Les innovations retenues au palmarès de l’innovation, dans cinq grands secteurs de ce salon international, méritent plus particulièrement notre attention et cinq grandes tendances se dégagent de cette édition 2005. Le travail de la vigne et les équipements viticoles mettant en œuvre les « savoirs » ont fait la renommée du SITEVI et ce, dès les premières machines à vendanger à l’origine du développement de ce salon. Aujourd’hui encore, matériels viticoles et services occupent une place privilégiée à côté des matériels et produits œnologiques et des équipements d’embouteillage/conditionnement en plein essor.
En viticulture, de nouveaux concepts physiques ou énergétiques sont appliqués et des innovations technologiques confortent les techniques éprouvées
De nombreuses exigences s’imposent à ce secteur de production avec la maîtrise des coûts, l’optimisation de la qualité, le confort et la diminution de la pénibilité du travail et la meilleure prise en compte de l’environnement. Les principales innovations sont issues de ces domaines. Les nouveautés déclarées par les exposants sont, dans tous les travaux de la vigne, caractéristiques des derniers progrès en matière de mécanisation. Par ordre d’importance, si l’on se situe dans la dynamique de l’évolution des équipements :
l La première tendance est l’utilisation rationnelle de l’énergie électrique et se confirmera dans les années à venir, pour les outils portés ou autonomes jusqu’alors hydrauliques. C’est l’exemple de l’écimeuse (Pellenc) qui dispose de nouvelles caractéristiques que seule cette énergie alimentant des moteurs asynchrones est capable d’apporter. La rotation des couteaux à 4 000 t/mn assure des coupes franches pour un prix inférieur de 30 à 40 %.
l La seconde tendance concerne les techniques d’application des produits phytosanitaires avec le développement de techniques éprouvées et des nouveaux concepts d’application.
Les techniques éprouvées de traitement face par face de la vigne encouragent les constructeurs à proposer des matériels dédiés et spécialisés comme l’automoteur enjambeur articulé multifonction « Portil » (Grégoire) doté d’un centre de gravité très bas avec moteur arrière, 4 roues motrices et cabine à l’avant. Il dispose, en pulvérisation, d’une rampe spéciale « X’tensis » afin de ne pas dépasser les 2,5 m de gabarit routier.
La rampe « AB Most » à correction de dévers (Berthoud Agricole) est destinée aux machines à vendanger. Télescopique, elle combine une correction de dévers avec une géométrie variable à ultrason pour un suivi optimal de la végétation. Un trapèze déformable corrige le dévers en recentrant les pendentifs de rampe, d’autres régulent la distance de rampe par rapport au sol.
Les concepts physiques d’application des produits phytosanitaires trouvent de nouvelles voies.
La buse anti-dérive à prise d’air (Saint-Gobain Albuz Desmar) assure le mélange air/liquide par aspiration naturelle de l’air ambiant par effet venturi. De grosses gouttes sont ainsi formées. Mieux résistantes à la dérive et chargées de bulles d’air, elles éclatent au contact de la plante, sans ruissellement. Cette buse antidérive s’inscrit dans le cadre de la protection de l’environnement et de l’opérateur, dans un contexte écologique européen toujours plus exigeant pour les espaces partagés et une meilleure application en espace cultivé.
Le dispositif de pulvérisation herbicide sans eau (BCM) « pulvépur » permet une pulvérisation contrôlée de gouttelettes denses et homogènes projetées sur les adventices. Le produit pur, plus lourd que dilué, atteint plus facilement sa cible. Une pompe doseuse près de la turbine électrique, 12V à rotation verticale, aspire le désherbant directement dans le bidon d’origine. Les manipulations de produit sont réduites, l’eau économisée, l’appareil avec ses capots de désherbage est plus léger et l’environnement respecté. Le désherbage intercep en est facilité.
l Une troisième tendance s’affirme en viticulture pour la conduite des vignobles par la recherche optimisée de la qualité et le respect des plantations.
La conduite des vignes en Lyre favorise un bon placement des brins et favorise le mûrissement. Ce mode de conduite, plus difficile à mécaniser, n’en reste pas moins intéressant et la nouvelle agrafe de palissage « Agraflyre » (Ecb), pour le positionnement des fils, élimine la majeure partie des travaux de palissage consistant à rentrer les pousses tombant dans les interlignes. La mécanisation de la pose est réalisée par un outil à rouleaux accrocheurs, sous le châssis de la rogneuse, qui assurent la fermeture automatique de l’agrafe à raison de 50 heures par hectare et pour toute la durée de la vigne.
Les opérations de récolte mécanisée peuvent être préjudiciables au respect des ceps si tant est que la conduite et le positionnement de l’outil de récolte soient défectueux ou approximatifs. La tête de récolte active (Pellenc) présente la particularité de suivre, par asservissement de position (système électro-hydraulique), le rang de vigne en se guidant de façon active sur les ceps. La tête active guide automatiquement la « tête de récolte » quelles que soient sa masse et la position de son centre de gravité. Elle ne s’appuie jamais sur le végétal pour se positionner. Le guidage s’effectue parallèlement au rang de vigne indépendamment de la position des roues avant et arrière. L’augmentation de la vitesse d’avancement de 1 à 2 km/h représente un gain de productivité important. La position de la tête de récolte dans le rang de vigne, parfaitement maîtrisée par le chauffeur, lui assure un meilleur confort, la simplification de la tâche, et une meilleure qualité de récolte.
En œnologie et vinification, trois tendances principales marquent ce palmarès
l La tendance forte est relative aux techniques de diminution de la teneur alcoolique des vins.
Directement issus des cahiers des charges marketing pour mieux s’adapter aux marchés mondiaux, plusieurs services et techniques sont aujourd’hui proposés aux viticulteurs.
Une première innovation consiste à mettre en place et coordonner un service œnologique, technique et douanier (Michael Paetzold) permettant aux structures vinicoles d’ajuster la teneur alcoolique de leur vin à la baisse. Cette démarche prend en considération l’approche œnologique avec, au préalable, des essais en laboratoire, un travail au chai pour la réalisation du traitement primaire, c’est-à-dire la séparation du vin (matière noble) de l’alcool (solution hydro-alcoolique) en prestation ou en achat matériel et éventuellement l’accompagnement œnologique pendant le processus puis la gestion de la fraction hydro-alcoolique hors site client.
Par ailleurs les techniques physiques utilisées peuvent déboucher à la demande sur des nouveaux produits à faible teneur en alcool « le lire ». La durée de lirisation de 15 jours avec une attention particulière pour la stabilisation microbiologique implique un traitement hors domaine dans un centre de lirisation.
La seconde innovation consiste à procéder à la réduction de la teneur en sucre des vins. Le procédé « REDUX » (Vaslin-Bucher) est un procédé physique, soustractif, utilisant deux étapes successives de filtration sélective par membranes, du moût avant fermentation, par ultra puis nano filtration. On obtient, dans le rétentat de nano filtration, une concentration des sucres (sirop à 500 g/l). Le perméat constitué d’eau faiblement acidulée est réincorporé au moût pour obtenir l’effet de dilution souhaité.
l La seconde tendance concerne le développement de nouvelles techniques pour l’automatisation des analyses et l’évaluation de la qualité des vendanges arrivant en cave.
L’appareil « DYOSTEM » (Sferis) effectue des mesures sur baies de raisin par photogrammétrie. Il caractérise notamment la concentration, la couleur, l’hétérogénéité de la vendange. Il permet pour la première fois de distinguer la maturation de la maturité. Les applications sont multiples : date de vendange, estimation de rendement, anticipation du flétrissement, décisions de pré-assemblages ou de saignées…
Le traitement automatique d’images de la vendange (Sodimel) est réalisé en temps réel, par des prises de vues numériques de la vendange à l’entrée de la cave coopérative vinicole, en poste avancé ou sur conquet. Le traitement d’image automatique contribue à qualifier cet apport en vue de sa sélection qualitative. Selon les objectifs de sélection définis par la cave coopérative et en tenant compte des variétés de cépages, le traitement par logiciel spécifique d’analyse des images permettra de quantifier la propreté de la vendange (pourcentage de corps étrangers dans l’image), le pourcentage de baies vertes, l’homogénéité de la couleur de la vendange (proportion de baies dans la couleur dominante du cépage comparée aux autres couleurs de baies) et lorsque les cépages le permettent (Grenache, Cinsault par exemple) et selon l’évolution de la coloration des baies, une échelle de maturité polyphénolique.
Répondant aux objectifs plus spécifiques de la mesure automatique de l’état sanitaire des vendanges, l’analyseur (Sodimel) « vinitis » IRTF – moyen infra rouge à transformée de Fourrier – est associé à une cellule de mesure à réflexion ATR – réflexion totale atténuée – et intervient automatiquement, toutes les deux minutes, par récupération des valeurs d’activité Lacasse, sur des échantillons non filtrés. L’étalonnage local permet de tenir compte des effets terroir et des cépages locaux et cet analyseur donne aussi de très bons résultats pour les mesures de couleur sur moûts.
L’appareil « SMC3 » (Maselli Misure) permet d’évaluer en quelques secondes le potentiel polyphénolique et la teinte du moût sans préparation d’échantillon, un complément de teneur en sucre, de pH et d’acidité totale. L’analyse de ces deux nouveaux paramètres est réalisée sur le spectre de réflectance diffuse qui permet de récupérer l’information la plus complète sur les liquides opaques avec particules en suspension (cas du moût). La réflectance diffuse permet une analyse directe sur un échantillon de moût issu de prélèvement sans préparation. Il fonctionne aussi en mode manuel en guidant l’opérateur au fur et à mesure des différentes étapes. Ces mesures permettent d’identifier facilement les parcelles ou zones viticoles à haut potentiel polyphénolique, de classer la qualité des raisins, d’optimiser la gestion du sulfitage et d’apport d’enzymes.
l Une troisième tendance correspond à l’amélioration des techniques vinicoles.
Un système de fermeture étanche des cuves en béton (Oenomeca) permet d’optimiser leur utilisation, en rendant possible l’inertage à l’azote et le refroidissement en toute sécurité. « Inert’bouchon », en acier inoxydable, est étudié pour tenir à une pression de 30 mbars, garantissant un maximum d’étanchéité. Il est adaptable sans aucune modification des cuves béton et entièrement compatible avec la vinification. Il permet une gestion très souple et efficace des stocks, en s’affranchissant des transferts entre cuves, en réduisant les traitements et en évitant l’oxydation du vin. Il assure et maintient toutes les qualités gustatives du vin dans le respect de la qualité.
La nouvelle table de tri vibrante automatique (Amos Distribution) réalise le tri et le calibrage des grains et des déchets ainsi que la séparation des jus des vendanges mécaniques ou, après égrappage, des vendanges manuelles. La vendange est véhiculée grâce à un mouvement vibratoire créé par deux moteurs (vibrants) sur un plateau en polyéthylène haute densité (PEHD). Ce plateau est perforé, calibrant ainsi les jus, pulpes, peaux, pépins et graines qui tombent par gravité sur un autre plateau, en inox. Cette nouvelle table de tri limite le personnel à 1 ou 2 personnes (au lieu de 4 à 10) limitant la surveillance en bout de table, tout en augmentant le débit du tri.
Le système thermo-détente permet de comprimer puis de détendre la vendange pour fragiliser les cellules de la peau du raisin. Son but est d’accroître l’extraction polyphénolique et aromatique pour préparer une fermentation en conditions optimales. Le processus de thermovinification chauffe la vendange pour fragiliser les tissus végétaux ; la thermo-détente intégrée à la chaîne de vinification provoque une déstructuration complémentaire de la baie de raisin par un procédé physique. Une extraction plus poussée est ainsi attendue. Le nouveau principe (Brunet Ertia) est d’appliquer une surpression sur la vendange chaude, suivie d’une détente brutale lors du retour à la pression atmosphérique. Le procédé est réalisé dans des « bouteilles » de pression, placées en aval du chauffage de la chaîne de thermovinification et juste avant la cuve de macération. Il améliore la performance de ce principe.
L’embouteillage et le conditionnement des vins bénéficient des études marketing et exigences des nouveaux marchés
Les industriels offrent des solutions qui prennent en compte les exigences d’amélioration qualitative et les nouveaux modes de consommation.
La capsule « Stelvin® Lux + » (Alcan Packaging) présente un insert plastique fileté et une jupe de surbouchage qui lui confère un aspect digne des capsules sans filetage apparent. Elle bénéficie ainsi d’une surface d’impression plus grande. La décoration de la capsule est facilitée par une sérigraphie sur jupe et relief encrée sur tête, en comparaison des plus beaux décors des capsules embouties en étain.
Ces nouveaux modes de bouchage à vis associés à une amélioration de leur présentation devraient favoriser les exportations notamment outre-atlantique. Il s’agit d’une alternative au bouchon de liège, commercialement intéressante.
Les systèmes de conditionnement des liquides en poches « bag in box » bénéficient des progrès en matière d’automatisation des chaînes de conditionnement des industries agro-alimentaires. L’unité de remplissage (Technibag) « Linéa pack » est destinée au remplissage automatique des bag-in-box.
Son originalité est d’avoir associé, en une seule et même machine automatique et dans un encombrement très réduit, les fonctions formage du carton, remplissage de l’outre et fermeture du carton. Cette évolution est comparable à ce qui a été fait dans l’embouteillage lors de l’apparition des ensembles monobloc rinceuse/tireuse/boucheuse. L’amélioration des performances, sans manipulation des découpes ou pour le formage des cartons, est particulièrement sensible.
Les services et les technologies de l’information font l’objet d’une avancée significative pour le suivi de la traçabilité commerciale
Outre les tendances déjà observées pour la gestion parcellaire sous forme graphique pour les systèmes d’information géographique (parcelles cadastrales, photos aériennes) et données historiques s’y rapportant, ou celle plus récente de la chaîne de vinification (cuviers, chais…), c’est sans doute les assistants de poche (PC pocket, tél. portables) qui rendent l’informatique nomade de plus en plus performante.
Ils permettent de travailler à distance de l’ordinateur, de la parcelle au chai ou depuis chez le client. Le partage de l’information entre l’œnologue, le technicien de la coopérative, le viticulteur permet d’améliorer le conseil, notamment via internet qui assure l’accès aux bases de données regroupées et aux moyens d’aide à la décision. La mise en œuvre de réseaux informatiques ou « bus de terrain » facilite les contacts multiples entre capteurs et actionneurs par la commande des appareils de pilotage des fermentations, d’oxygénation ou de température du chai par exemple.
Le besoin d’accompagnement du viticulteur dans sa démarche qualité reste un point-clé dans un contexte commercial difficile et la traçabilité des opérations techniques et historiques est une exigence essentielle des marchés.
Le logiciel « Isafact » (ISAGRI) permet désormais à chaque producteur de répondre aux nouvelles normes de traçabilité commerciale, à savoir créer et éditer les étiquettes codes-barres EAN 128. Demandé par la grande distribution lors de l’expédition de produits frais, bouteilles de vin, épicerie sèche, liquides, surgelés, le code-barres EAN 128 est en passe de devenir la référence pour suivre la traçabilité des produits. Apposée sur les palettes, colis et emballages, l’étiquette code-barres contient des informations permettant désormais au producteur d’intervenir sur tout ou partie de la production en cas de risque sanitaire.
Dans ce contexte, Isagri a enrichi son logiciel Isafact d’un nouveau module capable de traduire automatiquement les informations obligatoires en code-barres à apposer sur la palette. Le producteur gagne en commodité et gain de temps dans la saisie. En une seule saisie, il réalise son étiquette code-barres et son document commercial. Il gagne en sécurité et peut éditer à tout moment les documents de traçabilité. Il fait des économies et gagne en confort de travail. Un seul outil pour la saisie est nécessaire sans extension web ni logiciel de facturation.
Le système d’informations géographique nomade « pack abeille GéoCOOP » (Geodasea) est destiné au suivi du vignoble, la qualification et la hiérarchisation de la matière première en cave coopérative. C’est un pocket PC équipé d’une antenne GPS qui embarque la base de données géographique et parcellaire du vignoble de la cave. Le technicien de la cave se repère sur le vignoble et enregistre directement l’intégralité des données qui seront utiles pour la gestion des apports, la segmentation « produits », le paiement différencié. Le pack « abeille GéoCOOP » se synchronise automatiquement avec la base de données de la cave.
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