Les deux décennies « dynamiques » du CEMES 17

24 juin 2009

1989, 1999 et 2009, trois années importantes pour le Cemes 17 ; la première correspond à la création du cercle d’échange, la deuxième à la mise en place des groupements d’employeurs et la troisième au démarrage d’un nouveau pôle d’activité consacré à la gestion de l’environnement et des territoires. Le développement spectaculaire des activités du Cemes 17 au cours des deux dernières décennies repose avant tout sur la juste appréciation des attentes des adhérents et la mise en œuvre de services concrets permettant d’optimiser les chantiers de mécanisation et les travaux manuels. La création toute récente de la sarl Cemes environnement va permettre d’ouvrir de nouvelles perspectives de développement en nouant des contacts avec les acteurs de la société civile régionale.

 

cemes_1_opt.jpegLe CEMES 17 a fêté ses 20 ans d’existence en organisant un congrès très convivial à Saujon au mois de mars dernier. La présence de personnalités et de nombreux adhérents des céréaliers, des éleveurs, des maraîchers et des viticulteurs atteste du rôle important que joue cette structure associative dans l’univers des productions agricoles du département de Charente-Maritime. Les débats au cours de cette manifestation ont été l’occasion de présenter et de formaliser un certain nombre de projets concernant les aspects liés à la gestion de l’environnement et du territoire. Au fil des années, le cercle d’échange a développé une activité prospère fondée sur la recherche de solutions opérationnelles pour optimiser l’organisation des chantiers de travaux et répondre à des attentes plus spécifiques de ses adhérents.

 

Un concept d’entraide formalisé et innovant

L’initiative, qui à l’origine semblait vouée à un rayonnement très local et limité, a pris une extension constante et s’est transformée en une très belle « entreprise ». En deux décennies, le CEMES 17 a su répondre aux attentes d’organisation des travaux de beaucoup d’exploitations de Charente-Maritime grâce à des approches formalisées, innovantes et simples. Actuellement, 320 agriculteurs répartis dans l’ensemble du département adhèrent au CEMES. Le concept d’entraide fait partie de la culture historique des agriculteurs qui, il y a encore 25 ans, avaient l’habitude de réaliser certains travaux ensemble. Or, l’évolution des structures de productions, avec la forte diminution du nombre d’agriculteurs, l’augmentation des surfaces, la spécialisation des productions, ont progressivement fragilisé cette culture de travaux réalisés en commun entre « voisins ». Quand il ne reste que 4 à 10 agriculteurs dans une commune et qu’en plus leurs productions sont souvent différentes, la mise en œuvre d’une stratégie d’échange de travaux devient plus complexe à aborder.

Ce constat a été à l’origine du concept des cercles d’échanges qui, grâce à leurs structures, ont permis d’adapter le concept d’échanges de travaux aux réalités économiques des exploitations agricoles. L’organisation structurée du cercle d’échange à l’échelle de zones géographiques importantes et sur le plan du contexte réglementaire de l’emploi ouvre de nouvelles possibilités en matière de gestion de la main-d’œuvre et de conduite des travaux.

Utiliser un savoir-faire et mettre à disposition un ensemble de services

Les attentes des premiers adhérents du CEMES 17 exprimaient cette culture historique d’échanges de travaux avec une volonté de l’adapter au fonctionnement moderne des exploitations agricoles. Les recherches permanentes de gain de productivité et de compétences sont des préoccupations indissociables car les métiers de l’agriculture sont devenus techniques. Aussi l’idée ancienne et toute simple de miser sur l’entraide entre agriculteurs (pour des raisons de compétences) plutôt que d’opter sur la recherche de solutions externes plus difficiles à construire et à pérenniser s’est progressivement formalisée.

La réalisation de la plupart des chantiers de travaux (mécaniques ou manuels) nécessite un savoir-faire spécifique et le qualitatif des gestes, ou des interventions mécaniques est toujours essentiel à la réussite de la conduite des diverses cultures. S’appuyer sur l’expérience d’un collègue agriculteur, d’un salarié déjà formé, apporte toujours un plus sur le plan de l’efficacité. Joël Goulevant, le fondateur et l’actuel président du CEMES 17, et l’ensemble du conseil d’administration s’attachent à cultiver une philosophie novatrice de l’échange de travaux associant le dynamisme permanent à un sens avisé des réalités. Leur souhait a été et est de cultiver en permanence un lien constructif entre adhérents et animateurs pour favoriser l’émergence des véritables besoins des agriculteurs.

Le discours de J. Goulevant sur ce sujet montre à quel point cet aspect des choses est important dans le fonctionnement du CEMES : « L’activité du cercle d’échange a connu une expansion importante et maîtrisée qui repose sur un véritable “pool” de services et compétences. Cette évolution a toujours été et est encore initiée par une volonté permanente d’écoute des attentes des adhérents. C’est en allant rencontrer les agriculteurs dans leur ferme que les animateurs prennent la juste mesure des attentes d’un éleveur, d’un maraîcher, d’un céréalier et d’un viticulteur. »

1 320 chantiers ont été gérés en 2008

Au cours de l’année 2008, le CEMES 17 a travaillé avec un nombre stable d’adhérents (320 exploitations) et 1 320 chantiers ont été effectués. Les demandes de mécanisation ont représenté 635 chantiers (48 % du total), celles du CEMES Emploi 580 chantiers et l’emploi de main-d’œuvre salariée embauchée 105 chantiers. La nature des travaux effectués est très variée, 7 % pour les récoltes, les fauchages, la presse et l’ensilage, 3 % pour les transports de fumier, 8 % pour les semis et traitements, 13 % pour les travaux viticoles, 8 % pour la main-d’œuvre, 8 % pour les travaux divers et 44 % pour les Cemes Emploi 1 et 2. Le volume d’échange de travaux en 2008 a représenté un chiffre d’affaires de 736 140 €, en progression de 17,38 %.

La petite équipe de permanents du CEMES à Saujon gère au quotidien l’organisation des échanges de travaux et assure tous les aspects de facturation et de suivi des règlements. Le président J. Goulevant souhaite en 2009 resserrer les liens avec les adhérents en allant à leur rencontre sur leurs exploitations pour appréhender plus finement les spécificités de leurs métiers : « Rencontrer les agriculteurs chez eux dans leur environnement de travail est indispensable pour construire des démarches de chantiers mécaniques ou manuelles opérationnelles et cerner les nouveaux sujets d’intérêt. Ce travail de terrain a été un peu délaissé au cours des deux dernières années, mais le recrutement récent de Julien Primault au sein de l’équipe d’animation va permettre de relancer ces contacts à la propriété. »

L’activité des groupements d’employeurs en hausse de 18,63 %

Les groupements d’employeurs CEMES Emploi 1 et 2 ont connu aussi un net développement de leur activité avec un volume d’heures travaillées correspondant à 499 273 €, en hausse de 18,63 % (172 CDD et 13 CDI) correspondant à 22,8 équivalents temps pleins. 160 adhérents ont fait appel aux deux groupements d’employeurs pour faire face à des travaux saisonniers, à des utilisations plus pérennisées de salariés ou à des situations plus exceptionnelles (accidents et maladies). 36 536 heures de travail ont été effectuées en 2008 avec une proportion égale entre les CDI et les CDD. La durée moyenne des contrats en CDD est passée à 105 heures au lieu de 96 heures l’année précédente. Pour faire face à ces besoins de main-d’œuvre important, les équipes de CEMES Emploi travaillent en étroite collaboration avec les maisons de l’emploi de Jonzac, Royan et Saintes, et ont participé à plusieurs forums sur l’emploi. Une action a été aussi menée auprès du CFPPA de Saint-Germain-de-Lusignan dans le cadre de stages de taille de la vigne.

Tous ces échanges ont été fructueux pour faire connaître l’activité des groupements d’employeurs auprès des institutions, des professionnels et des demandeurs d’emploi. Cela a aussi permis à l’équipe du Cemes 17 de mieux appréhender les démarches de travail avec ces organismes. Dans le domaine de la prévention des risques professionnels, une initiative de formation a été engagée par huit adhérents. Une formation impliquant ce petit groupe d’agriculteurs a été conduite en collaboration avec la chambre d’agriculture de Charente-Maritime et l’ARACT Poitou-Charentes, et cela a débouché sur une réflexion globale pour gérer et surtout prévenir les risques pour le personnel travaillant sur les exploitations. Cette initiative sera proposée cette année à d’autres groupes d’adhérents.

Des projets associant les citadins et les agriculteurs

L’année 2008 a été pour le conseil d’administration du Cemes très dense sur le plan des réflexions et des démarches pour construire de nouveaux axes de développement concernant la gestion de l’environnement et du territoire. Les remontées d’idées émanant du terrain ont permis de mettre en place des projets de collaboration jetant des passerelles entre les citadins et les agriculteurs.

Depuis quelques années, un certain nombre d’adhérents soucieux de maintenir le potentiel agronomique de leurs sols envisageaient d’utiliser plus largement des amendements organiques, mais le coût des produits commerciaux vendus par la distribution les rend pratiquement inaccessibles. L’idée de revenir à des pratiques de compostage en utilisant les déchets végétaux urbains a commencé à germer dans l’esprit de certains céréaliers et viticulteurs. Le coût minime de cette matière première située à proximité des zones rurales ne pourrait-il pas être utilisé à bon escient pour enrichir les terres agricoles ?

Un autre sujet de réflexion concerne l’exploitation des bois qui sont présents dans beaucoup de propriétés. Un certain nombre d’agriculteurs situés entre 30 à 60 km d’une zone urbaine disposent de bois qui sont aujourd’hui sous-exploités. Pourquoi ne pas imaginer la création d’une filière d’approvisionnement de proximité pour des familles qui en ville se chauffent au bois ? La fabrication de granulés de bois à partir de résidus de haies est sûrement aussi une piste à explorer. Enfin, l’importance des bâtiments agricoles prédispose naturellement à la production d’énergie solaire. Les structures du Cemes ne pourraient-elles pas jouer le rôle de négociateur collectif auprès des acteurs énergétiques et des installateurs de panneaux photovoltaïques ?

La SARL Cemes Environnement totalement opérationnelle depuis quelques mois

Toutes ces réflexions ont été à l’origine de la création de la sarl Cemes Environnement (détenue à 100 % par le Cemes 17) qui a pour finalité de développer trois axes de travail : le compostage, la filière bois et énergie, et une plateforme alimentaire.

Trois administrateurs du Cemes, Thierry Bouchet, Xavier Pillet et Vincent Vérat, ont été nommés au poste de gérants de la sarl. Des discussions sont engagées sur les aspects de compostage avec plusieurs collectivités locales pour créer une unité logistique de traitements des déchets verts. Les démarches dans ce domaine sont menées en utilisant le savoir-faire de l’Association des agriculteurs composteurs de France qui a été à l’initiative de la construction de plateformes de compostage dans d’autres régions.

Le Cemes Environnement est aussi en train de mettre en place une organisation logistique pour répondre aux attentes des élus de la CARA (la communauté d’agglomérations du Pays royannais) qui souhaitent gérer l’approvisionnement en produits frais (légumes et fruits) des cantines scolaires en s’appuyant sur des producteurs locaux. Plusieurs adhérents spécialisés dans le maraîchage ont adhéré à ce projet et cela va déboucher par un test durant les mois de mai et juin avec quelques communes. La réflexion sur la mise en place de panneaux solaires est également bien engagée et le Cemes est en mesure de proposer dans ce domaine des approches de prestations permettant aux agriculteurs de conserver la pleine utilisation de leurs bâtiments.

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