’attache à la mise au point de ce type de test.

Actuellement, les connaissances scientifiques dans ce domaine manquent et les services de FranceAgriMer avouent humblement qu’ils ont actuellement du mal à proposer un itinéraire des bonnes pratiques de production des plants. Dans les vignes mères de greffons, les observations visuelles permettent d’éliminer les souches porteuses de symptômes. Par contre, les souches des parcelles de multiplication de porte-greffes n’expriment pas de symptômes même si les ceps sont contaminés. Comme aucun test fonctionnel et rapide ne permet d’identifier pour l’instant la présence des champignons au niveau des parties ligneuses et des écorces au moment de la récolte des bois, seules les précautions de bon sens liées à l’âge des vignes mères, à leur situation et à leur implantation (à proximité de vignes porteuses de symptômes ou dans des sols riches en débris végétaux) permettent d’opérer une sélection sanitaire. La seule précaution supplémentaire actuellement préconisée consiste à ne jamais utiliser les 40 premiers centimètres des bois de multiplication (de greffons ou de porte-greffes), du fait de leur proximité des souches qui les rend potentiellement plus sujets à être porteurs des champignons associés aux maladies du bois.

réhydratation, de la stratification et de la désinfection des bois

travail_plant.jpgDes enquêtes réalisées par l’IFV auprès des pépiniéristes du Sud-Est de la France sur des plants à la sortie des pépinières hébergeaient les champignons associés aux maladies du bois dans des proportions plus ou moins importantes selon les lots analysés. Au cours du processus d’élaboration des plants, les étapes clés où se produisent les contaminations ont pu être identifiées. Il s’agit des phases de réhydratation et de stratification qui se déroulent en conditions humides et chaudes. Ces constats ont débouché sur la mise en place de plusieurs axes de recherches concernant l’introduction de nouveaux moyens pour réaliser la réhydratation, la statification et la recherche de nouvelles approches de désinfection du matériel végétal avec divers produits ayant des propriétés antiseptiques et fongiques (Cryptonol, eau de Javel et nouvelles matières actives ayant montré une efficacité au laboratoire sur les champignons).

La Station Viticole du BNIC intervient sur ce dossier avec deux autres organismes, l’IFV Sud-Ouest et la Chambre d’agriculture du Vaucluse (associée au Syndicat des bois et plants de vigne de ce département). Le seul produit qui était utilisé pour désinfecter les bois de plants de vignes jusqu’à présent, le Cryptonol (pas efficace sur les champignons des MB), a été retiré du marché. Il reste donc comme seule solution le décrié traitement à l’eau chaude préconisé pour éliminer les phytoplasmes de la flavescence dorée. La pratique s’est montrée intéressante pour contrôler certains champignons responsables des maladies du bois, mais pas tous. Il est possible qu’en éliminant certaines espèces de champignons, on crée de nouveaux équilibres plus favorables aux espèces nuisibles.Cette efficacité partielle crée un véritable débat entre les techniciens et les pépiniéristes. Les premiers étant enclins à rendre systématique le traitement à l’eau chaude et les seconds considérant cette pratique de trempage des greffés-soudés dans de l’eau chaude à 50 °C comme très pénalisante au niveau de la reprise des plants. Le suivi d’un essai d’une parcelle plantée avec du matériel traité à l’eau chaude comparé à des plants non traités devrait apporter d’ici quelques années une réponse définitive sur ce sujet. Pour l’instant, il paraît prudent de ne pas généraliser le traitement à l’eau chaude. Actuellement, seuls les établissements de prémultiplication de matériel de base ont l’obligation de réaliser le traitement à l’eau chaude.

Les pépiniéristes vivent très mal l’expansion actuelle de la Flavescence Dorée

travail_plant_2.jpgL’autre sujet de préoccupation pour les pépiniéristes charentais concerne la flavescence dorée car l’extension de la maladie en 2010 est importante. Pratiquement tous les bassins de productions de plants dans la région délimitée seront intégrés dans le périmètre de lutte obligatoire 2011. Face à l’extension de la FD, un certain nombre de viticulteurs se demandent si les plants de vigne ne sont pas à l’origine de l’app arition de certains nouveaux foyers. Les pépiniéristes, qui sont de plus en plus souvent questionnés sur ce sujet, disposent d’arguments véritables pour justifier de leur implication constante depuis des années dans la lutte contre la FD. D. Jallet tient sur ce sujet un discours responsable et plein de bon sens : « Les pépiniéristes sont de très loin des acteurs fortement impliqués dans la lutte contre la FD et depuis longtemps. Notre objectif à titre individuel et collectif a toujours été d’empêcher le développement de cette maladie. La recherche de symptômes chaque automne et la réalisation d’une couverture insecticide des vignes mères (de greffons et de porte-greffes) et des pépinières (du débourrement à la chute des feuilles) sont obligatoires et chaque année les équipes de FranceAgriMer effectuent des contrôles inopinés pour vérifier si nous effectuons ce travail. La mise en œuvre de cette stratégie depuis au moins 15 ans atteste de notre implication préventive dans la lutte contre cette maladie. On n’a pas le choix, c’est la qualité du matériel végétal qui est en jeu. Les vignes mères représentent pour nous le premier maillon du processus de fabrication de notre métier. Nous portons une attention permanente à ces parcelles car la qualité des bois a une incidence directe sur la réussite ultérieure de nos pépinières. Les enjeux économiques sont aujourd’hui trop importants pour que l’on se permette de négliger le capital de matériel végétal. C’est pour toutes ces raisons que nous vivons mal la situation vis-à-vis de la FD. Les collègues qui sont dans les périmètres de lutte obligatoire subissent avec amertume la situation. La mobilisation collective de tous les viticulteurs sera-t-elle suffisante pour endiguer le mal à proximité des pépinières ou des parcelles de vignes mères ? L’enjeu pour les pépiniéristes et les viticulteurs est important. » D’un point de vue réglementaire, lorsqu’un foyer de FD est identifié à moins d’un kilomètre d’une vigne mère, tous les prélèvements de bois doivent être obligatoirement traités à l’eau chaude. L’implantation des pépinières est assez facile à déplacer en dehors des zones à risques majeurs et chaque année la couverture insecticide est effectuée sans interruption de l’éclosion des bourgeons à la chute des feuilles. Cette préconisation réglementaire n’est pas en phase avec les réflexions actuelles d’Ecophyto, mais la protection sanitaire du matériel végétal est prioritaire. Toutes ces précautions permettent-elles de garantir que les greffés-soudés ne sont pas porteurs du phytoplasmes de la FD ? Les réponses de différents acteurs, des techniciens du SRAL et de FranceAgriMer tendent à prouver que « l’assurance est bonne mais pas tout risque ». En effet, des symptômes sur des plants en première feuille ont déjà été observés dans le Midi de la France il y a plusieurs années et en 2010 à Cognac. S. Bélis et ses collègues ont eu la confirmation par analyse qu’un plant de première feuille avait extériorisé des symptômes de FD. Les services de FranceAgriMer ont pris contact avec les fournisseurs de plants et les parcelles de vignes mères d’où est issu le matériel végétal vont faire l’objet d’une surveillance accrue en 2011. n

Bibliographie :
− Communications lors de l’assemblée générale des pépiniéristes.
− M. Yvon Colombel, l’ingénieur chargé des bois et plants de vignes de la délégation de FranceAgriMer Aquitaine Charentes.
− M. Philippe Larignon, l’ingénieur chargé du dossier maladies du bois à l’IFV.
− Mme Laeticia Boitaud, la responsable du centre de prémultiplication du BNIC.

Le nouveau Bureau du Syndicat
A l’issue de l’assemblée générale, le conseil d’administration s’est réuni pour élire les 10 membres du bureau du syndicat des pépiniéristes. Didier Jallet a été réélu président et il sera entouré de deux nouveaux vice-présidents, François Bodin et Mickaël Lys. Pascal Forgerit devient secrétaire et Mario Turpaud l’assiste en tant que secrétaire adjoint. Eric Peraud conserve son poste de trésorier associé à Fredy Fradin en tant que trésorier adjoint. Jean-Michel Dubois, Jean-Marie Dupuy et Olivier Trotin, les trois autres membres du bureau, participeront activement à la vie du syndicat dans l’année qui vient.

Restructuration Du Vignoble
Les Principales Dispositions Pour La Campagne 2010-2011
Lors du Conseil spécialisé de FranceAgriMer pour la filière viticole réuni le 15 décembre 2010, la mesure de restructuration du vignoble a fait l’objet d’un examen particulier.
restructuration_vignoble.jpgEn effet, le Conseil a pris connaissance de la hausse des prévisions de plantation et de demandes d’aide en restructuration collective et en restructuration simple, qui risquaient de mettre en péril la gestion de la restructuration du vignoble pour 2010/11 et 2011/12. Dans ce contexte, afin de limiter un afflux de demandes qui serait justifié par les incertitudes sur la poursuite des aides communautaires à la restructuration après 2013 mais aggraverait la situation, le Conseil spécialisé s’est prononcé favorablement sur la diminution des taux d’aides par rapport à la campagne 2009/10. Le Conseil spécialisé s’est également prononcé à l’unanimité sur la priorité absolue donnée à la continuité de la mesure restructuration du vignoble pour les deux campagnes à venir et sur la nécessité d’assurer de la visibilité aux viticulteurs qui souhaitent restructurer leur vignoble. Pour assurer cette continuité et rester dans les limites des crédits disponibles, le Conseil spécialisé a adopté les dispositions suivantes :
* Plafond de 6 ha net par bénéficiaire en restructuration simple pour chacune des campagnes 2010/11 et 2011/12 (à noter : plafond net : 100 % de l’aide jusqu’à 6 ha, 0 % au-delà).
* Plafond de 6 ha net par adhérent au plan collectif local (PCL3) pour l’ensemble du plan (6 ha arrachage et/ou 6 ha plantation) [à noter : plafond net : 100 % de l’aide jusqu’à 6 ha, 0 % au-delà].
* Maintien des taux « irrigation » (800 €/ha), « palissage » (1 500 €/ha) et « surgreffage » (2 500 €/ha).
Le détail des taux est précisé dans le tableau ci-dessous selon qu’il s’agit d’arrachage, de plantation ou d’indemnité de perte de récolte (IPR) pour la restructuration simple et les plans collectifs locaux (PCL). La bonification jeunes agriculteurs (JA) est également indiquée.
Ces dispositions seront reprises dans les arrêtés pluriannuel et annuel à paraître début 2011.
Il faut noter également que les taux d’aides fixés pour la deuxième année de plantation du plan collectif local 1 (PCL1) en Languedoc-Roussillon et les deux années de plantation des plans collectifs locaux 2 (PCL2) en Languedoc-Roussillon et en Côtes-du-Rhône demeurent inchangés.

 

Les Résultats De l’Observatoire Des Maladies Du Bois Charentes

Depuis plusieurs années, des observations sont réalisées dans un réseau de 29 parcelles. Elles sont suivies en partenariat par différents organismes de la région viticole : Chambres d’Agriculture 16 et 17, FREDON, FDCETA, Charente Alliance, Ets Fortet-Dufaud et, depuis 2010, la Chambre régionale d’Agriculture. Ainsi, 12 585 ceps sont cartographiés. Ils sont observés au printemps pour l’eutypiose, puis en fin d’été pour l’Esca et le BDA.

Eutypiose

En France, l’Ugni blanc est le cépage le plus sensible à l’eutypiose. En Charentes, de 2003 à 2005, les symptômes d’eutypiose s’expriment sur environ 20 % des ceps. Entre 2006 et 2008, les niveaux d’expression sur feuilles sont moindres et plus conformes à ceux mesurés au début des années 90. Puis, depuis 2 ans, les symptômes foliaires diminuent encore.
Cependant, cela ne signifie pas que le nombre de ceps atteints a régressé. D’une part, le printemps a pu être moins favorable à l’eutypiose. D’autre part, les parcelles suivies ont vieilli de 8 ans depuis l’installation de l’Observatoire : la diminution des symptômes est peut-être aussi liée à ce vieillissement.

maladie_bois.jpgCeps morts

Dans l’Observatoire en 2010, on constate de grandes disparités : selon les parcelles, on note de 0 à 38 % de ceps morts. La progression globale constatée peut être liée à l’Esca et au Black Dead Arm.

Ceps entreplantés, recépés ou marcottés

Le taux de remplacement des ceps morts ou malades demeure faible. Il augmente toutefois, certainement en liaison avec la progression de l’Esca et du Black Dead Arm.

Les maladies du bois s’expriment surtout sur des vignes âgées de 15 à 25 ans. Pour augmenter la pérennité des parcelles, il est donc nécessaire d’entretenir la densité de plantation. Les chantiers d’entreplantation ou de recépage sont entrepris par tranche. Pour une année donnée, dans les parcelles concernées par cette prophylaxie, le taux de « rajeunissement » concerne parfois plus de 10 % de ceps.

Esca et Black Dead Arm

Lors de la notation de fin d’été, les deux syndromes ne sont pas distingués car ils sont difficilement différentiables. Depuis 2003, les dégâts progressent assez régulièrement. En 2010, la sécheresse de l’été semble avoir été propice à l’expression des dégâts en fin de saison. La moyenne cache aussi de grandes disparités : quelques parcelles présentent plus de 30 % de ceps avec symptômes (faibles ou apoplectiques). A l’inverse, d’autres parcelles présentent moins de dégâts qu’en 2009.

Les maladies du bois restent une préoccupation importante dans le vignoble charentais.
(Source : BSV n° 24 du 14 décembre 2010)

 

Des recherches de produits désinfectants et de nouveaux moyens de stratification
Les maladies du bois sont devenues une thématique d’étude prioritaire au niveau national puisque le ministère de l’Agriculture a décidé de lancer, courant 2009, un vaste projet de recherche intégrant toutes les compétences réparties dans les différentes régions viticoles françaises. Un des axes d’étude concerne la recherche et l’évaluation de procédés permettant la production de plants indemnes de champignons associés aux maladies du bois. Parmi les diverses pistes étudiées dans ce domaine, la Station Viticole du BNIC est impliquée dans la recherche de nouvelles méthodes de désinfection des bois en surface et dans l’amélioration des processus de réhydratation et de stratification des plants (les deux étapes clés au niveau des contaminations). Les travaux commencés à l’automne 2009 vont se poursuivre pendant trois ans.
Laeticia Boitaud, la responsable du centre de prémultiplication du BNIC et Claudie Roulland, la microbiologiste de la Station Viticole du BNIC, ont en charge ce dossier. Le volet d’étude comprenant la désinfection de surface des bois avant leur mise en œuvre est conduit en partenariat avec deux autres organismes en France, l’IFV Sud-Ouest et la Chambre d’agriculture du Vaucluse (avec le Syndicat des pépiniéristes de ce département). Cela permet de démultiplier les moyens de recherches de nouveaux produits de désinfection. Actuellement, il n’existe plus aucun désinfectant homologué pour les bois et plants de vigne. La seule spécialité commerciale qui était autorisée, le Cryptonol (pas efficace sur les champignons responsables des maladies du bois), a été retirée du marché. La démarche d’étude a commencé par une phase de screening en laboratoire pour rechercher de nouvelles matières actives susceptibles d’avoir une efficacité sur les champignons des maladies du bois. L’exploration a concerné des produits désinfectants déjà utilisés dans l’univers industriel pour désinfecter les bâtiments. En Charentes, cela a débouché sur l’isolement d’une douzaine de matières actives qui ont été testées ensuite sur des échantillons de porte-greffes et de greffons. L’objectif était de valider l’effet anti-fongique dans des conditions réelles de trempages et d’affiner les préconisations de déroulement des traitements (durée de trempage, concentration de produits à utiliser). Les deux autres sites d’expérimentation ont eu la même démarche avec d’autres produits, ce qui permet de mener des investigations de façon plus larges et plus rapides. Les résultats des travaux 2009-2010 ne sont pas encore totalement dépouillés et il faudra de toute façon attendre trois ans pour avoir une idée juste de l’efficacité de ces nouveaux produits. Le deuxième volet d’étude auquel participe la Station Viticole du BNIC concerne une réflexion sur l’utilisation de nouveaux substrats de stratification. Dans la région, la stratification s’effectue avec de l’eau ou de la sciure humidifiée qui, de par leurs natures, sont propices à héberger de nombreux champignons. Une première série d’essais en 2010 a intégré d’autres substrats organiques et inertes (déjà utilisés en horticulture) comme la tourbe, du terreau, des fibres de coco, des chips de coco, des écorces de pins, du sable, de la perlite et de la vermiculite. Pour l’instant, ces recherches sont dans une phase de démarrage mais, d’ici quelques années, il est fort probable que certaines évolutions intégrant les contraintes économiques des pépiniéristes pourraient apparaître.

 

 

 

 

 

 

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