Les grandes fermes industrielles, nouvelle norme de l’agriculture française ?

2 novembre 2022

Elles étaient considérées comme des petites fermes. Elles deviennent désormais des microfermes. Tandis que de l’autre côté du spectre, les grandes fermes, toujours plus grandes, n’ont pas hérité de d’une nouvelle terminologie “très grandes fermes”.
 
Le mouvement Terre de Liens, visant à préserver les terres agricoles et à permettre l’installation de paysans en agriculture biologique, montent au créneau face aux constatations publiées par le Ministère de l’Agriculture lors de son recensement décennal.
 
Terre de Liens dénonce une vision politique qui banalise l’agrandissement continu des fermes, la concentration galopante des terres agricoles et in fine l’industrialisation de l’agriculture. Au-delà de ces constats statistiques, le mouvement s’alarme également de l’absence d’analyse et de données sur les changements structurels de la propriété agricole, véritables chevaux de Troie d’une agriculture industrielle “sans agriculteurs ». Les exploitations agricoles sous forme sociétaire sont peu ou pas analysées dans le recensement. Le phénomène a pourtant donné lieu à la loi Sempastous, portant sur les mesures d’urgence pour améliorer la régulation de l’accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires. Les holdings agricoles à plusieurs unités de productions (chaque unité apparaît comme une ferme, mais la gestion est centralisée) n’apparaissent pas. Dans ces conditions, facile alors, de déclarer que la taille moyenne des fermes n’est que de 69 hectares.
 
Alors qu’une nouvelle loi d’orientation agricole est promise par le gouvernement en 2023, Terre de Liens appelle le gouvernement à s’appuyer sur des outils statistiques solides pour organiser une politique ambitieuse en matière de régulation plutôt que d’acter les évolutions passées, comme une fatalité. Le défi du renouvellement des générations, notre sécurité alimentaire et l’adaptation de notre agriculture aux changements climatiques sont plus que jamais des enjeux à relever.
“Le diable est dans les détails. En créant une nouvelle catégorie microfermes, pour les fermes autrefois considérées comme des petites fermes, tandis que les grandes fermes ne font pas l’objet d’une nouvelle catégorie “très grandes fermes”, le gouvernement acte que l’agrandissement continu des fermes est un mouvement naturel contre lequel nous n’aurions pas les moyens de lutter. Les “micro fermes”, autrefois petites fermes, sont largement dévalorisées par une appellation et un classement qui ne prend pas en compte la richesse de leur diversification. Les grandes fermes, elles, peuvent continuer à s’agrandir sous les radars des statistiques.
L’agrandissement des fermes est pourtant l’un des principaux maux de notre agriculture. Il empêche de nouvelles installations et dessine le modèle de grandes fermes capitalisées “sans agriculteurs », peu soucieuses de la protection de nos écosystèmes. Avec moins de 400 000 agriculteurs aujourd’hui, acte-t-on ici l’idée que l’agriculture française ne reposera bientôt plus que sur 200 000 agriculteurs, exploitants de grandes fermes ? C’est une vraie question et une vision politique qui devrait être partagée aux citoyens alors que 90% des français réclament aujourd’hui une agriculture locale, bio et respectueuse de l’environnement” dénonce Coline Sovran, chargée de plaidoyer de Terre de Liens. 
 
Source: Terre de Liens

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