Apprentissage d’une langue

21 février 2009

A moins d’avoir nagé très tôt dans un bain linguistique, communiquer dans une langue étrangère n’est jamais chose facile. Et pourtant, c’est souvent le sésame qui ouvre les portes des marchés. Coup de sonar sur les différentes formules d’apprentissage des langues étrangères et de l’anglais notamment.

Aborder les activités d’accueil ou de vente, c’est souvent se poser la question préalable de la langue : « comment vais-je me faire comprendre de mes clients ? » Le Cognac ou les vins de Bordeaux s’exportent dans le monde entier et les deux régions reçoivent des centaines de milliers de visiteurs étrangers tous les ans. Indétrônable, l’anglais s’affirme comme la langue « outil » par excellence, celle qui permet de co-mmu-ni-quer avec le plus grand nombre. Communiquer… car c’est bien de cela dont il s’agit. Le but n’est pas d’acquérir un savoir académique mais de pouvoir faire face aux situations du quotidien : comprendre ce que dit votre interlocuteur, être capable de lui répondre par des phrases simples, rédiger un e.mail, passer un coup de fil, prendre une commande… toutes choses pratiques et essentielles.

En matière linguistique, les formations continues pour adultes (hors du cadre scolaire) ne manquent pas, en France comme à l’étranger. En France, il y a le réseau des 169 CEL (Centres d’études des langues) dépendant des Chambres de commerce. Des écoles de langues ont également pignons sur rue, comme le Carel à Royan, bien connue dans la région ou ses équivalents à Vichy (Cavilam) ou à Besançon (Clab), sans oublier plusieurs écoles parisiennes (1). En Angleterre – pour ne parler que de l’apprentissage de l’anglais – les grandes écoles de langues se trouvent à Londres, Oxford ou Cambridge. Elles font figure de référence. Mais des lieux de formation existent ailleurs (Portsmouth… [2]). Dans toutes ces structures, l’accent est mis sur l’oral. « C’est là où notre public adulte a le plus de lacunes et c’est aussi de cette manière, croyons-nous, qu’une langue s’acquiert le plus vite » notent les formateurs.

Des stages intensifs

Jeu de rôles, conversations, laboratoire de langue, multimédia… les parcours de formation s’attachent à varier les plaisirs, pour éviter le phénomène de saturation. « Immersion totale » et stages intensifs ont la faveur du public, non sans raison d’ailleurs. Il est assez logique de penser qu’une formation intensive apportera des résultats plus rapides qu’un cours extensif. Mais chacun doit composer avec ses contraintes et les stages semi-intensifs, voire les parcours annuels ont leurs adeptes. D’ailleurs, l’apprentissage d’une langue se nourrit d’aucun tabou. Quelle que soit la formule, « si ça marche pour vous, c’est bien ». On s’aperçoit que certaines personnes ne progressent pas en suivant des cours classiques. Pour elles, la solution passera peut-être par d’autres voies : kits de formation, cédéroms, journaux, illustrés pour enfants, livres pour ados, manuels scolaires, dictionnaires, clubs de conversation, chaînes câblées… La prime va à l’imagination et à la recherche de toutes les occasions de communiquer. En la matière, le seul conseil à donner consiste à ne pas placer la barre trop haut, pour ne pas se démotiver. Dans un journal par exemple, on privilégiera la lecture des articles courts, voire des annonces classées et des publicités plutôt que celle des articles longs, plus rébarbatifs.

Pour autant, est-ce facile d’apprendre une langue étrangère ? La réponse est non, définitivement non. Parole d’anglais vivant en Charente depuis des années : « Il ne faut pas s’imaginer parler couramment une langue en un an, voire même deux ans. La réalité est toujours beaucoup plus difficile que l’on s’imagine. Si au bout d’une année, vous arrivez à formuler quelques phrases, c’est déjà un succès. Nous avons toujours tendance à attendre trop, trop vite. Pour les enfants, c’est bien plus simple. Ils retiennent les mots à l’oreille et ont le pouvoir de les reproduire. L’adulte n’a pas cette mémoire des sons ni cette faculté d’imitation. Il a souvent besoin du rapport à l’écrit. » Un formateur le confirme : « entre 2 ans et 12 ans, toutes les fenêtres sont ouvertes. Après, les priorités changent et l’aptitude à l’apprentissage des langues aussi. »

Certains plus doués que d’autres

Il faut se rendre à l’évidence : tout le monde n’est pas égal devant une langue étrangère. Des gens sont plus doués que d’autres, notamment au niveau de la prononciation. Inhibition et crainte du ridicule jouent comme des freins. Plus que l’enfant, l’adulte aura peur de produire des sons bizarres, du genre « the » en anglais, qui obligent, comble de l’embarras, à montrer le bout de sa langue. Ainsi, un constat s’impose : dans une société habituée à acheter des biens de consommation, l’usage de la langue ne s’achète pas. On aura beau se doter du meilleur logiciel possible, fréquenter la meilleure école, quelque part, l’apprentissage d’une langue demandera du courage, de la discipline et de la persévérance. Pour lutter contre le découragement qui guette tout candidat, le meilleur moyen est encore d’avoir une forte motivation chevillée au corps. Un peu à la manière d’un sportif. Cette motivation, on peut la puiser dans un projet, dans un but : par exemple, « dans six mois, je serais capable d’accueillir mes hôtes » ou encore « je vais tenir un stand à Vinexpo, il faut que je puisse me débrouiller ». Pour la formation continue, motivation et disponibilité sont à l’évidence des critères de succès.

Peut-on apprendre une langue seul ? Dans l’absolu, il n’y a pas d’impossibilité majeure même si l’on bute vite, là encore, sur le problème de la motivation. C’est pourquoi, y compris sur support informatique, beaucoup de « packs de formation » intègrent un tutorat en ligne, pour maintenir la stimulation liée à la présence humaine.

Des groupes de niveaux homogènes

La constitution de groupes de niveaux homogènes constitue un peu le b.a.-ba, le préalable à tout apprentissage des langues. Débutant, faux débutant, niveaux intermédiaires, niveaux avancés… A quelques variantes près, cette grille d’évaluation a cours auprès de nombreux organismes de formation. Afin de constituer ces groupes de niveaux, les structures soumettent généralement leurs stagiaires à un test oral et/ou écrit, avant le démarrage de la formation. Ces tests ne doivent pas être perçus comme une contrainte supplémentaire mais au contraire comme un « bon signe », renseignant sur le sérieux de la formation. Ainsi, même si les horaires vous conviennent mieux, réfléchissez-y à deux fois avant de demander à intégrer un groupe de niveau qui n’est pas le vôtre.

Parlant de la constitution du groupe, la tendance est parfois de se dire : « j’apprendrais plus facilement avec des gens qui me ressemblent ou qui ont les mêmes besoins que moi. » C’est ainsi que les centres de langue voient arriver des professionnels qui leur disent : « j’ai besoin d’anglais viticole, d’anglais pour l’informatique… » Les formateurs restent généralement réservés face à ces demandes. Il serait sans doute « vendeur » de répondre à de telles sollicitations mais quid de l’intérêt des stagiaires ? « Il existe bien un petit panier de vocabulaire spécifique mais quand les gens disent manquer de vocabulaire, en fait, ils manquent de tout, note le directeur d’un CEL. L’important est de relier les mots entre eux et surtout de renouer avec l’habitude de parler. »

Il y a six mois encore, le CEL de Bordeaux proposait des stages spécifiques à un public viticole. Depuis, il a un peu changé son fusil d’épaule, compte tenu de sa difficulté à trouver suffisamment de participants pour former des groupes de niveaux homogènes. Aujourd’hui, la formation est personnalisée par la remise d’un livret (terminologie liée à l’œnologie, à la dégustation…) mais le public vitivinicole intègre des stages dit « inter-entreprises ».

Plus que tout autre apprentissage, la langue pose le problème de l’acquis durable. L’absence de pratique entraîne inévitablement une déperdition. Cependant, on s’aperçoit qu’à partir d’un certain niveau – niveau intermédiaire fort peut-être – les acquis demeurent. La progression, elle, semble assez linéaire et régulière durant les premières étapes de l’apprentissage. Après, il peut arriver qu’apparaisse un plateau où les progrès se manifesteront beaucoup plus lentement. C’est là que l’inégalité devant la langue risque de se faire sentir. Il ne faut en ressentir ni frustration ni rejet mais persévérer. Les formateurs vous le diront ! Il n’y a pas d’âge pour apprendre ni de « bagage » minimum à avoir. Si une personne âgée ne peut pas courir un marathon, son cerveau, lui, ne connaît pas de telles limites. De même, en partant d’un niveau zéro, on peut fort bien arriver à se débrouiller dans une langue.

Existe-t-il une formule qui permettrait, à coup sûr, d’apprendre une langue ? Non, il n’y a pas d’assurance en la matière, sauf peut-être à passer deux ans non-stop dans le pays et encore. La communication dans une langue étrangère est une affaire d’entraînement et même l’entraînement de toute une vie, comme pour un instrument de musique.

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