Consommation énergétique du matériel viticole

15 février 2010

La Rédaction

Hausse du cours des énergies fossiles, émission de gaz à effet de serre, la conjoncture actuelle impose de raisonner au mieux la consommation énergétique du matériel viticole. Pour cela, deux leviers sont envisageables : le choix du matériel et les réglages. ll n’existe pas à ce jour d’information fiable sur la consommation liée aux différents matériels viticoles. L’IFV Sud-Ouest a démarré en 2009 une étude, en partenariat avec Landini pour la mise à disposition du tracteur, qui a permis d’obtenir les premières références en utilisant un tracteur viticole équipé d’un débitmètre à gasoil. Voici les premiers résultats obtenus en attendant un banc d’essai complet par matériel prévu en 2010.

 

 

Développer une méthodologie fiable et reproductible

Afin de développer une méthodologie fiable, reproductible, permettant une comparaison stricte des différents matériels viticoles attelés, il a d’abord fallu quantifier l’impact de différents facteurs « communs » sur la consommation énergétique du tracteur:
* La température extérieure : elle influe sur les pertes d’énergie par déperdition de chaleur. La différence de consommation entre des températures de 30 °C (après-midi) et 19 °C (matin) étant de + 10 % maximum, il a ainsi été choisi de réaliser les essais dans la même plage de température.
* La pente : dans une parcelle en pente (15 % de pente), le surplus de consommation en montée n’est pas compensé par la baisse de consommation en descente. Sur un aller-retour, l’écart de consommation avec une parcelle plane atteint 12 %. L’impact étant par conséquent non négligeable, pour les matériels réalisant un travail « marqué » ou destructif type travail du sol, les mesures ont été réalisées sur une parcelle plane. Pour les autres matériels (pulvérisateurs…), les essais ont été effectués sur les mêmes rangs.
* La climatisation : la surconsommation liée à la climatisation a varié de 10 à 15 %, cet écart étant supérieur à régime élevé. Ce paramètre a par conséquent été pris en compte et est resté constant au cours des essais.
* L’utilisation des quatre roues motrices : aucune surconsommation liée à l’utilisation des 4 roues motrices n’a pu être mise en évidence.

L’enregistrement en temps réel de la consommation instantanée a montré que la mesure était sujette à des variations, et qu’il fallait attendre environ 180 secondes afin d’obtenir une valeur « moyenne » stabilisée. Les tests ont par conséquent été effectués sur une durée minimale de 200 secondes.

Quelques conseils de réglage

Une fois la méthodologie définie, des mesures ont été réalisées sur différentes catégories de matériel à différents réglages. Voici quelques conseils de réglage par matériel obtenus suite à ces tests :
* Broyeur à sarment : les mesures réalisées au cours du broyage de sarments ont mis en évidence que l’utilisation de la prise de force économique associée à une vitesse de travail rapide (4,5 km/h) permettait d’économiser jusqu’à 46 % de carburant par hectare. Si la densité de sarment le permet, il est par conséquent très avantageux de travailler vite en utilisant la prise de force économique.
* Tondeuse : les mêmes tendances que pour le broyeur à sarment ont pu être observées. Une fauche plus tardive (donc une herbe plus haute) induit une surconsommation du matériel sur le moment (+ 41 %). Si cela permet d’économiser un passage, le bilan reste positif, mais on doit garder à l’esprit l’aspect agronomique du moment de la tonte.
* Intercep rotatif : la consommation de carburant liée au désherbage mécanique sous le rang est importante (de 6 à 13 l/ha), ceci étant dû essentiellement à la faible vitesse d’avancement. Les quantités de fuel consommé par hectare peuvent être réduites en modulant le régime moteur si les conditions le permettent, et en utilisant la prise de force économique si l’outil dispose d’une centrale hydraulique. Si l’outil fonctionne grâce à l’hydraulique du tracteur, c’est la capacité de celle-ci qui dictera les conditions d’utilisation optimales.
* Disques de travail du sol : indépendamment des réglages et des conditions d’utilisation (prise de force, vitesse d’avancement), le travail du sol avec un pulvérisateur à disques consomme toujours la même quantité de fuel (5 l/ha). Le choix d’une vitesse de travail est plus déterminé par des considérations sur le travail à fournir (effet de projection de la terre…) que par la recherche d’un effet d’économie de carburant par le débit de chantier.
* Cadre à étançons rigides : la profondeur de travail (en surface pour couper le chevelu racinaire ou en profondeur) a une incidence considérable sur la consommation énergétique (+ 50 %). Selon l’objectif du travail (ameublissement ou désherbage mécanique), un travail en profondeur peut s’imposer. L’état d’humidité du sol possède également un léger impact sur la consommation, même si l’impact le plus important reste sur la qualité du travail réalisé.
* Pulvérisateur pneumatique : grâce à une vitesse élevée et à un passage tous les deux rangs, le pulvérisateur pneumatique possède une consommation par hectare relativement faible (de 3,5 à 5,5 l/ha). Le surcoût de consommation entre turbine accélérée et ralentie est de l’ordre de 10 %. La pulvérisation à turbine ralentie pourrait être utilisée dans le cas d’une densité de végétation faible ou en début de campagne. L’abaissement de la vitesse de la turbine peut provoquer une moins bonne pénétration de la bouillie dans le feuillage.

L’intercep est le matériel le plus gourmand par hectare…

Ramené à l’hectare parcouru, l’intercep rotatif est le premier consommateur de carburant à l’hectare et par passage, loin devant les autres matériels à cause de sa faible vitesse d’avancement.

Et le pulvérisateur sur l’ensemble de la campagne…

Si on ramène les chiffres précédents sur une campagne viticole, c’est finalement le pulvérisateur qui s’avère être le matériel le plus énergivore. Ces calculs sont basés sur l’hypothèse de 4 passages/an pour l’intercep, 9 pour le pulvérisateur, 3 pour le travail du sol, 5 pour la tondeuse, 3 pour les disques et 1 pour le broyeur.

En conclusion

Cette première année d’étude sur la performance énergétique nous a permis de mettre au point la méthodologie, de réaliser un premier classement des matériels utilisés couramment, et d’identifier quelques réglages permettant de réaliser des économies. Les années à venir seront consacrées à l’étude des consommations en fonction de la technologie employée pour un même type d’outil, afin que le viticulteur dipose de cette donnée de consommation énergétique en complément des critères de choix habituels.

Le compte rendu complet de ces essais est téléchargeable sur notre site Internet www.vignevinsudouest.com dans la rubrique Publications et Ressources / Compte Rendu dans la catégorie « Matériel Viticole ». Etude réalisée grâce au soutien financier de la région Midi-Pyrénées.

Christophe Gaviglio (IFV Sud-Ouest)
Extrait de la Grappe d’Antan (IFV Sud-Ouest)

 

 

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