L’absence de périodes de froid en janvier et février a donc favorisé un réchauffement plus rapide des sols et le réveil précoce de la végétation. Heureusement, la chute brutale du thermomètre durant la deuxième décade de mars a freiné l’état d’avancement des bourgeons, mais pour combien de temps ! Maintenant, quelques jours de beau temps seront suffisants pour faire démarrer définitivement le cycle végétatif et le mois d’avril va être long et « stressant » pour les viticulteurs.
L’évolution climatique est une réalité que l’on ne peut plus nier. Les dates de floraison, de véraison et de vendanges qui sont systématiquement plus précoces depuis un certain nombre d’années, confirment que la vigne réagit et tire profit de la douceur du climat. Dans les années 70, les vendanges commençaient à la mi-octobre et aujourd’hui les grappes d’Ugni blanc arrivent à pleine maturité à la fin du mois de septembre. Si ce cycle de réchauffement climatique se poursuit et s’amplifie, on peut imaginer que dans trente ans, notre cépage réputé tardif sera récolté à la fin août. Souhaitons que ces propos ne se concrétisent pas car la structure qualitative des eaux-de-vie pourrait alors être complètement modifiée par le changement clima-
tique.
Décrets Cognac – Modification plutôt qu’abrogation
Le « toilettage » des décrets d’appellation Cognac de 1936 et 1938, rendu nécessaire et par l’introduction du projet d’affectation et par la simple exigence de mise à jour, allait-il s’opérer en abrogeant les textes pour en publier de nouveaux ou bien en modifiant ceux existants ? Après que l’abrogation ait été un temps envisagée, finalement c’est la voie de la modification qui a été retenue. « La voie de la sagese » considère-t-on à Cognac. « A l’époque de l’écriture des décrets d’appellation Cognac, le régime supra-national européen n’existait pas. Abroger les textes aurait pu nous conduire dans une impasse. Qui plus est, quid du corpus jusrisprudentiel forgé sous l’empire des anciens textes ? »
Réuni le vendredi 16 mars, le Comité national vins et eaux-de-vie de l’INAO a acté le principe de la modification des décrets Cognac et Pineau. Nouveauté ! Ces modifications vont s’exercer dans le cadre de la nouvelle procédure issue de la réforme de l’INAO, procédure dite « d’opposition ». Principale caractéristique de la nouvelle démarche : conférer à la modification un caractère contradictoire. Avant leurs sorties définitives, les textes vont connaître le parcours suivant : suite à un avis paru au J.O, les projets seront consultables sur le site internet de l’INAO pendant deux mois. Tout un chacun pourra y consigner ses observations. La commission d’enquête INAO, présidée par Pierre Aguilas, sera en mesure de répondre à ces observations. Après les réponses formulées par la commission d’enquête, s’ouvrira une nouvelle période d’observation de 15 jours, de nouveau accessible à tous. Ce n’est qu’à la fin de cette période que le projet sera présenté au comité régional de l’INAO puis au Comité national.