L’entretien du sol du dessous des rangs est un sujet qui est de pleine actualité pour les viticulteurs conduisant leurs vignobles en bio. Quelle est la bonne stratégie de travail à adopter quand les printemps sont humides ? L’association Vitibio a lancé une réflexion sur ce sujet en collaboration avec les techniciens des Chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime. Une démonstration d’équipements très variés d’entretien du dessous des rangs aura lieu le 16 avril prochain à partir de 14 heures chez M. Christian Landreau à Salles-d’Angles.
L’association Vitibio, qui regroupe une quarantaine de viticulteurs dans la région délimitée (un potentiel de 800 ha de vignes), va organiser le 16 avril prochain une journée technique consacrée à l’entretien du dessous des rangs de vignes. L’organisation de cette manifestation a été confiée à l’équipe de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime en partenariat avec leurs collègues de Charente. Michel Girard, le conseiller viticole, et Joël Deborde ont construit le programme de cette journée avec une matinée consacrée à des essais d’équipements avec des notations et l’après-midi sera ouvert au public pour présenter les résultats et voir le matériel fonctionner au vignoble. Le matin, un protocole d’observation des différents matériels au travail sera mis en place pour apprécier à la fois la qualité du travail effectué et les vitesses d’utilisation. L’objectif est de faire progresser la réflexion technique sur l’entretien du dessous des rangs en explorant des pistes différentes et des moyens différents pour s’adapter aux conditions climatiques de chaque printemps. La volonté des organisateurs est de pouvoir présenter une gamme large d’équipements, des tondeuses interceps, des désherbeurs thermiques, des lames interceps hydrauliques, des décavaillonneurs nouvelles générations et des outils rotatifs interceps. Ce rendez-vous ouvert au public l’après-midi se déroulera le 16 avril chez M. Christian Landreau au Logis de Montifeau à Salles-d’Angles.
Définir des stratégies de travail réalistes en conditions humides
Charles Leroux et ses collègues du conseil d’administration ont perçu que pour beaucoup de viticulteurs bio, l’entretien du dessous des ceps au cours des printemps très humides 2007 et 2008 avait posé beaucoup de problèmes. La fréquence des pluies a rendu difficile l’accès aux parcelles et l’utilisation des outils de travail du sol habituels, décavaillonneurs et interceps, ont montré leurs limites. Durant la période de début avril à fin juin, l’entretien du sol sans herbicide n’est pas facile à gérer compte tenu de la nature calcaire des sols et de la forte croissance des herbes. Les interventions mécaniques pour avoir une bonne efficacité doivent être effectuées sur des herbes pas trop développées et en conditions sèches. En conditions humides, le risque de solubilisation du calcaire accentue les risques de chlorose qui sont particulièrement préjudiciables avant la floraison. Lors de printemps humides, le désherbage thermique peut être une alternative mais il ne faut pas attendre que les herbes soient trop développées pour intervenir. Par ailleurs, la rémanence d’un désherbage thermique en période humide n’excède pas 15 à 20 jours. Toutes ces réflexions ont été à l’origine de la mise en place de cette journée technique sur l’entretien des sols du dessous des rangs. Beaucoup de viticulteurs bio de la région sont à la recherche de moyens rationnels et surtout plus rapides pour maîtriser la flore d’herbes de début avril à fin juin. M. Lionel Pelletier, de Saint-Martial-sur-le-Né, a une réflexion personnelle sur le sujet : « Lors de printemps secs comme celui de 2009, l’utilisation d’outils traditionnels de type interceps permet de bien contrôler les herbes dès le début de la saison. Par contre, en 2007 et 2008, à ces mêmes périodes on pouvait à peine rentrer dans les parcelles et beaucoup d’entre nous se sont laissés déborder par l’herbe. Notre souhait serait de pouvoir associer plusieurs types d’interventions : un désherbage thermique, une tonte d’herbe, une intervention mécanique pour pouvoir utiliser chacune de ses techniques au meilleur moment. Les exigences de productivité sont aussi une réalité que l’on ne peut pas nier. L’idéal serait qu’au printemps, on puisse utiliser des équipements interceps à une vitesse d’environ 4 km/h pour couvrir une certaine surface dans la journée. » Une autre idée semble aussi germer dans l’esprit des viticulteurs bio : pourquoi ne pas imaginer un même matériel qui permettrait l’utilisation de deux types d’outils en un seul passage, une tondeuse + un outil rotatif, une tondeuse + une lame interceps… Ce sont de nouvelles pistes de réflexion que l’association Vitibio souhaite travailler dans l’optique de définir des itinéraires culturaux cohérents sur le plan économique.
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