Les JA de haute-Saintonge honorent les tailleurs

11 mai 2011

L’équipe des Jeunes Agriculteurs de Haute Saintonge a eu une heureuse idée en organisant le concours de taille au lycée viticole de Jonzac le 19 mars dernier. La manifestation a connu un franc succès de par le nombre de participants et l’engouement qu’elle a suscité auprès du public venu nombreux. Ce challenge a permis à 55 concurrents issus des deux départements de tester leur savoir-faire et cela a donné lieu à une véritable compétition entre professionnels de la taille.

 

 

La diversité des participants à ce premier concours avec des salariés viticoles (des femmes et des hommes), des exploitants, des retraités et des étudiants atteste de l’intérêt que suscite l’acte de taille. On ne peut que féliciter les Jeunes Agriculteurs d’avoir eu la volonté de remettre à l’honneur la qualité des gestes qui conditionnent la pérennité des souches. On ne devient pas un bon tailleur en quelques semaines mais en passant des mois et des années à « former » des souches de toute nature et de tout âge. Prendre le temps de construire la pérennité des ceps est en train de redevenir une préoccupation de premier plan, d’où l’intérêt de ce concours qui rend ses lettres de noblesse à une intervention majeure.

Un concours de compétences de taille

L’équipe des Jeunes Agriculteurs avait fort bien organisé la manifestation en s’appuyant sur les infrastructures du vignoble du Renaudin, en s’entourant des compétences de Michel Girard, le conseiller viticole de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime, et en dotant le concours de lots attractifs. Leur volonté de créer un événement qui mette en avant les compétences et la qualité des gestes de taille n’a pas laissé indifférents les fournisseurs. Les Jeunes Agriculteurs tiennent à remercier tout particulièrement la société Pellenc, qui avait décidé de soutenir leur initiative en offrant un sécateur électrique Lixion. Ce super lot a donné du crédit à la manifestation.

Le fait d’avoir ouvert le concours à des personnes de tout horizon, des salariés soucieux de pérenniser les souches, des exploitants jeunes et moins jeunes toujours expérimentés, des retraités au coup de sécateur juste, des femmes faisant preuve d’une grande efficacité et des étudiants conscients de chaque geste… a donné un caractère professionnel à cette manifestation. Les jurys qui ont testé les connaissances théoriques et pratiques des concurrents ne cachaient pas leur satisfaction car cette première édition a révélé de véritables compétences. Le classement a permis de décerner des prix à plusieurs catégories de tailleurs, celles des salariés, des exploitants, des femmes, des étudiants et de super-tailleur de l’année 2011. Devant le succès de la manifestation, les JA ont décidé de renouveler l’opération l’année prochaine.

Guillaume Brandy, le tailleur de l’année 2011

Guillaume Brandy, jeune chef de culture de 29 ans, a été sacré meilleur tailleur de l’année 2011. L’heureux gagnant du sécateur Lixion n’est pas un habitué des concours de taille. Il a voulu simplement évaluer ses connaissances auprès de jurys de professionnels et voir aussi comment d’autres tailleurs travaillent. Le savoir-faire dont il a fait preuve lors du concours a été unanimement salué. Ce jeune homme, fils de salarié viticole, est tombé dans le métier par vocation et à peine 18 ans, il a commencé à tailler sous la tutelle de son premier maître de stage, Jean-François Macoin à Saint Sulpice de Cognac. D’un abord un peu réservé au départ, le jeune salarié exprime son intérêt pour la vigne dès qu’il parle métier : « Etant originaire du Pays Bas, j’ai toujours entendu parler vignes autour de moi et travailler dans le vignoble était pour moi naturel. J’aime cet univers. Après un cycle de formation BEPA et Bac Pro en Viti Œno, j’ai commencé à travailler dans une propriété de Jarnac-Champagne pendant quelques années. Tailler, j’adore ça même si en hiver par – 5 °C, c’est parfois dur. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs bons tuteurs qui m’ont aidé à faire les gestes justes et je les en remercie. »

stabiliser les souches pour les faire durer

G. Brandy occupe depuis trois ans un poste de responsabilité en tant que chef de culture dans une propriété de 70 ha à côté de Saintes. Il continue chaque hiver de construire la pérennité des ceps en s’appuyant sur le principe de la taille Guyot Poussard. Pour lui, bien tailler c’est surtout faire preuve de sens de l’adaptation pour tenir compte du comportement de chaque cep : « Dans des vignes de moins de 10 ans, il est en général facile de retrouver une belle taille mais ensuite cela peut se compliquer. Chaque souche a un développement végétatif particulier dont il faut tenir compte pour concilier la production de l’année et sa pérennité dans le temps. Il faut stabiliser les souches pour les faire durer. La taille Guyot Poussard, avec son principe de coursons placés toujours en dessous les bras (et jamais au-dessus), permet de respecter les courants de sève et de limiter les allongements. Les coursons ne doivent pas dépasser 3 bourgeons pour pouvoir retrouver, l’année prochaine, une latte dessus et un nouveau coursons dessous. J’essaie de tenir les têtes de souches 15 cm en dessous le premier fil. Il faut aussi éviter de faire des grosses plaies de taille sachant que parfois dans des vignes de 15 à 40 ans, on n’a pas le choix. On peut être contraint de reconstruire un bras en laissant un courson bien placé. Lorsqu’on sectionne un bras, laisser un onglet de dessèchement suffisant (du diamètre de la plaie) est indispensable la première année. On rafraîchira le cône de bois desséché l’hiver suivant. L’élimination du vieux bois est également importante et j’ai toujours ma scie à portée de main pour le couper tout de suite. Dans les vignes plus âgées, rajeunir des ceps fatigués par les maladies du bois par un recépage précoce me paraît être intéressant pour accroître leur longévité. Cela s’anticipe en laissant un gourmand bien placé à la base des souches au moment de l’épamprage. On arrive ainsi à régénérer des souches devenues trop hautes ou dégradées par les maladies du bois en seulement deux ans. Leur productivité est prolongée pendant plusieurs années sans aucun investissement supplémentaire hormis la pose d’un tuteur. »

Les Gagnants Du Concours 2011
1er : Guillaume Brandy, également 1er de la catégorie « salariés viticiles », est reparti avec le premier prix, un sécateur électrique Pellenc Lixion.
2e : Raphaël Garrido, également 1er de la catégorie « retraités ».
3e : Alain Brun, également 1er de la catégorie « exploitants viticoles ».
La première féminine, Catherine Maret, salariée viticole, s’est classée 10e au général.
Le premier étudiant, Tony Courpron, s’est classé 15e au général.

 

 

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