Le Millésime 2005 : Premières Impressions

28 mars 2009

La Rédaction

Si 2002 restera dans les mémoires comme l’année de la coulure, 2003 comme l’année de la canicule, et 2004 comme une année d’abondance, 2005 sera l’année de la sécheresse.

 

UNE ANNÉE DE SÉCHERESSE

Après un hiver froid et très sec, le mois d’avril, doux et humide, est favorable à un débourrement de la vigne dans de bonnes conditions, avec une sortie de grappes nombreuses et de grande taille. Le mois de mai, particulièrement chaud et sec, favorise une floraison rapide et homogène, dans les premiers jours de juin (cépage Merlot, 1/2 FLORAISON : 3 juin). Un peu de coulure conduit à des grappes lâches, ce qui entraîne un éclaircissage naturel bénéfique. L’été, qui voit se succéder des journées plutôt chaudes et des nuits fraîches, est particulièrement sec. Sur l’année, le déficit hydrique est de – 60 % par rapport à la moyenne des 30 dernières années !

Ce climat est très favorable à une bonne évolution de la vigne avec un arrêt de croissance de la plante précoce, et une véraison rapide dans les premiers jours d’août (cépage Merlot, 1/2 VERAISON : 6 août). La vigne souffre relativement peu de la sécheresse car le stress hydrique est présent dès le printemps, et la plante a le temps de s’adapter. Par contre, la sécheresse conduit à des baies plus petites d’environ 20 % par rapport à la normale. Par ailleurs, ce climat chaud et sec pendant tout le cycle de la vigne empêche tout développement de maladie. Ainsi à la fin de l’été, les parcelles sont peu chargées, avec des rendements modérés pour tous les cépages, et un état sanitaire parfait.

UN MILLÉSIME PRECOCE

Les conditions météo de l’année entraînent une maturité un peu plus précoce que la moyenne des millésimes des décennies 90 et 2000. La sécheresse, ainsi que l’alternance pendant tout l’été de journées chaudes et de nuits fraîches, est très favorable à une maturation rapide qui concentre les baies en couleur, en arômes de fruits et en sucre, tout en conservant une bonne acidité.

A la veille de la récolte, la vendange apparaît parfaitement saine, avec des pulpes à la fois riches et équilibrées en sucres et en acides. Les degrés sont souvent très importants et ne nécessitent aucun enrichissement. Les pellicules sont particulièrement épaisses, riches en arômes de fruits et en couleur. Les anthocyanes (pour les rouges) sont facilement extractibles et la maturité des tanins des pépins apparaît satisfaisante. La dégustation des baies est particulièrement agréable.

Les premiers Sauvignon blancs sont vendangés vers le 5 septembre, les premiers Merlot noirs vers le 15, et les premiers Cabernet début octobre. L’été indien qui s’installe à partir de septembre permet une récolte en toute sérénité, sans craindre les pluies, et de vendanger chaque parcelle à sa maturité optimale. Les vendanges se terminent juste avant les pluies qui apparaissent à partir du 13 octobre.

2005 : UN GRAND MILLESIME DE CONCENTRATION ET DE FRUIT

Les premiers vins du millésime se terminent, permettant d’en apprécier les charmes.

Les VINS ROUGES sont issus de rendements modérés à déficitaires. Les raisins de grande concentration et de parfaite maturité ont permis d’élaborer toute une palette de vins de qualité, en fonction des terroirs, des typicités recherchées et des objectifs de marché. Toujours très colorés, avec des robes très soutenues aux reflets violacés, et présentant d’intenses arômes de petits fruits noirs (mûre, myrtille, cerise noire), leurs bouches sont tantôt souples, rondes et friandes, et tantôt riches et denses, avec une structure impressionnante. Les Merlot sont particulièrement fruités et denses, les Cabernet aromatiquement complexes et structurés. Ainsi la réussite est-elle au rendez-vous, tant en rive droite qu’en rive gauche. Ce sont toujours d’excellents vins, pour un plaisir immédiat, ou de grands vins particulièrement riches et de grand potentiel.

Ce tableau idéal a pu néanmoins être contraint par quelques soucis liés à la microbiologie du vin.

Les microorganismes « utiles » à la vinification ont été particulièrement « paresseux » en 2005. Ainsi les levures assurant la fermentation alcoolique ont-elles eu du mal à se développer et l’on a pu observer des fermentations particulièrement lentes, avec parfois des sucres résiduels qui ne veulent pas se résorber. D’autre part, les bactéries lactiques assurant la transformation malolactique tardent parfois à s’implanter, retardant la fin de la vinification et la stabilisation du vin. Enfin, cette microbiologie capricieuse laisse, dans certains cas, la porte ouverte à des microorganismes indésirables qui, eux, se développent, pouvant entraîner des déviations gustatives préjudiciables à la qualité.

Il est donc aujourd’hui primordial d’assurer le potentiel qualitatif acquis dans ce splendide millésime 2005, avec une parfaite surveillance des vins (SO2, microbiologie), jusqu’à leur plénitude et leur mise en bouteilles, afin d’assurer le plaisir final du consommateur.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire aussi

Café Innovation : un nouveau rendez-vous d’Inno’vin

Café Innovation : un nouveau rendez-vous d’Inno’vin

INNO'VIN inaugure une nouvelle version de son Café Innovation, avec des rencontres plus courtes et axées sur des solutions concrètes. Pour cette première édition, l'événement se tiendra chez Eco In Pack à Cognac, mettant en lumière les enjeux et les avancées du...

Crise du cognac: mise en place d’une cellule de veille viticole

Crise du cognac: mise en place d’une cellule de veille viticole

Mise en place le 5 décembre 2024, la cellule de veille viticole a tenu vendredi passé sa première réunion. Cette table ronde réunissant l’ensemble des acteurs de la filière viticole a permis de faire un point sur l’état des marchés et d’échanger sur les premiers...