Dans leurs belles propriétés du Médoc, quatre femmes du vin proposent des expériences très concrètes : ateliers vendanges, ateliers assemblage… De l’œnotourisme d’ambiance, plus tactile et personnel, qui renouvelle l’approche du vin.
Marie-Laure Lurton fait partie de cette « bande des quatre » qui, en 2005, a décidé de constituer un groupe informel, Les Médocaines. A l’époque, M.-L Lurton participait en tant que professionnelle du vin au groupe « promotion » des crus Bourgeois. « Quand nous parlions œnotourisme, tout le monde partait en courant » se souvient-elle amusée. Enfin, pas tout le monde. Les femmes, elles, restaient, se sentant plus en phase avec le sujet. Non par une « sensibilité » proprement féminine mais plutôt par un sens du concret plus affirmé. « Nous
avions envie de renouveler l’approche du vin en montrant des choses très concrètes et non pas à ceux qui vendent le vin mais à ceux qui le boivent. » Foin de digressions savantes ou de dégustations d’expert. Les Médocaines invitent les gens à « mettre la main à la pâte », en les faisant participer à des ateliers, ateliers de vendanges, ateliers d’assemblages. « La demande œnotouristique se situe aux antipodes d’une demande de professionnels. La dégustation classique n’y a pas vraiment cours. Ce que les visiteurs veulent, c’est d’être accueillis dans les propriétés, s’imprégner d’une ambiance, comprendre le produit de l’intérieur. »
Ces dames ont l’indépendance chevillée au corps. A chacune le soin d’organiser ses propres « ateliers ». Par contre, elles créent en commun un site internet, les Médocaines ; déposent leur marque et consacrent un peu d’argent à la communication. La bannière « Médocaines » les rend plus visibles auprès des opérateurs du tourisme : OT de Bordeaux qui organise des déplacements dans le vignoble, agences réceptives spécialisées.
Leur offre est moderne, attirante, distinctive, facilement repérable et calibrée, avec cette touche « glamour » que les « quatre filles dans le vin » savent y mettre. Et ça marche. Durant les vendanges, les touristes paient environ 85 € par personne pour s’équiper d’un sécateur, d’un panier et partir environ une heure couper le raisin dans les vignes avec l’équipe de vendangeurs. Ensuite, ils participent à la sélection des baies sur la table de tri, partagent un repas convivial puis font le tour du vignoble. Le moment des assemblages constitue un autre temps fort. Chinois, Russes, Américains, Scandinaves se pressent pour découvrir cette subtile alchimie. Les propriétaires animent elles-mêmes les ateliers mais pas toujours, happées qu’elles sont par leurs multiples activités. « Nous avons su nous entourer, déléguer. On ne peut pas toujours être en première ligne. »
Le retour sur investissement, quel est-il ? « Il ne faut pas entreprendre ce genre d’activité en se disant que l’on va gagner beaucoup d’argent. Pour qu’un atelier soit “rentable”, il doit être complet. Et nous proposons de petits ateliers qui ne le seront jamais. » Quant au bénéfice commercial lié à la vente de vin, il est quasi inexistant, au moins directement. « Les étrangers qui prennent l’avion ne peuvent pas rapporter de bouteilles. Après, ce qui se passe chez eux, une fois qu’ils sont rentrés… »
Le véritable bonus, Marie-Laure Lurton le voit dans la promotion. « Il s’agit d’un mouvement général qui fait parler de nos vins. Nous faisons de l’image, et pour Bordeaux et pour nos propriétés. Les hommes sont davantage dans l’opérationnel direct. Nous, nous travaillons pour le long terme, avec une conviction forte : l’image de nos vins doit sans cesse être renouvelée, pour lutter contre la lassitude. »
Ce n’est peut-être pas un hasard si Bordeaux, aujourd’hui, conquiert de nouveaux marchés.
De gauche à droite : Marie-Laure Lurton, Florence Lafragette, Armelle Falcy Cruse, Martine Cazeneuve.
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